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Chronique des sexismes ordinaires

PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

Kazakhstan : un procès sans précédent pour un féminicide

Elle s’appelait Saltanat Nukenova, elle avait 31 ans ; en novembre dernier, elle est morte suite aux coups particulièrement violents de son mari. Le meurtrier, Kuandyk Bishimbayev, est un homme d’affaires, ancien ministre de l’économie, ce qui explique certainement l’impact de ce féminicide dans le pays tout entier.

Dans ce pays d’Asie centrale, les violences domestiques très répandues sont considérées comme “des affaires privées”, un sujet tabou. En 2017, le parlement Kazakh avait pris des mesures pour éliminer la possibilité de poursuites pénales en cas de violences domestiques, en supprimant les articles relatifs aux “atteintes délibérées à la santé” et aux “coups et blessures”, les transférant au code administratif. Ces violences étaient ainsi décriminalisées et leurs auteurs n’encouraient qu’une simple amende et au pire quelques jours de prison.

Selon les autorités locales, 80 femmes seraient victimes chaque année de féminicide, mais les statistiques de l’ONU avancent le nombre de 400 victimes, ce qui est énorme pour un pays d’à peine 20 millions d’habitant·es. Le retentissement de la mort atroce de Saltanat Nukenova, a créé une véritable onde de choc, obligeant le gouvernement à faire bouger la législation de manière à sanctionner beaucoup plus sévèrement les agresseurs. À l’issue d’un procès historique et très médiatisé qui s’est tenu en avril, l’ancien ministre vient en effet d’être reconnu coupable de “torture” et “meurtre particulièrement cruel” et condamné à une peine de 24 ans de prison.

Les dominations physiques, psychologiques, économiques, liées au patriarcat, ont la vie dure. Combien faudra-t-il encore de Saltanat Nukenova, au Kazakhstan, et ailleurs pour que les mentalités évoluent ? Pour que plus aucun homme ne considère sa compagne ou son ex-compagne comme sa propriété, “sa chose” et s’arroge le pouvoir de vie et de mort sur elle ?

Joëlle

Le 24 avril dernier marquait le 11 ème anniversaire du désastre du Rana Plaza au Bengladesh

Le 24 avril 2013, une usine de textile près de Dhaka s’effondrait, provoquant la mort de plus de 1130 personnes et en blessant 2500 autres, principalement des travailleuses. Cette tragédie représente des failles d’un système économique basé sur le profit, un système qui s’allie à la dévalorisation du travail des femmes, surtout celles travaillant dans le Sud global. L’effondrement est survenu après que des travailleuses eurent remarqué des fissures dans les murs et les piliers du bâtiment bétonné trop vieux, trop mal construit. Après une journée de fermeture de l’usine, le propriétaire rappelle les travailleuses et les force à réintégrer leur poste sous peine de renvoi. Quelques heures plus tard, le bâtiment s’écroule sur elles. Sur des milliers de corps de femmes décharnés par l’impact. Depuis chaque année des actions, souvent à l’initiative de la Marche Mondiale des Femmes, ont lieu partout dans le monde pour rappeler la responsabilité des multinationales et l’impunité scandaleuse dont elles disposent.

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Extrait de Solidaires & Égales, mai 2024