Une légende essaie de faire croire que ce régime faisait partie de “l’axe de la résistance”. Rappelons l’histoire : en 1976, la gauche et l’OLP sont sur le point de gagner la guerre civile libanaise quand l’armée syrienne les prend à revers. Cette armée soutient un parti fasciste, les Phalanges libanaises, qui commet un massacre de masse dans le camp palestinien de Tel el Zaatar. En 1983, l’armée syrienne inflige à l’OLP sa pire défaite : encerclés à Tripoli, Arafat et ses combattant·es partent à Tunis à 3000 km de la Palestine. Plus récemment, le film Little Palestine (2021) se termine par la liste nominative des centaines de Palestinien·nes du camp de Yarmouk (dans la banlieue de Damas) mort·es de faim pendant le siège du camp par les troupes de Bachar.
Ce régime, qui ne disposait que d’une très faible assise populaire, a été sauvé après l’insurrection de 2011, par ses alliés : Russie, Iran, Hezbollah. Il était soutenu en France par des membres de la droite radicale (Mariani passé au RN). C’est l’affaiblissement du Hezbollah et de l’Iran, très durement touchés par les génocidaires israéliens qui a permis l’écroulement rapide du régime : l’armée syrienne ne s’est pas battue.
Netanyahou en a profité une fois de plus pour violer ouvertement le droit international avec la complicité silencieuse de l’Occident : occupation de la zone démilitarisée et du Mont Hermon dans le Golan, bombardements meurtriers partout dans le pays pour détruire “préventivement” ce qui reste de l’armée syrienne.
Et maintenant ? Le groupe HTS qui a pris le pouvoir est issu du djihadisme radical. Il a dû se modérer en gouvernant pendant des années l’enclave d’Idlib. Modération relative en ce qui concerne la place de la religion. Parmi ses alliés, il y a un groupe inféodé à la Turquie d’Erdogan. Ce dernier va essayer d’écraser le Rojava et d’occuper un grand territoire à la frontière. Mais il y a aussi une société syrienne pluraliste en terme politique, en terme religieux ou en terme communautaire qui aspire à une véritable démocratie et à l’égalité femmes-hommes.
L’avenir n’est pas écrit. Les exemples de l’effondrement du régime du Shah en 1979 ou du régime afghan installé par l’Occident (en 2021) incitent au pessimisme. Il va falloir soutenir à fond les forces démocratiques syriennes pour que la chute de la dictature ne soit pas confisquée.
Mahamat vient de demander la fermeture des bases militaires françaises. Il doit estimer que cet impérialisme n’est plus assez efficace. Quelle ingratitude ! Dépité, Macron est allé visiter la dernière base française en Afrique (à Djibouti). Il a quand même félicité Mahamat qui s’est autoproclamé “maréchal”. Au cas où la flatterie le ferait rentrer au bercail.
En même temps, la France a reconnu l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc. Mais elle n’a pas reconnu la Palestine et sa justice criminalise celles et ceux qui la soutiennent