Incohérences ?
Lors de la mobilisation du milieu agricole, le Ministre de l’Intérieur a déclaré que les agriculteur·trices travaillent et que lorsqu’iels ont des revendications, il faut les entendre, que la réponse à leurs souffrances n’est pas les forces de l’ordre. Droit dans ses bottes, il a même affirmé qu’il y avait des coups de sang légitimes.
Faut-il en déduire que l’aspirant à l’Élysée 2027 était secrètement d’accord avec nous lorsque nous nous mobilisions pendant le mouvement des Gilets jaunes ou sur les piquets de grève organisés contre la réforme des retraites ?
Là n’est pas la question… Les incohérences apparentes des “politiques”, qui dépassent les frontières, marquent au contraire une cohérence profonde : iels sont plus que jamais prêt·es à tout pour se placer ou se maintenir en haut de l’échelle des serviteurs du capitalisme. Avec le concours d’officines spécialisées en communication, iels stigmatisent des groupes sociaux ou en flattent d’autres en fonction de la stratégie électorale choisie.
Pour les agriculteurs et agricultrices qui demandent à vivre de leur travail, la flatterie ne s’accompagne pas pour autant de réponses aux vraies questions. Rien pour l’instant sur les moyens ; quant à la “libéralisation des normes” elle permettra au mieux dans un premier temps “aux petits” de prendre une bouffée d’oxygène avant d’être finalement encore plus asphyxiés par “les gros” qui en auront profité pour se développer. Une énième fois, les patrons de la FNSEA vont jouer ce scénario et négocier dans le dos de leur base.
Un mouvement corporatiste ne pourra mener qu’à une aggravation des conditions de travail et de vie, pour les milliers de salarié·es agricoles, mais aussi pour les petit·es exploitant·es, sans même parler des régressions écologiques. L’entrée de la Confédération paysanne sur d’autres bases dans le mouvement pourra-t-elle diminuer les risques de voir un tel scénario se reproduire ? On peut y contribuer en ne passant pas à côté – comme pour les Gilets jaunes – de la solidarité avec les paysans qui en ont vraiment besoin.
De même “le réarmement du pays” idéologique,démographique et militaire doit conduire à encore plus de solidarité avec :
- La jeunesse, flattée en apparence, est en fait mise en concurrence sur fond de déterminisme social avec le “Choc des savoirs” qui va s’ajouter à Parcoursup et à la réforme des lycées professionnels. Le destin de chair à patron que lui réserve le pouvoir pourrait bien évoluer vers celui de chair à canon à coup de Service National Universel.
- Les femmes : il y a contradiction entre la lutte contre les violences faites aux femmes érigée comme grande priorité du quinquennat et “en même temps”, ce qu’une telle annonce implique pour les concernées, particulièrement dans un contexte de diminution des moyens alloués à la santé et à la petite enfance pour celles qui consentiraient à faire des enfants “pour la nation”…
Tous et toutes divisé·es et en concurrence donc mais enregimenté·es de gré ou de force derrière les chefs et les exploiteurs ? C’est bien le fil directeur des politiques actuelles.
Avec la loi immigration, les employeurs vont pouvoir mettre encore davantage de pression sur les travailleurs et travailleuses migrant·es. En même temps, ces dernièr·es seront soumis·es à l’arbitraire de la conformité aux “principes de la République” dont on ne sait plus quel est le sens, si tant est qu’il y en ait eu un autre que de masquer la violence du pouvoir du capital.
Sur le plan international, on se demande par exemple quels principes guident un gouvernement qui ne condamne pas l’épuration ethnique génocidaire perpétrée par le gouvernement et l’armée israélienne… Mais encore une fois, la cohérence ne doit pas être cherchée dans l’humanité de ces gens mais dans la défense de leurs intérêts et de leurs alliances impérialistes.
Si la période est sombre, un certain nombre de contradictions ouvrent un espace pour celles et ceux qui combattent la cohérence capitaliste et veulent un autre monde.