Nous organiser contre les offensives du capitalisme patriarcal
Les luttes féministes ont gagné du terrain partout dans le monde ces dernières années. Des mobilisations en faveur de l’interruption volontaire de grossesse, aux mouvements de grève féministe en passant par la libération de la parole permise entre autres par le mouvement #MeToo, les femmes et les minorités de genre sont en première ligne des mouvements de lutte.
Elles sont devenues une composante à part entière du mouvement social, comme l’a montré le récent mouvement contre la réforme des retraites où, dans de nombreuses villes, des collectifs féministes ont appelé à des cortèges pour dénoncer les inégalités et discriminations véhiculées par les réformes ultra libérales.
Comme toujours dans le système dans lequel nous sommes, plus un mouvement prend de l’ampleur, plus il est réprimé et méprisé. Le contre-feu du gouvernement a été relativement rapide : sous couvert de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause du quinquennat, le gouvernement n’a de cesse de protéger sa classe et ses alliés accusés de viols ou violences sexuelles, à l’image du soutien honteux de Macron à Gérard Depardieu.
Pire encore, la France s’est tristement illustrée en refusant la définition du viol par le non-consentement lors de la mise en place d’une directive européenne de lutte contre les violences faites aux femmes.
En revanche les femmes sont devenues les moyens d’un “réarmement démographique” d’autant plus scandaleux qu’il charrie des valeurs sexistes mais aussi racistes, tant les politiques de stérilisation dans les territoires d’Outre-Mer nous restent en mémoire.
À l’international aussi, les luttes féministes sont réprimées ou instrumentalisées. Ces derniers mois, Israël s’est illustré par une instrumentalisation des mouvements LGBT en diffusant par exemple des images de l’armée israélienne avec le drapeau des fiertés. Dans le même temps, Aurore Bergé songe à supprimer les subventions aux associations féministes qui montreraient “la moindre ambiguïté” au sujet des attaques du Hamas du 7 octobre.
Partout dans le monde, on nous fait taire, mais cette volonté doit aussi être interprétée comme la preuve de la force du mouvement. Alors continuons nos luttes !
À l’heure où l’idée de grève féministe est de plus en plus médiatisée, nous pouvons tracer un chemin pour lutter ensemble contre ce système capitaliste, sexiste et raciste ! Nous avons les outils et de plus en plus de collectifs féministes s’en emparent : constructions d’assemblées féministes, organisations de soirées de soutien – comme les nombreuses soirées de soutien à la Palestine qui ont été portées aussi par les collectifs féministes –, prise de position contre l’armement d’Israël, revendication de moyens pour les centres d’IVG, organisation sur nos lieux de travail, avec la jeunesse mobilisée, avec les secteurs les plus précarisés ou en lutte. Notre force tient aussi à l’inventivité de nos luttes, à la joie militante que les collectifs féministes portent dans les mouvements sociaux.
Dans ce numéro, nous décortiquons les dernières attaques du gouvernement contre les femmes et minorités de genre, nous revenons sur les luttes féministes dans l’histoire et analysons aussi, dans le contexte scandaleux des JO 2024, le sens du sport, en particulier à l’école. Nous mettons aussi en avant les approches du travail par les femmes.
Comme nous le faisons depuis plusieurs années maintenant, ce numéro est écrit entièrement par des autrices… notre manière de montrer qu’une autre conception des choses est possible, de donner le monde à voir par nos yeux, aussi.
Parce que notre féminisme est nécessairement anticapitaliste, anti-impérialiste et anti-raciste, nous espérons que ce numéro vous donnera envie de rejoindre les luttes féministes partout où vous êtes !