L’attaque du Hamas, assurément dictée par des objectifs qui dépassent le cadre de la Palestine, a fait de nombreuses victimes civiles innocentes. Attaque surprise pour des services, réputés parmi les meilleurs au monde, d’information, de contrôle social et de blocus militaire d’un territoire complètement bouclé de quelques km2². Mais également pour les Gazaoui·es et l’ensemble des Palestinien·nes qui n’ont pas été consulté·es sur les conséquences prévisibles ; et aussi pour les Israélien·nes qui luttent contre les agressions du gouvernement d’extrême droite vis-à-vis de la justice et de la démocratie et dont le combat va être compliqué par la politique revancharde d’union nationale du pouvoir.
Les représailles de l’armée israélienne, assurément boostée par l’exécutif qui va tenter d’exploiter cette situation pour faire taire toutes les oppositions internes, ont fait une fois encore de nombreuses victimes civiles innocentes. Ce qui n’est pas une surprise, mais une habitude, avec ou sans motifs.
Les responsabilités et les crimes de guerres des acteur·trices de ces étapes dramatiques de ce conflit devront être établis et jugés.
Mais l’urgence c’est d’en finir avec les victimes civiles et les destructions, c’est d’éviter l’embrasement dans la région et plus largement. C’est donc se garder des scandaleuses prises de positions aussi décomplexées dans leur oubli du droit quand l’occupé résiste que timides jusqu’à devenir inexistantes quand l’occupant agresse. De telles déclarations ne font que mettre de l’huile sur le feu en légitimant par avance les massacres de la plus puissante des forces militaires en conflit, elles font de notre pays un des plus hypocrites sur ce dramatique dossier, et pour beaucoup achèvent de déconsidérer la gauche parlementaire.
C’est aussi cesser de se contenter de rappeler le droit international qui donne raison aux Palestinien·nes sur la plupart de leurs revendications et qui y compris reconnait le droit du peuple palestinien opprimé de se défendre par les armes. C’est surtout faire sans délai ce qui est possible à notre niveau pour tenter d’agir sur une situation qui risque de devenir explosive : produire des communiqués, des motions, des envois dans les ambassades ET AUSSI organiser rapidement des meetings, des manifestations :
– pour exiger de mettre un terme à l’escalade par un cessez le feu immédiat ;
– pour rappeler que la paix véritable et durable à laquelle aspirent les populations civiles, n’est pas la paix des cimetières, des prisons ou des camps et qu’elle ne se fera jamais sans la justice.
Car le problème est bien là : un peuple palestinien opprimé, colonisé, parqué, soumis à l’apartheid et au nettoyage ethnique ; un peuple sommé de survivre en exil, dans des prisons ou des camps de l’État juif, dans une prison à ciel ouvert, ou dans un Bantoustan dont “l’autorité” collabore avec l’occupant pour continuer d’exister. Ce peuple qui voit sa jeunesse, consciente que tout a été essayé sans résultats, faire le choix d’une lutte armée désespérée en dehors des cadres traditionnels de la résistance palestinienne est le plus souvent rongé par la colère et le culte des martyrs. Et parfois cette colère, ce désespoir éclatent, quand il le peut, où il le peut, comme il le peut, avec qui il le peut. Illégal ? terroriste ? Le droit n’est pas là, sauf pour celles et ceux qui ne reconnaissent que le droit du plus fort.
Et aussi pour affirmer haut et fort que dénoncer l’oppression de l’État d’Israël, les exactions des colons et des sionistes, ou promouvoir la campagne BDS, ce n’est pas de l’antisémitisme, ce racisme que nous combattons. Au même titre que celui à l’égard des Palestinien·nes doublé du suprémacisme du gouvernement d’extrême droite israélien, que nous dénonçons aux côtés des Juifs, Juives et des Israélien·nes anticolonialistes.
Émancipation tendance intersyndicale,
le 10 octobre 2023