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SNU, militarisation : la propagande continue

Si à cause des difficultés budgétaires, la généralisation du SNU n’aura pas lieu en 2026 (comme l’avait annoncé Macron), le SNU se poursuit : les inscriptions sont ouvertes pour les séjours 2025. Et le processus de militarisation de la jeunesse se développe sous diverses formes. La Journée Défense et Citoyenneté va être remilitarisée, de nouvelles classes défense sont ouvertes…

L’Armée et l’Éducation nationale marchent au même pas (partenariats dans les trinômes académiques, influence de l’Armée dans les programmes scolaires…), cela en lien avec la volonté de Macron d’imposer un “réarmement civique” dès l’enfance… Les “rites” imposés et les “valeurs” inculquées dans les “séjours de cohésion” du SNU se divulguent plus ou moins insidieusement, bien au-delà de ces séjours.

À Oullins-Pierre-Bénite (Métropole de Lyon), le maire proche de Vauquiez, vient de faire adopter au conseil municipal l’adhésion de la commune à l’Association des Villes marraines pour parrainer le 7e Régiment du Matériel (RMAT) à Gerland (Lyon 7e).

En 2024, l’Association des Villes Marraines réunit l’ensemble des 170 collectivités territoriales, communes, départements et régions, qui – chacune – parrainent une unité opérationnelle des forces armées.

“La démarche qui conduit à un parrainage militaire obéit à des règles strictes et contraignantes”, lit-on sur le site de cette association. Et ce “parrainage d’une unité opérationnelle des forces armées a un coût pour la collectivité territoriale”. Le maire qui a déjà lancé une “expérimentation de l’uniforme dans ces écoles”, expérimentation qui a échoué suite au refus majoritaire des parents d’élèves et du conseil d’école, s’apprête certainement à prendre de nouvelles initiatives.

Le collectif NON au SNU Lyon-69 envisage différentes actions pour informer et argumenter afin de contrer ces offensives de militarisation de l’école, de la jeunesse (et de toute la société).

Le collectif attache une attention particulière aux aspects insidieux utilisés dans les différents processus d’endoctrinement, lesquels s’inscrivent de plus en plus dans les programmes (et la “formation”/formatage des personnels enseignants).

Ci-après, une Contribution du Collectif Lyon-69 contre le SNU qui cherche à décrypter quelques aspects de ce formatage idéologique.

Hélène Bertrand

Combattre le SNU, c’est se battre contre le dogmatisme,

pour la liberté de conscience et la liberté d’expression

Le “lever des couleurs” : un rite politique

Le “lever des couleurs” (le drapeau français) au chant de La Marseillaise constitue un rite politique, d’origine militaire. Un tel rite, imposé de façon quotidienne lors du séjour de cohésion du SNU, a, comme tout rite politique, plusieurs objectifs :

  • l’intégration des individus dans le groupe effectuant ce rite (intégration qui n’a aucun caractère émancipateur) ;
  • l’affichage de positions politiques (ici le nationalisme et l’exaltation de la nation) ;
  • la légitimation du pouvoir promouvant ce rite politique (c’est le pouvoir en place et ses relais qui imposent et obligent tout participant au séjour de cohésion du SNU à effectuer quotidiennement le rite politique du “lever des couleurs”).

Certains jeunes qui ont fait le SNU ou se posent la question de le faire, se disent que le lever quotidien du drapeau est une contrainte mais que cela est supportable au regard des autres activités proposées. Mais pour tous les jeunes qui font le séjour de cohésion, qu’ils en soient conscients ou non, participer au rite du lever du drapeau constitue un acte d’allégeance au pouvoir en place, aujourd’hui celui de Macron.

Le terme “valeurs républicaines” n’est pas neutre politiquement

Le gouvernement cherche à masquer sa volonté d’endoctrinement de la jeunesse via le SNU en utilisant sans cesse le terme de “valeurs républicaines”. Le préambule du règlement intérieur 2023-24 du séjour de cohésion du SNU le dit clairement : l’un des objectifs de ce séjour est de favoriser “l’identification aux valeurs républicaines”. La première partie du règlement est ainsi intitulée “Transmission et respect des valeurs républicaines”.

