Édito

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Penser le monde autrement

Clap de fin avant l’été.

Éditorial de juin, dixième numéro, que dire pour clore cette saison ?

Le 7 octobre 2023, on apprend que le Hamas a attaqué Israël et qu’il retient en otages des civil·es. Dans les jours qui suivent commence en représailles, l’opération “Glaive de fer”.

Le 28 mai 2024, on compte les mort·es, du moins ceux et celles qui ne sont pas enseveli·es sous les gravats. Une dernière offensive, dans la nuit du 26 au 27 mai sur un camp de déplacé·es à Rafah vient de tuer plus de 40 personnes. Un massacre.

En France, les manifestations de soutien pro-palestiniennes sont réprimées et quiconque proteste est accusé “d’apologie du terrorisme” et évidemment d’antisémitisme. Sciences-po rue Saint-Guillaume devient l’épicentre de la contestation. La gauche, comme à son habitude, se déchire et les insultes volent bas. LFI soutient les manifestant·es et la voilà accusée de faire campagne pour des élections européennes dont tout le monde se fout tant les médias ont déjà vendu Bardella aux Français·es catatoniques. On entend déjà les analyses à chaud le soir du 9 juin et les projections pour 2027 où cette fois-ci, on nous vendra Le Pen.

Macron en Nouvelle-Calédonie rappelle certaines vignettes de Tintin au Congo, Milou en moins. La cravate dénouée, dans l’avion du retour, il annonce en aparté au Parisien, un “référendum national” sur le dégel du corps électoral. On se frotte les yeux à moins que cela ne soit les oreilles, un quoi ? Y’a bon.

On continue de se faire mal dans ce dernier édito ? On parle des flics cogneurs, de l’écologie massacrée, de l’autorité comme horizon ultime pour la jeunesse, des groupes de niveaux au collège qui n’en sont plus mais en sont encore, de la fascisation du continent européen.

Et si on tentait un édito plus optimiste, un exercice presque subversif pour nous toutes et tous si rompu·es à l’exégèse du pire.

Adopter une grille de lecture autre de l’actualité demande un effort tant on a intégré celle des médias dominants, des partis politiques les plus dangereux, des chefs de bande. Penser le monde autrement qu’au travers du filtre de la barbarie est-il encore possible ?

Changer le discours ambiant de la peur par la solidarité c’est possible. Prenons les exemples de notre vie quotidienne : les rues des villes sont pleines de personnes de toutes origines, qui vivent, travaillent et s’aiment ; alors qu’une étudiante sans-papier désespère de trouver un stage rémunéré, des restaurateurs solidaires font fi de leur peur de l’administration pour la prendre. À Dijon, les défenseur/euses d’un terrain que la mairie cède à bas prix, se battent pour cette “Réserve Urbaine de BiodiverSité” et gagnent au tribunal administratif.

Même si les luttes globales, des travailleur/euses peinent, les formes locales de solidarité avec la Palestine, les sans-papiers et les luttes écologiques gagnent en force de rassemblements et de militance.

Alors permettons nous de rêver et de faire rêver à un monde sans aucune domination, entre vivants, humain et non humain, d’un monde sans frontières, sans hiérarchies. Le rêve est un puissant moteur de changement et de révolution, sinon, comment imaginer la mise en place du programme du Conseil national de la résistance dans un pays ruiné à la sortie de la deuxième guerre ? Comment expliquer les luttes des peuples opprimés, colonisés, massacrés ?

“La vie est un peu triste mais elle est toujours belle” dit Belmondo dans Pierrot le fou.

Sophie Carrouge, Marine Bignon

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