Édito

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Le fascisme et l’empire

Le fascisme ou l’empire titrait Mediapart avant la réélection triomphale de Trump. On va avoir les deux. Certes, Trump ne va pas détruire la totalité de l’État de droit comme Mussolini, Hitler ou Franco l’ont fait autrefois. Mais il n’y a plus beaucoup de contre-pouvoirs aux États-Unis.

Dans l’histoire de ce pays, il y a déjà eu des moments-clés. Le maccarthysme après la dernière guerre mondiale qui avait inspiré toutes les aventures impériales en Amérique Latine ou en Asie. Et la “révolution néolibérale” à partir de 1980 avec le tandem Reagan-Thatcher cassant les grèves et dérégulant l’ensemble de l’économie mondiale.

Il y a des parallèles frappants entre Trump et l’extrême droite française : il est nettement majoritaire chez celles et ceux qui ont été broyé·es par un système scolaire qui est de plus en plus privé des moyens de fonctionner normalement. Il est largement majoritaire dans les zones rurales où les services publics se sont délités et où la peur s’est développée. Il a conquis une partie importante du vote ouvrier. Il a largement bénéficié des réseaux sociaux et de médias pourris comme Fox News. Il a manié en permanence le mensonge, la menace et l’insulte. Et ça fonctionne, c’est terrifiant.

C e milliardaire s’est appuyé sur un autre milliardaire, Elon Musk, qui ne cache pas sa volonté de remodeler les institutions pour ne plus avoir d’obstacle à un enrichissement sans limite. Toute ressemblance avec Vincent Bolloré n’est pas fortuite.

Trump a su, comme les dirigeants fascistes d’autrefois, imposer ses éléments de langage. La version états-unienne du “grand remplacement” a fonctionné, y compris (comme en France) dans des régions où il n’y a pas d’immigré·es. Comme en France, des descendant·es d’immigrant·es ancien·nes ont adhéré à ce discours : Ciotti et Bardella chez nous, certain·es Latinos là-bas.

Et puis, en face, le sale boulot avait été fait. Le soutien de Biden et Harris au génocide en cours à Gaza a détourné une partie de l’électorat vers l’abstention ou le vote pour Jill Stein. Harris représentait une autre forme d’empire avec une nouvelle guerre froide, rien d’enthousiasmant. Trump veut poursuivre le massacre en Palestine avec encore plus de brutalité et de crimes.

Avec sa guerre commerciale, Trump va vassaliser de nombreux pays, à commencer par ceux de l’Union Européenne. Sur la question climatique, le pire est à attendre. Alors que l’Union Européenne voudrait promouvoir le capitalisme vert, Trump et les lobbys qui ont permis son élection vont relancer l’extractivisme. Et les rares mesures entreprises pour ne pas trop empoisonner les sols ou ce qu’on mange, vont être abandonnées. Ce sera le retour à “Dallas, ton univers impitoyable”.

Sur le plan international le tandem Trump-Netanyahou va essayer de “renverser la table” en détruisant un peu plus le droit international et les institutions qui prétendent le faire appliquer. L’ONU est clairement menacée. Avec Trump, on pourrait revenir à la loi de la jungle. Et à la multiplication des guerres.

Il faut se préparer à la riposte :

  • Développer et populariser les luttes sociales partout. L’exemple des ouvriers de Boeing qui ont obtenu 38 % d’augmentation sur quatre ans montre que c’est possible.
  • Refuser les licenciements et les restructurations. Le capitalisme est en crise. En 20 ans, une énorme partie des richesses produites a été prise aux salarié·es et donnée aux actionnaires. Face à l’explosion des inégalités, il va falloir combattre la tentation populiste et néo-fasciste.

Ces inégalités vont provoquer une stigmatisation et une répression accrue contre les migrant·es. La bataille idéologique pour expliquer qu’elles et ils sont nos sœurs/frères et que l’ennemi c’est le capital, va être centrale.

Et n’oublions pas la Palestine. Malgré le génocide en cours, financé et armé par les États-Unis, malgré les expulsions, les vols de terres, la famine, les Palestinien·nes sont toujours là, aussi nombreux et nombreuses que les Juif·ves israélien·nes. Les soutenir, hurler contre la complicité des médias et des gouvernements occidentaux, faire en sorte qu’iels ne subissent pas le sort d’autres peuples autochtones, c’est indispensable pour combattre Trump.

Pierre Stambul

Lecture de l’édito par Mathieu

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