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Espagne

La réélection du PSOE de Pedro Sanchez en 2023 avait été miraculeuse et largement due au soutien des électeurs et électrices basques et catalan·es. Depuis, son gouvernement de coalition résiste aux tentatives de déstabilisation de la droite et de l’extrême droite, soutenues par l’extrême droite argentine (Milei). En Euzkadi, les électeurs et électrices rejettent toujours très massivement les néo-franquistes. Mais, pour la première fois, les indépendantistes, héritier·es de l’ancienne ETA, ont autant de député·es que le parti de la bourgeoisie autonomiste. En Catalogne, la décision de Pedro Sanchez d’amnistier les dirigeants indépendantistes a été plébiscitée. Le PSOE arrive en tête et la coalition indépendantiste qui dirigeait la Catalogne a perdu la majorité

Kanaky

Il y avait 80 000 Kanak·es à l’arrivée des Français au milieu du XIXe siècle. Il en restait 25 000 en 1900. La “civilisation” l’avait emporté sur les “sauvages”. La preuve ? La tête du chef Ataï (qui dirige l’insurrection de 1878) avait été longuement exposée dans un musée parisien, conservée dans le formol. Et en 1988, entre les deux tours de l’élection présidentielle française, la soldatesque française avait massacré plusieurs indépendantistes à Ouvéa.

Depuis, le colonialisme de peuplement français a dû un peu reculer. Et puis Macron est arrivé. Sonia Backès qui représente l’aile “dure” des colonialistes a été ministre (avant d’être battue aux élections sénatoriales). Le pouvoir a maintenu un “référendum” boycotté par les indépendantistes avec l’idée de clore définitivement l’avenir du pays. Et dans la foulée, un Parlement français, gagné au colonialisme d’antan, a décidé de modifier le corps électoral.

La révolte qui vient d’éclater interrompt ce rouleau compresseur colonial. Tenté par la violence, des milices caldoches, inspirées par ce que fut l’OAS, s’arment et tirent. Macron-Zorro va devoir choisir : appuyer l’OAS ou s’inspirer de la fin de la guerre d’Algérie. Et il ne choisira la deuxième que s’il y est contraint et forcé par le rapport de force.

Face au génocide à Gaza

Il y a les complices : les États-Unis qui essaient, à coup de répression, d’étouffer la révolte étudiante. Ou qui envoient le FBI interroger l’historien israélien antisioniste Ilan Pappé comme à l’époque du Maccarthysme. Ou bien sûr qui continuent de livrer des armes aux génocidaires. Il y a l’Allemagne qui interdit la venue d’Européens (au mépris de toutes les lois) à Berlin, le Grec Varoufakis, le Britannique Abu Sitta, parce qu’ils viennent parler de la Palestine. On n’oubliera pas la France qui a aussi refoulé Abu Sitta et qui envoie les CRS sur les campus. Ses médias continuent de parler de la démocratie israélienne attaquée par les terroristes.

Mais l’opinion mondiale bouge. Après la Colombie ou le Chili, trois pays européens ont reconnu la Palestine. À l’ONU, il y a une majorité écrasante pour cette reconnaissance. Le rêve sioniste que la Palestine disparaisse est mal en point. Et puis il y a des gens célèbres, artistes de l’Eurovision ou du festival de Cannes, personnalités comme le couple Clooney qui ont pris publiquement position. Israël est en route vers le statut d’État paria

Justice internationale

Elle a ses limites. Mais elle est en train de détruire l’image d’Israël. La plainte de l’Afrique du Sud contre Israël auprès de la CIJ (Cour Internationale de Justice) obtient de nombreux soutiens. Elle libère la peur de nombreux pays de s’exprimer.

La CPI (Cour Pénale Internationale), qui recueille les plaintes individuelles, aura mis 15 ans à enfin demander l’inculpation de dirigeants israéliens (Nétanyahou et Galant) et Karim Khan s’est senti obligé de mettre sur le même plan l’occupant et l’occupé en inculpant trois dirigeants du Hamas. Il n’empêche, cette inculpation met en grave difficulté le camp occidental qui va avoir de plus en plus de mal à soutenir les meurtriers.

Israël

Des toutes petites fractures qui n’existaient pas apparaissent. Un article de Jean Stern dans Orient XXI décrit les réactions à Tel-Aviv face au discrédit du pays : “pays de merde”. Des intellectuels écrivent dans Haaretz qu’il n’y a plus d’avenir et que ce pays n’a aucun sens. Les demandes de passeports occidentaux affluent. 45 % des Israélien·nes ont un deuxième passeport. Il y a de nombreux départs.

Des parents d’otages, tout en exigeant la démission de Nétanyahou, pensent “qu’il faudra donner des droits égaux aux Palestinien·nes”. Certes, les effets de décennies de déni et d’impunité font tenir le camp de la guerre. Mais ce camp se délitera quand Israël sera sanctionné.

Palestine

En Cisjordanie, on a dépassé les 500 mort·es et les 270 km2 confisqués depuis le 7 octobre. Une fois de plus, c’est le camp de Jénine qui connaît les attaques les plus meurtrières.

À Gaza, l’attaque contre Rafah s’accompagne d’une reprise des combats à Gaza ville et à Jabalia, dans des zones que la vaillante Tsahal s’était vantée d’avoir nettoyées.

Des centaines de milliers de personnes sont à nouveau déplacées. La frontière de Rafah est fermée et les colons attaquent les camions qui apportent les vivres à Gaza. Le port flottant construit par les États-Unis est une supercherie : ses capacités sont 30 fois inférieures aux besoins de Gaza. L’impérialisme collabore au génocide en cours.

Grande Bretagne

Sauf énorme surprise, les conservateurs vont perdre le pouvoir en juillet. Mais c’est le courant atlantiste et libéral du parti travailliste qui va accéder au gouvernement. Une espèce d’Hollande en pire.

Tunisie

13 ans après la révolution qui a emporté Ben Ali, la Tunisie est revenue au point de départ : une dictature emprisonnant tous les opposant·es, des partis interdits, la répression tous azimuts.

Avec en plus des mesures racistes meurtrières contre les migrant·es subsaharien·nes renvoyé·es dans le désert sans eau ni abri et une crise économique qui pousse la population à tenter l’émigration vers l’Europe