Les anticolonialistes israélien·nes ou l’organisation états-unienne Jewish Voice for Peace (JVP)ont des réactions courageuses. Tou·tes ont des mort·es ou des disparu·es parmi leurs proches. Ils/elles en font porter l’entière responsabilité sur les dirigeants suprémacistes d’Israël. Comme l’écrit Gideon Lévy dans le journal Ha’aretz : “Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Gazaouis sans en payer un prix cruel”. Son armée ne peut pas organiser des pogroms avec les colons sans que la population qui a élu les dirigeants n’en paie un jour le prix.
Et JVP : “Nous avons eu des proches tué·es ou kidnappé·es mais cela nous met en colère de voir notre douleur instrumentalisée et qu’Israël s’apprête à commettre un génocide contre les Palestinien·nes de Gaza ”.
On est atterré·e par tous ceux et celles, y compris à gauche, qui parlent du terrorisme du Hamas sans un seul mot sur le terrorisme d’État permanent pratiqué par l’État d’Israël.
La communauté internationale porte une responsabilité majeure dans le crime contre l’humanité qui est à l’œuvre. La grande majorité des mort·es à Gaza sont des femmes, des enfants, des vieillards. Tou·tes les Gazaoui·es que je connais ont des mort·es ou des disparu·es parmi leurs proches. 30 % des habitations sont pulvérisées ou endommagées. On retrouve sans arrêt des corps sous les gravats. Il n’y a plus d’eau potable ou de nourriture. Sept hôpitaux ont été détruits et bien sûr l’occupant affirme qu’ils servaient de refuge aux terroristes. Des écoles de l’UNRWA (l’office des réfugiés) ont été bombardées ainsi que l’église orthodoxe où des milliers de personnes étaient venues s’abriter.
L’ancien ministre et ambassadeur israélien Daniel Ayalon a évoqué la “solution” des dirigeants israéliens : envoyer des centaines de milliers de Gazaoui·es dans le Sinaï. On leur donnerait des tentes et on les nourrirait. Puis annexer l’essentiel de la Cisjordanie. Tout ceci avec la bénédiction de ceux et celles qui estiment “qu’Israël a le droit de se défendre”.
Personne ne pourra dire : “nous ne savions pas”.
Que dire de la France ? On croyait que le pire avait été atteint avec Sarkozy et Valls. Darmanin va plus loin : il a osé interdire toutes les manifestations pour la Palestine. Une partie de la classe politique et des médias l’ont suivi. Pas la Justice. Pour combien de temps ?
En Jordanie, le bombardement de l’hôpital al-Ahli et de puissantes manifestations à Amman ont mis fin au projet d’un sommet entre Biden, Abbas, Sissi et le roi de Jordanie. Même dans les pays ayant déjà “normalisé” avec Israël (Maroc, Bahreïn), il y a eu des manifestations.
Il y a eu aussi des manifestations importantes dans le monde impérialiste (Londres, Chicago …). Les peuples ne suivent pas les dirigeants.
Sa défaite est largement due à la mobilisation de la société civile, et notamment des femmes. Plusieurs d’entre elles sont mortes à cause des lois contre l’avortement.
Il y a un point noir : pour battre les intégristes, toutes les autres forces politiques se sont alliées. La force dominante qui va exercer le pouvoir, c’est le parti de Donald Tusk, ancien président du Conseil européen et donc partisan de l’ultra libéralisme.
Pierre Stambul, le 22 octobre