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Syrie

Aucun “campisme” n’est admissible à propos des 53 ans de dictature de la dynastie Assad. Ce régime était abominable. Il a tué, bombardé (y compris avec des armes chimiques), torturé, fait disparaître. Parmi les victimes, beaucoup de militant·es de gauche. Il y avait 19 services de “sécurité” employant des centaines de milliers d’agents. Des millions de Syrien·nes cherchent à présent ce que sont devenus leurs proches. Une importante partie de la population a été contrainte à l’exil pour échapper à la mort.

Une légende essaie de faire croire que ce régime faisait partie de “l’axe de la résistance”. Rappelons l’histoire : en 1976, la gauche et l’OLP sont sur le point de gagner la guerre civile libanaise quand l’armée syrienne les prend à revers. Cette armée soutient un parti fasciste, les Phalanges libanaises, qui commet un massacre de masse dans le camp palestinien de Tel el Zaatar. En 1983, l’armée syrienne inflige à l’OLP sa pire défaite : encerclés à Tripoli, Arafat et ses combattant·es partent à Tunis à 3000 km de la Palestine. Plus récemment, le film Little Palestine (2021) se termine par la liste nominative des centaines de Palestinien·nes du camp de Yarmouk (dans la banlieue de Damas) mort·es de faim pendant le siège du camp par les troupes de Bachar.

Ce régime, qui ne disposait que d’une très faible assise populaire, a été sauvé après l’insurrection de 2011, par ses alliés : Russie, Iran, Hezbollah. Il était soutenu en France par des membres de la droite radicale (Mariani passé au RN). C’est l’affaiblissement du Hezbollah et de l’Iran, très durement touchés par les génocidaires israéliens qui a permis l’écroulement rapide du régime : l’armée syrienne ne s’est pas battue.

Netanyahou en a profité une fois de plus pour violer ouvertement le droit international avec la complicité silencieuse de l’Occident : occupation de la zone démilitarisée et du Mont Hermon dans le Golan, bombardements meurtriers partout dans le pays pour détruire “préventivement” ce qui reste de l’armée syrienne.

Et maintenant ? Le groupe HTS qui a pris le pouvoir est issu du djihadisme radical. Il a dû se modérer en gouvernant pendant des années l’enclave d’Idlib. Modération relative en ce qui concerne la place de la religion. Parmi ses alliés, il y a un groupe inféodé à la Turquie d’Erdogan. Ce dernier va essayer d’écraser le Rojava et d’occuper un grand territoire à la frontière. Mais il y a aussi une société syrienne pluraliste en terme politique, en terme religieux ou en terme communautaire qui aspire à une véritable démocratie et à l’égalité femmes-hommes.

L’avenir n’est pas écrit. Les exemples de l’effondrement du régime du Shah en 1979 ou du régime afghan installé par l’Occident (en 2021) incitent au pessimisme. Il va falloir soutenir à fond les forces démocratiques syriennes pour que la chute de la dictature ne soit pas confisquée.

Roumanie

On vit une époque où, paraît-il, le réseau Tik-tok est capable de fabriquer une élection. CNews et BFM chez nous, Fox News et X aux États-Unis jouent le même rôle. Manipulation ou pas, le fait que les élections présidentielles roumaines aient placé en tête un obscur inconnu, complotiste et pro-russe n’est pas un hasard. Alors que les “élites” du pays, la fausse gauche et la vraie droite sont toutes atlantistes et pro-européennes, le phénomène qu’on avait déjà vu en Hongrie, en Slovaquie ou en Moldavie s’est reproduit : une partie importante de la population signifie que cet arrimage à l’Occident capitaliste ne lui a rien apporté. L’annulation de l’élection ne change rien. On aurait préféré que ce vote de défiance s’exprime autrement. Mais il n’y a pas d’alternative de gauche à l’Est de l’Europe.

Corée

Trump, Bolsonaro, Milei ou d’autres populistes autoritaires ont donné des idées au président Yoon. Le 3 décembre, il a décrété la loi martiale et envoyé l’armée au parlement pour essayer d’arrêter voire tuer les député·es de l’opposition. Une très importante mobilisation populaire et l’intervention des syndicats qui ont appelé à la grève ont fait échouer le coup d’État. Mais l’apprenti dictateur dispose encore d’une forte base. Avec l’approfondissement de la crise du monde capitaliste, plus aucun pays n’est à l’abri d’un putsch de ce genre.

Tchad

Ce pays est le véritable prototype de ce qu’est la Françafrique depuis une indépendance bien virtuelle il y a plus de 60 ans. Contre l’influence libyenne, le colonisateur avait mis au pouvoir Hissène Habré. Quand les crimes de ce dernier l’ont rendu très impopulaire, la DGSE (Direction Générale de la Sécurité extérieure) est allée chercher Idriss Déby qui, avec l’appui de l’armée française, a pris le pouvoir en 1990. Pendant 30 ans, l’armée tchadienne a servi de bras armé du colonisateur lors de plusieurs interventions dans les pays voisins. En 2021, Idriss Déby meurt “au combat” dans des circonstances non élucidées. Immédiatement, son fils Mahamat fait un coup d’État, change la constitution et réprime les manifestations. La France est la première à reconnaître le nouveau régime.

Mahamat vient de demander la fermeture des bases militaires françaises. Il doit estimer que cet impérialisme n’est plus assez efficace. Quelle ingratitude ! Dépité, Macron est allé visiter la dernière base française en Afrique (à Djibouti). Il a quand même félicité Mahamat qui s’est autoproclamé “maréchal”. Au cas où la flatterie le ferait rentrer au bercail.

Colonialisme

“Si ce n’était pas la France, vous seriez 10   000 fois plus dans la merde ” a dit Macron aux Mahorais·es. Dans les geôles françaises, il y a des dizaines de Kanak·es et les animateurs du mouvement de protestation martiniquais.

En même temps, la France a reconnu l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc. Mais elle n’a pas reconnu la Palestine et sa justice criminalise celles et ceux qui la soutiennent