Le terme de “valeurs” renvoie à une acception morale : les “valeurs républicaines” seraient “bonnes”, et donc non critiquables. Or la Ve République n’est pas fondée sur des valeurs mais sur des principes, des règles… inscrites dans sa Constitution et qui sont critiquables ! Ainsi l’article 49.3 est inacceptable car anti-démocratique, tout comme l’état de siège… En outre, les notions de “liberté, égalité, fraternité” ne sont pas des “valeurs” mais des principes sur lesquels est érigée la République française, et ces principes se déclinent de façon très particulière : la Constitution mentionne par exemple le droit à “l’égalité devant la loi” (article 1) mais pas le droit à l’égalité sociale… Dans la même veine, la liberté d’expression et la liberté de circulation sont encadrées et toutes relatives

Derrière l’objectif du gouvernement, que les jeunes s’identifient aux “valeurs républicaines”, l’idée est ainsi de les endoctriner pour qu’ils cessent de critiquer la société dans laquelle nous vivons.

Le SNU contre la liberté de conscience

Dans le règlement intérieur, il est mentionné dans le paragraphe “Respect des valeurs républicaines”, que le principe de “neutralité” doit être respecté. Ceci est en contradiction avec la loi de 1905 dont le premier article explique que “La République assure la liberté de conscience” : ce sont les fonctionnaires qui doivent être neutres et ne pas afficher, dans l’exercice de leurs fonctions, leurs convictions religieuses ou non religieuses, mais pas les citoyens (rappelons qu’à l’école, tout signe discret est autorisé pour les élèves). En outre, l’affirmation de ce principe de “neutralité” des jeunes participant au SNU est aussi en contradiction avec un autre paragraphe du même règlement qui explique que : “Les convictions religieuses, politiques, idéologiques de chacun sont respectées” (mais qu’elles “ne doivent pas donner lieu à des actes de pression”), et cite ensuite l’article 40 du code de procédure pénale.

Ce même règlement intérieur n’a en outre aucune gêne à inscrire en annexe du règlement un tableau indicatif des sanctions dans lequel on peut lire que toute absence est punie (après avoir indiqué clairement que le lever quotidien du drapeau est “obligatoire”). Ainsi un jeune qui refuserait d’être présent au lever du drapeau pour des motifs politiques est menacé de punition… ce qui est un acte de pression passible de sanction pénale (article 40…) !

Le séjour de cohésion s’assoit ainsi complètement sur les droits des citoyens et notamment le droit à la liberté de conscience… tout en faisant croire qu’il la garantit. Il s’agit là de tromper les jeunes et leurs parents sur les objectifs du SNU afin qu’ils n’aient aucune crainte à signer ce règlement intérieur (la signature est obligatoire pour les jeunes, et leurs parents, pour pouvoir participer au SNU).

Mais accepter de signer un tel règlement, c’est aussi accepter de se soumettre à une obligation de “neutralité” politique (et religieuse) et accepter d’être puni si l’on refuse de participer à des activités contraires à ses opinions politiques. Ces signatures reviennent ainsi, d’une certaine façon, à soutenir la politique de Macron contre les libertés démocratiques et ne pourront que l’aider à préparer de nouvelles attaques (et cela, parfois à l’insu de signataires – les jeunes et leurs parents – qui n’ont pas toujours conscience de la portée d’un tel acte).

Combattre le dogmatisme et leur politique

Les rites (ou rituels) ont, par définition, un caractère dogmatique (il s’agit d’une “pratique réglée, à caractère symbolique ou magique […]” d’après l’Académie française). Les “valeurs républicaines” définies par la Ve République et par Macron ainsi que le règlement intérieur du séjour de cohésion du SNU s’inscrivent notamment contre l’égalité sociale et contre la liberté de conscience et d’expression.

Qu’on le veuille ou non, participer au SNU, c’est soutenir le dogmatisme et cette orientation politique (de façon volontaire ou non). Combattre pour l’abrogation du SNU, c’est combattre contre le dogmatisme et l’orientation politique de Macron, et notamment pour la liberté de conscience et la liberté d’expression.

Collectif Lyon 69 contre le SNU, mai 2024