Le congrès national du SNES s’est achevé par des débats sur l’action et les questions de solidarité internationale. Cette dernière séance a été difficile, difficulté en partie liée au fait de faire un congrès en « distanciel » : difficultés pour voter, délégué.es qui votaient sans avoir forcément les textes sous les yeux, parfois entorses au fonctionnement démocratique classique (ainsi l’impossibilité pour la section académique de Créteil de mettre au vote tous ses amendements sur le féminisme dans le syndicat), etc (*) (en tout cas, bravo aux militant.es qui ont géré l’informatique dans le congrès, la tâche était ardue).
Dans ce contexte Emancipation a présenté des motions de solidarité internationaliste (Algérie et catalogne), contre la répression, et bien entendu sur l’action. Nous avons aussi voté pour le texte de l’Ecole Emancipée sur la Palestine, et contre le texte inacceptable d’ « Unité & Action » qui renvoyait dos à dos le colonisateur (Etat israélien) et le colonisé (le peuple palestinien).
Nous reviendrons plus précisément sur ce congrès, ses débats et son bilan, sur notre site et dans notre revue. Ci-dessous, vous pourrez lire les interventions des délégué.es Emancipation.
(*) le niveau de certaines interventions dans le canal de discussion (« chat ») était parfois similaire à celui de certains échanges de lycéen.nes sur les applications de visio conférences qui se sont répandues depuis le confinement de mars 2020.
Intervention Emancipation : présentation du texte sur l’action
Sur ce qui justifie le dépôt d’une motion alternative,
Il y a la volonté d’accentuer la communication envers les collègues en les appelant à se mobiliser dès maintenant contre les lois liberticides autour de la question que nous sommes peut être entrain de changer de régime, et que le danger ne vient pas que du RN mais à différents niveaux de l’Etat et du gouvernement…
Sur les questions d’Education, il y a les divergences autour des mobilisations et formes d’organisation complémentaires du syndicalisme. On a entendu quelques S3 pousser pour que les caractérisations négatives des réformes se traduisent par des propositions en terme d’organisation et d’action. Ces mouvements sont pour nous des points d’appuis pour agir et pas des concurrents. C’est au passage en partie ce rapport hostile aux mouvements complémentaires qui nous incite à intervenir en défaveur du syndicalisme de service car le centre de gravité entre syndicalisme de service et syndicalisme de lutte nous semble mal placé dans les faits (malgré les déclaration sur le fait de marcher sur les deux jambes).
Sans être exhaustif sur nos propositions :
Par rapport au mouvement lycéen :
La répression a encore été forte ce matin au lycée de Bréquigny à Rennes et un élève est en garde à vue, la dernière fois des collègues s’étaient mises en grève pour protester. Il serait intéressant que les collègues puissent se protéger derrière une consigne nationale du syndicat majoritaire dans ces situations. Nous proposons que le SNES appelle les personnels à se réunir en AG pour exprimer leur solidarité, se mettre en grève et demande l’annulation des sanctions des lycéen.nes en cas de répression.
Par rapport aux associations d’enseignant.es comme l’APPEP qui appellent à la mobilisation pour l’annulation de l’épreuve de philosophie du 17 juin, et en soutien au mouvement lycéen toujours, le SNES devrait au moins se prononcer pour l’attribution du bac à tous / toutes les candidat.es voir suivre le SNETAP dans ses mandats.
Par rapport aux AED :
L’urgence de se mandater pour nous est liée au fait qu’ils et elles se mobilisent… le SNES devrait reprendre les revendications formulées par la coordination nationale des AED (qui contient la titularisation et reprend aussi des revendications qui ont été mises à tort en opposition dans certaines interventions) Le SNES devrait s’investir avec celles et ceux qui se mobilisent pour justement définir les contours de leur métiers.
Par rapport à des perspectives moins immédiates quoiqu’à préparer dès maintenant comme celles de la rentrée et de l’avenir que nous prépare Blanquer, notre motion fait aussi quelques propositions de positionnement et de pratiques.
