La coalition au pouvoir en Allemagne depuis la défaite électorale de la CDU était ce qu’on pouvait faire de pire pour des gens qui se prétendent de gauche. D’abord il y avait dans la coalition le FDP, parti “libéral” lié à une branche du patronat hostile à toute mesure “sociale” et historiquement un parti refuge pour les anciens nazis. Le SPD du chancelier Olaf Scholz était à la fois atlantiste, guerrier en politique étrangère et totalement rallié à l’ultralibéralisme de la politique économique européenne. Enfin les “pauvres” Verts en étaient réduits au silence sur les mesures unilatérales prises contre les migrant·es et à promouvoir les centrales à charbon. Cet attelage hétéroclite explose. Die Linke ayant aussi explosé avec l’apparition d’un nouveau parti xénophobe (celui de Sahra Wagenknecht), les prochaines élections offrent un boulevard aux néofascistes de l’AFD. Triste Europe.
Il y a huit ans, il avait amené dans ses “bagages” des néonazis comme Steve Bannon ou des évangélistes chtarbés comme John Hagee ou Robert Jeffress. On aura droit cette fois à des gens encore plus dangereux : l’homme le plus riche du monde, Elon Musk qui va démanteler les agences fédérales, Pete Hegseth, présentateur à Foxnews (et clone de Pascal Praud) à la Défense et un adepte du complotisme, RKJ (Robert Kennedy Junior) à la santé.
Sommes-nous les prochains à vivre cela ? Est-on en 1938 ?
Un élément intéressant sur le vote qui vient d’avoir lieu. Plus de 70 % des Juif·ves des États-Unis ont voté pour Kamala Harris. Mais il y a 600 000 Juif·ves états-unien·nes qui vivent en Israël (avec la double nationalité). 90 % d’entre eux/elles ont voté pour Trump dont les propos antisémites sont notoires. Iels vont avoir le soutien du prochain ambassadeur, Mike Huckabee, ouvertement partisan de l’annexion de ce qu’il appelle la “Judée-Samarie”.
Le déroulé de ce qui s’est passé ne fait l’objet d’aucun récit contradictoire. Les supporters du Maccabi Tel-Aviv, appartenant de façon notoire à l’extrême droite violente, ont commencé par brûler un drapeau palestinien. Puis iels ont scandé des slogans anti-arabes en appelant au nettoyage ethnique. Ils ont hurlé pendant la minute de silence en hommage aux victimes des inondations espagnoles.
Les reporter·es qui rapportaient ces faits pourtant filmés ont été le plus souvent censuré·es. Ce n’était pas assez “équilibré”. Nos médias ont largement donné la parole aux fascistes qui dirigent Israël et qui ont osé parler de pogrom. En même temps, ces derniers ont annoncé envoyer des hommes armés en Europe.
En France, de Macron à Retailleau et Marine Le Pen, tout ce monde immonde a sorti son couplet sur l’antisémitisme et s’est précipité au stade de France pour assister au “match de la honte” entre la France et Israël.
Cette assimilation des Juif·ves à des houligans fascistes et la transformation par les médias d’une baston contre ces nervis à un “pogrom”, met clairement les Juif·ves en danger. Sur Facebook, on peut voir ce dessin qui en dit long sur la période que l’on vit. Un petit garçon dit à son instit : “Maîtresse, Lana elle dit qu’elle est triste pour le sort des enfants à Gaza ”. Et l’instit gronde Lana : “Tu ne devrais pas tenir des propos antisémites”.
L’extraordinaire film No Other Land réalisé conjointement par un Palestinien (Basel Adra) et un Israélien (Yuval Abraham) sur l’expulsion très violente des villageois de Masafar Yatta (au sud d’Hébron) a été primé par le festival la Berlinale. Du coup, il n’est pas formellement interdit en Allemagne mais il est projeté avec la mention : “Film à tendance antisémite” . Accusé d’être antisémite par le maire de Berlin et le chancelier Scholz, Yuval Abraham a rappelé que sa famille avait été largement décimée pendant le génocide nazi.
Le patronat italien s’insurge : selon lui, les mesures prises par Giorgia Meloni contre les migrant·es mettent en danger l’économie italienne qui, vu l’écroulement de la natalité, a absolument besoin d’eux.
Même dans les pays où les populistes et les illibéraux avancent, ils se heurtent à la résistance des femmes sur la question de l’avortement. Aux États-Unis, tous les référendums sur l’avortement ont été gagnés, y compris dans des États qui ont largement voté pour Trump. En Floride (qui s’est transformée en bastion de Trump), il y a eu 57 % des voix pour une liberté totale de l’avortement… Mais il en fallait 60 % pour que la loi passe.
De temps en temps nos médias donnent quelques nouvelles. Quand ils évoquent le nombre hallucinant des mort·es c’est toujours avec la mention “selon le Hamas”. Sur le terrain, les dizaines de milliers de personnes qui sont encore dans le Nord de la bande de Gaza, notamment dans le camp de Jabalia, sont bombardées et affamées. Un à un, des immeubles sont vidés de leur population, les survivant·es étant chassé·es sans rien vers le sud. Au niveau de l’ancienne colonie de Netzarim, le territoire est coupé en deux et l’armée israélienne s’est durablement installée. Avant le 7 octobre 2023, la densité de population était de 6000 habitant·es au km2. Dans les camps de tentes d’Al Mawasi, elle est 10 fois plus importante. Pourtant, régulièrement, des camps sont bombardés, gratuitement. L’hiver s’annonce terrible à Gaza. Les tentes, usées par le soleil, vont difficilement résister au froid et à la pluie. Comme en France sous l’occupation, des profiteurs apparaissent, vendant ce qu’iels ont à des prix indécents ou n’hésitant pas à voler ou à rançonner. Malgré tout, sous ces tentes, la vie collective se réorganise, les repas sont partagés, les enfants sont re-scolarisés et même, quand un lopin de terre et une serre sont encore utilisables, les paysan·nes replantent des légumes. Superbe exemple de résistance.
Au procès du 7 octobre à Lannemezan, le Parquet “antiterroriste” n’avait plaidé qu’une seule chose : sa libération serait “dangereuse” à cause des gens qui le soutiennent. Un argument sans aucune valeur juridique, mais doit-on s’étonner de ce qu’est un parquet antiterroriste ? Cette libération se rapproche, après plus de 40 ans. Le “pays des Droits de l’Homme” (??) pourra se vanter d’avoir eu le détenu politique le plus ancien. Au Liban meurtri par les bombardements quotidiens, Georges est attendu. Il devra se cacher : les génocidaires de l’armée israélienne ont montré qu’ils pouvaient assassiner n’importe qui et n’importe où.