Aujourd’hui Marine Le Pen annonce qu’elle prend ses distances avec l’AFD, en raison des déclarations du chef de file de la liste pour les européennes, mais en réalité des liens anciens unissent les nostalgiques du Reich avec l’état-major du RN, des liens qui datent du Front national et même avant encore avec la création, notamment, d’une maison de disques dans les années 60.
Une entreprise qui s’appelait la Serp société d’études et de relations publiques créée en 63 dans le but de trouver une activité à Jean-Marie Le Pen, sans emploi depuis qu’il avait perdu son mandat de député.
Très vite la Serp devient une maison de disques qui éditait des vinyles puis des cassettes.
Parmi les fondateurs de la Serp des noms qui ne sont pas très connus du grand public, mais qui restent très connu dans le monde de l’extrême droite : celui de Jean-Marie Le Pen, mais aussi celui de Léon Gautier qui était passé de la propagande à Vichy à l’engagement sur le terrain dans les rangs des Waffen-SS en uniforme, cofondateur aussi de la Serp Philippe, Marsay ancien de l’Algérie Française, Pierre Durand, futur trésorier du FN qui commentait les discours d’Adolf Hitler ou de Philippe Pétain sur des cassettes éditées par la Serp
Ils font partie des fondateurs du Front National, créé en 1972, en vue des élections législatives de 1973, par Ordre nouveau, un groupuscule composé d’anciens partisans du Reich qui souhaitaient la mise en place d’un État fasciste en France, ainsi que par des anciens de l’OAS, en vue des élections législatives de 1973.
Les disques et les livrets circuleront très largement, chez les cadres supérieurs du Front National, mais aussi dans toutes les fêtes BBR, Bleu-Blanc-Rouge, qui jalonneront les années 80/90 au moment où le FN décollera dans les urnes
La première grande enquête auprès des électeurs de base du FN, date de 1987, c’est Au Front un livre d’Anne Tristan 1, journaliste infiltrée, qui raconte qu’elle a vu s’acheter, s’échanger dans les vide-greniers, ces objets édités par la Serp
Les militant·es et les sympathisant·es écoutaient des chants qui n’étaient pas considérés à l’époque comme néo-nazi, mais nazi tout court.
Finalement dirigé par Marie Caroline Le Pen, la sœur de Marine Le Pen, la Serp arrêtera ses activités en 1999, et pendant ces 37 années elle aura converti en argent des chants hitlériens, quatre siècles de musique militaire, dont un disque de l’armée rouge et puis quantité de discours à la gloire du Reich, non sans perdre un procès pour apologie de crimes de guerre…
Et alors que le Front national a entretenu des liens étroits avec le parti néofasciste MSI depuis un demi-siècle…
B. F.
(Sur la base d’une chronique d’Angélique Boin sur France Culture ; voir aussi Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême-droite)
- Au front, Anne Tristan, Folio, 1988, 224 p., 10,55 €. ↩︎