Sommaire

Sommaire

,

Dossier : Attaques contre la laïcité

La laïcité est un des nombreux détournements d’acquis et d’aspirations populaires par le RN. C’est donc là un des axes de lutte important pour contrer ses positions et pratiques de haine, ainsi que les risques de son accès au pouvoir, favorisé par Macron et les droites.

Il importe donc de s’intéresser aux débats et initiatives sur ce sujet essentiel, sans perdre de vue les revendications syndicales les plus appropriées à la défense de la laïcité : le respect de la loi de séparation de l’église et l’État de 1905, l’abrogation des lois anti-laïques, la fin du dualisme scolaire par la nationalisation sans indemnité ni rachat de l’enseignement privé confessionnel, patronal et commercial. Le dossier que nous proposons dans ce numéro comporte quatre articles qui abordent différents éclairages de la problématique laïque et qui ne préjugent pas des positions ou (de l’absence de position) d’Émancipation sur ces questions : la laïcité façon courant nationaux-républicains, le devenir du Printemps Républicain vu par un de ses anciens promoteurs, la laïcité de l’École, l’unification des forces laïques.

Alain Policar, dans son introduction au numéro 29 d’Arguments de la Libre Pensée titrée “De la coexistence des libertés, à l’unification des conduites”, revient sur le fait qu’il ait été “écarté” du Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République, sur l’insistance de la mouvance nationale-républicaine. D’après lui, cette mouvance et le soutien que le pouvoir lui apporte, s’opposent à l’esprit comme au rôle unificateur de la loi de 1905 et divisent en cherchant à imposer une “religion civile avec ses fanatiques qui pour nombre d’entre eux se disent républicains”.

Aurélien Bellanger dans Les derniers jours du Parti socialiste, chroniqué par Jean-Denis Peypelut, développe la thèse selon laquelle la droite du Parti socialiste tenterait de transformer celui-ci en un parti “laïque”, prolongement du Printemps Républicain, en mesure d’absorber le centre et la macronie.

L’article d’Octarine, tiré du tract intersyndical de son lycée polyvalent public d’une petite ville de Provence, n’est pas une galéjade. Il apporte un exemple concret complémentaire de celui du lycée Stanislas, qui montre que l’insolente guerre scolaire menée par l’enseignement privé est générale dans le pays et qu’elle développe aussi des tactiques à plusieurs bandes assez subtiles, qui doivent nous rendre d’autant plus attentifs.ves, face à ces établissements privés. Il détaille comment le directeur du LEAP (Lycée d’Enseignement Agricole Privé), à partir d’un parcours œnologique “senteurs de Provence” dans la cour du lycée public, construit, telle Perette de la fable, son rêve de spécialités : veaux, vaches, couvée… et les dindons de la farce, les élèves piqué·es à la fois au lycée général public ET AUSSI au lycée agricole public. Octarine montre bien la nécessité de s’informer entre syndicats de l’enseignement public pour déjouer de telles stratégies, et de contrer les tentatives du pouvoir d’unifier par le bas, public et privé sous contrat, en y opposant la seule unification viable et par le haut : la nationalisation laïque.

Comment la perspective d’une nationalisation laïque peut-elle s’articuler avec les travaux des organisations – tellement diverses, il faut bien le dire – qui constituent le “Collectif pour l’école publique” qui se fixe pour objectif “la construction d’un plan de sortie du financement public de l’école privée” ? Après la quasi disparition du CNAL, ce collectif pourrait jouer un rôle significatif s’il voulait bien voir les “trous dans la raquette” de son dispositif : l’intégration des personnels non-enseignants pose la question de la titularisation des personnels laïques ; intégrer près de 200 000 personnels sans réquisitionner les locaux n’est pas crédible ; enfin le combat global doit s’accompagner du combat partout au quotidien contre chaque établissement privé, qui est devenu plus facile depuis le court ministère de Castéra.

Olivier Vinay

Dossier : Attaques contre la laïcité