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Du Proche-Orient

Le conflit entre la Palestine et Israël qui occupe mentalement et préoccupe la majorité d’entre nous se trouve réduit par nos dirigeant·es et un grand nombre d’officiel·les et de journalistes à une attaque terroriste du Hamas. Dans la version majoritaire, le terme de “guerre coloniale” n’est jamais prononcé.

Or les causes profondes de cet épisode particulièrement violent, meurtrier, tragique, au-delà de la nature religieuse du mouvement qui l’entreprend, sont en réalité à chercher dans la politique de colonisation éhontée menée depuis des décennies par Israël à l’égard des territoires palestiniens et qui s’est intensifiée avec la venue au pouvoir de Netanyahou lié aux religieux extrémistes et à l’extrême droite.

Çà et là dans la presse et à la radio cependant apparaît ce rappel politico-historique majeur, à contre-sens de la propagande gouvernementale débouchant sur le refrain bien connu de l’unité de la nation face au “terrorisme”, commode pour gommer les responsabilités de ceux et celles qui oppriment tout un peuple depuis des décennies le réduisant à une vie précaire, misérable, dans l’indifférence internationale.

Est précieux dans ce déferlement le recadrement des juristes1 : selon plusieurs d’entre eux le mot de “terrorisme” ne convient pas à l’offensive du Hamas car il suppose qu’on veut tenir toute une population dans la terreur, par l’effet de surprise et de sidération devant les effets meurtriers de l’intervention, en l’absence d’un contexte de guerre continue, latente ou ouverte. Or ce que réclament depuis toujours non seulement le Hamas mais les Palestinien·nes, c’est un territoire et le droit de vivre.

C’est donc, disent ces juristes, le mot de “guerre” qu’il faut employer, et par voie de conséquence de “crimes de guerre” quant aux actes commis par la Palestine, et en représailles par Israël dont les bombardements massifs et l’organisation d’un blocus alimentaire et d’énergie sont aussi contraires au droit international.

Le plus douloureux et inquiétant dans notre impuissance est de voir certains États et nos propres politiques de tous bords instrumentaliser à des fins partisanes, ici électoralistes, une tragédie dont on ne voit guère l’issue au moins dans un futur proche.

Prenons de la hauteur, rassemblons-nous et battons-nous pour exiger d’Israël un changement radical de stratégie et une reconnaissance des droits jusqu’ici piétinés du peuple palestinien.

Marie-Claire Calmus

  1. Le Monde du mardi 9 octobre et le journal de 13heures à France Inter le jeudi 11. ↩︎