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Pestilence(s)

Cela faisait des dizaines d’années qu’un auteur antisémite, pronazi, collabo n’avait pas été joué à Paris, lacune comblée, avec Guerre présenté dans un théâtre parisien (Théâtre de la Porte Saint Martin) et s’il ne s’agit pas d’un texte antisémite cela participe d’une réhabilitation qui s’inscrit dans l’air du temps.

Ainsi Gallimard, après avoir empoché un pactole avec la publication de plusieurs textes “retrouvés”, a vendu les droits pour l’adaptation de celui -ci pour la scène.

Mémoire courte

Catherine Robert, critique théâtrale, habituellement plus avisée, trouve évidemment dans son article paru dans La Terrasse (août/septembre) que la “langue [est] crue et jouissive […]” et estime que “[…] l’adaptation condense le propos en le rendant théâtral et efficace […]”.

Mais a-t-on besoin de cette tardive évocation de “[…] la boucherie imbécile et brutale de la guerre de 14 […]” de la part d’un idolâtre du nazisme qui a oublié d’en dénoncer les crimes. Comme s’il n’y avait pas eu sur ce sujet, les admirables Croix de bois de Roland Dorgelès ou À l’Ouest rien de nouveau de E. M. Remarque dont le livre fut brûlé lors des autodafés de 1933 en Allemagne et l’œuvre interdite par les nazis.

Affirmation mensongère, falsification, droitisation des médias…

Un ouvrage vient rétablir les faits historiques : Dépouiller en toute légalité – l’aryanisation des biens des juifs en Algérie par le régime de Vichy [Maison des sciences de l’homme 440 pages, 26 €e] de l’historien Jean Laloum.

Son ouvrage montre comment les représentants du régime de Vichy en place dans la colonie algérienne, alors non occupée par les troupes allemandes, mettent en place la spoliation des “biens appartenant aux résidents juifs”. Après le rappel historique de l’octroi de la citoyenneté française en 1870 par le décret Crémieux, il démontre “[…] comment le 7 octobre 1940, 3 jours après la promulgation du nouveau « statut des juifs » en métropole, les représentants de Vichy en Algérie abrogent le décret Crémieux et promulguent un statut les excluant des professions publiques, juridiques, universitaires ou imposant un numérus clausus […]” ainsi qu’un décret accompagné de dispositions mettant en place “l’aryanisation économique” c’est à dire l’expropriation des biens au profit de 2 900 “administrateurs provisoires ”, mis en place de décembre 41 à octobre 1942.

Cette étude historique, rigoureuse, bien documentée s’appuyant sur de nombreux cas individuels et richement agrémentée de photographies, est un démenti aux affirmations révisionnistes en cours et notamment celle affirmant “la protection” mise en place par Pétain et le régime de Vichy.

B. Foulon