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L’Armée des ombres

L’Armée des ombres

Dans cette adaptation graphique du roman de la Résistance de Joseph Kessel, on retrouve la plume de l’auteur mais également la dimension kaléidoscopique de son œuvre. Les Allemands tuent, les collabos tuent, et les résistants tuent aussi. Celleux qui ne s’engagent pas directement complètent les maillons d’une chaîne où celleux qui savent doivent être les plus éloignées possible de celleux qui font. On trouvera en annexe des éléments de contexte, relatifs notamment à la rédaction par Kessel et son neveu Druon du Chant des partisans . Et ces mots de Jean Paulhan : “Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de choses, dis-tu. Oui, c’est peu de choses. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles” .

L’Armée des ombres , Morvan, Moinot, Lacou, Philéas, octobre 2024, 120 p., 22,90€.

C’est de l’eau

C’est de l’eau

Cet opuscule, qui se grime d’abord en parabole, est la retranscription d’une allocution que l’auteur de l’Infinie Comédie a donnée en 2005 à l’occasion de la remise des diplômes d’étudiant·es en humanités. Ce développement sinueux et rythmé, qui se lit comme un poème, déroule l’ode à un altruisme d’après lequel le souci de l’autre et d’abord des caissières serait la condition d’une vie qui mérite d’être vécue. Un anti-Hobbes qui redonne du souffle.

“C’est là, selon moi, la liberté qu’apporte la véritable éducation, l’apprentissage de la bonne adaptation : c’est à vous de décider en toute conscience de ce qui a du sens et de ce qui n’en a pas.”

“La liberté qui compte vraiment demande attention, éveil, discipline et la capacité de se soucier vraiment des autres de se sacrifier pour eux, encore et encore, d’un milliard de manières, de petites manières sans éclat, chaque jour.”

C’est de l’eau , David Foster Wallace, Éditions de l’Olivier, novembre 2023, 144 p., 9,30 €.

Femmes pédagogues

Femmes pédagogues

Ce livre est une réparation. À la sortie de Pédagogie et Révolution (2011), on a, à juste titre, reproché à l’auteur de n’y avoir fait figurer que des hommes. Une douzaine d’années plus tard paraît Femmes pédagogues, Des insurgés de 1848 à bell hooks . Poursuivant son œuvre de réhabilitation, l’ouvrage se fait également précis d’histoire de l’éducation, et du syndicalisme. On y suit dans un style remarquablement fluide Louise Michel, les pétroleuses de la Commune, Rosa Luxemburg. On assiste à la diversité des répressions auxquelles toutes se sont heurtées. On y rencontre aussi Élise Freinet.

Femmes pédagogues , Grégory Chambat, Libertalia, octobre 2024, 272 p., 10 €.

Silence sur le quai

Silence sur le quai

Cette très belle bande dessinée s’attache à rendre compte de la lutte pour la sauvegarde de la ligne des Causses, qui relie Neussargues et Béziers à travers le Massif central. Par les vitres du train, c’est un aménagement inéquitable du territoire qui défile. On voit s’esquisser l’érosion du rail français. On rencontre des acteurs de ce combat qui aura duré pas loin de trente ans et mené à la réfection du tronçon qu’on avait voulu sacrifier. On s’imprègne surtout de paysages. On apprend enfin l’enchantement qu’il y a à conduire à travers la nuit un train sous la neige. Comme dans L’Armée des ombres , un appendice donne de salutaires repères géographiques et temporels.

Silence sur le quai , Alain Bujak, Elliot Royer, Futuropolis, octobre 2024, 112 p., 19€.