Eilis Lacey vit à Long Island avec ses deux enfants, leur père, et la famille de celui-ci. Une famille d’artisans, immigrée comme elle. Une famille tentaculaire comme les familles savent l’être, où elle peine à trouver sa place. Le livre s’ouvre et un homme se présente. Un client du mari d’Eilis, qu’il accuse d’avoir eu une liaison avec sa femme. De cette union un enfant va naître, et l’homme la prévient, il n’en veut pas chez lui. Passé le choc, Eilis prend une décision, cet enfant, elle n’en veut pas non plus. Alors que sa belle-famille bruisse de conciliabules, Eilis part. Elle qui en deux décennies n’était pas rentrée une seule fois retourne en Irlande pour plusieurs semaines. Elle y retrouve une communauté aussi étriquée que soudée, où l’on s’observe et tient scrupuleusement le compte des gloires et déconvenues de chacun. Une communauté qui s’organise autour d’un pub, celui de Jim Farrell, avec qui Eilis a vécu un amour vingt ans auparavant, alors qu’elle venait de se marier aux États-Unis. On ne veut pas quitter ces personnages derrière la dignité desquels bouillonnent désirs et doutes. Comme en chacun·e d’entre nous ?
Long Island , Colm Tóibín, Grasset, 2024, 400 p., 24 €.