Nous trouvons au passage dommage que l’amendement appelant les collègues à boycotter les démarches d’évaluation et d’auto-évaluation des établissements scolaires n’ait pas été intégré. Ce refus ne va pas dans le sens d’une communication qui donne la mesure des attaques qui attendent encore la profession avec notamment ce qui sortira du Grenelle de l’Education…
Pour la rentrée, nous proposons que le SNES appelle les personnels à se réunir en AG dès la pré-rentrée avec éventuel appel à la grève pour permettre aux AG de se tenir et de se coordonner en proposant de se mobiliser autour des revendications de rétablissement des postes supprimés, de la réorganisation de l’année en fonction de l’impact des mesures sanitaires et pour la restructuration des épreuves en baccalauréat terminale et nationale ainsi que plus généralement contre les contre réformes dans l’enseignement.
Intervention Emancipation : répression, Algérie, Catalogne
Je défends trois motions Émancipation :
1/ La 1ère « En finir avec la répression »
Dans l’Éducation Nationale se développe une vague de répression qui prend de nombreuses formes et s’attaque aux libertés individuelles, pédagogiques et syndicales.
Si cela est évoqué dans le point 7 de la motion « Action » présentée par la direction il est absolument nécessaire que notre congrès apporte des précisions afin d’assurer sa solidarité avec nos collègues visés par des procédures disciplinaires, des poursuites, des condamnations. Pour aussi dénoncer des mesures de rétorsion plus mesquines et pour condamner la répression qui touche nombre de lycéens.
Nous proposons donc :
– que notre congrès se prononce pour l’abandon de toutes les poursuites et pour le retrait de toutes les sanctions ;
– qu’il appelle l’ensemble de la profession à poursuivre et amplifier les mobilisations en solidarité avec les collègues inquiétés ou sanctionné ;
– qu’il condamne solennellement la répression qui frappe le mouvement lycéen ;
– qu’il mandate le secrétariat national et le secteur juridique pour poursuivre l’accompagnement des collègues dans le respect des choix de défense individuels et collectifs des premiers concernés.
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Sur les questions internationales, il est important d’ajouter
2/ Le soutien à apporter à la mobilisation en Algérie
En Algérie, depuis février les mobilisations pacifiques du Hirak ont repris. Et aujourd’hui, se développent des mobilisations sociales : grèves des enseignants, des postiers, et d’autres encore.
Le pouvoir accroît encore la répression : des centaines de citoyens sont arrêtés, des universitaires sont inculpés, condamnés à la prison…
Et, le chef d’état-major de l’Armée menace, parlant d’« atteinte à l’unité nationale ».
Notre congrès se doit d’apporter son soutien à la mobilisation populaire en Algérie, celle des enseignants, des travailleurs et de la jeunesse.
Il faut aussi le dire : la politique extérieure de Macron s’inscrit dans la continuité de sa politique intérieure. Alors que le pouvoir est en difficulté, E. Macron apporte son soutien au Président Tebboune, alors que ce dernier ne cesse de criminaliser les mobilisations. Et c’est inacceptable, nous devons le dénoncer.
3/ Nous devons aussi prendre position contre la répression en en Catalogne :
Depuis le 14 octobre 2019, 9 militants catalans connus sont en prison ou exilés pour avoir organisé un référendum sur l’indépendance de la Catalogne. Ils n’ont commis aucune violence.
Et le pouvoir central non seulement considère ce vote comme nul et non avenu, mais il a fait condamner les organisateurs de cette votation.
Nous ne nous prononçons pas en faveur d’une forme particulière (autonomie ou indépendance). Mais, attachés au droit à l’autodétermination des peuples, nous devons exiger la libération de ces personnes, leur amnistie.
Nous appelons donc à voter ces trois motions Et aussi à écouter le chant L’Estaca, dont nous avons entendu, tout à l’heure, quelques notes… été rapidement coupées : https://www.youtube.com/watch?v=2wRqbwHS4Hs