Le Conseil national de la FSU (24-25 septembre 2024) se tenait dans un contexte de préparation du budget, et de préparation de la « journée d’action » CGT-FSU-solidaires du 1er octobre. Et justement, force est de constater que les directions syndicales restent dans le cadre de « journées d’action » routinières et de la demande d’un « bon dialogue social »… alors que nous sommes dans ne situation très dangereuse pour le monde du travail et la jeunesse. Le gouvernement Barnier qui se met en place a pour programme une politique réactionnaire et d’austérité brutale, comme le montrent déjà les propos de Retailleau à l’Intérieur.
Le Conseil national a abondamment discuté de la situation, ci-dessous les interventions d’Émancipation sur les enjeux d’actualité et les perspectives d’action. Vous pouvez en prendre connaissance ci-dessous, ainsi que la motion d’Émancipation sur l’action. <br>La FSU a aussi discuté de questions internes, comme par exemple l’intégration dans les statuts fédéraux de la cellule contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). A ce sujet, le débat n’est pas tranché, par exemple sur la question du lien entre les cellules VSS existantes dans les syndicats nationaux (SNES, SNUipp, etc.) et la cellule VSS de la FSU : une personne peut-elle saisir directement la cellule de la FSU. Là encore, vous pourrez consulter ci-dessous la position d’Emancipation sur le sujet.
Intervention Emancipation sur la situation politique et sociale
Ces institutions de la cinquième République, que Macron aura achevé de déconsidérer, n’auront pas fini de nous sidérer.
Nous avons vu ce qu’a donné le gouvernement à la démission qui n’en finissait pas : l’aggravation par d’innombrables décrets de la politique de Macron et d’Attal.
Nous allons voir ce que va donner le gouvernement de combat de Barnier, programmé pour poursuivre et aggraver, sans le moindre état d’âmes, les politiques battues dans les urnes.
Ce quarteron de réactionnaires avalisé par le RN devra en plus passer sous ses fourches caudines pour rester en place. Ce qui ne lui sera pas difficile, vues les positions des ministres qui du premier au dernier n’ont jamais été si proches de celles de l’extrême droite.
Benoît Teste nous a asséné que « le gouvernement s’impose à nous », qu’il s’impose c’est indéniable, mais surtout pas « à nous », surtout pas un tel gouvernement :
En effet, on pensait avoir touché le fond avec l’éphémère Oudéa-Castéra ; mais, ils ont trouvé des clones : Genetet, une députée de l’étranger promue par Attal pour achever d’imposer le choc des savoirs. Elle ne connaît de l’éducation que sa défense de l’enseignement privé et le service national universel et ses maîtres mots sont « souffrance, discipline et rites », ses acquis politiques à la commission de la défense nationale. Et son alter-ego Portier n’a rien à lui envier dans son soutien au privé et au choc des savoirs. Quant à l’Intérieur, Retailleau coche toute les cases de l’extrême droite : dans son discours d’intronisation il n’a répété qu’un mot « l’ordre » : l’ordre des Chouans, l’ordre des homophobes, l’ordre des anti-ZAD, l’ « ordre » des anti-immigrés, l’ « ordre » des anti manifestations, l’ « ordre » qui prétendait couper les subventions à la très sage LDH et qui n’hésiterait pas à dissoudre la FSU, l’ « ordre » qui traite les manifestant.es pour Nahel de « Français de papiers », concept cher aux fascistes des années trente, dont il représente l’horrible succession. Et j’insiste la dessus pour celles et ceux qui ne veulent toujours pas voir de similitudes entre ces années de plomb et la situation actuelles.
Mais si les similitudes avec les années 30 et la monté du fascisme sont dramatiques, elles s’arrêtent là. Le Front populaire nouveau a les défauts du vin nouveau : il est instable, court dans la bouche et peut facilement tourner en vinaigre. Alliance électorale fragile, il n’a rien à voir avec le front de 36. Certes en tête au deuxième tour des législatives, il en est actuellement réduit à cultiver ses divisions, à mener une fronde parlementaire de plus et à manifester sans les syndicats et surtout sans les millions de travailleurs -ses en grève qui ont contraint le Front Populaire de 36 à adopter des réformes sociales.
Trop d’électeur-trices de gauche et il faut bien le dire de syndicalistes, voire de responsables syndicaux –cales (je ne parle bien sûr pas spécialement de la FSU… mais quand même…) ont pensé que le grand soir était arrivé. Iels se sont aveuglés sur la réalité du régime bonapartiste à la main du mégalo-psycho-(on pourrait ajouter d’autres qualificatifs)-libéral Macron qui ne connaît qu’une politique, celle que lui dictent les forces qui l’ont fait élire président.
>Résultat : le découragement, le dégoût comme a dit Benoit et malheureusement la démobilisation devant le mépris des ennemis de classe. Et ce n’est pas un premier octobre, journée d’action isolée deux semaines avant les vacances, qui est en mesure de secouer cette morosité.
Pour le secouer, l’urgence, c’est de secouer le train-train des habitudes syndicales qui ne permettent plus de gagner depuis des décennies (oui la présidente me propose de terminer mon intervention, mais si je me suis interrompu ce n’est pas pour cela, mais parce que je ne voudrait pas que ce que je vais dire passe pour provocateur) et qui font penser aux travailleurs –ses que les directions syndicales sont soit incompétentes, soit plus ou moins acquises à l’adversaire, soit un peu des deux…
Le dialogue social, c’est fini ! Il ne s’impose pas plus à nous que le gouvernement, il faut l’acter et le f aire largement savoir, en proposant un véritable plan de mobilisation.
Les luttes ne se décrètent pas, mais se construisent avec le terrain, dès les lieux de travail avec les AG unitaires coordonnées à tous les niveaux. Mais aussi avec les lieux de vie, dans les quartiers populaires, comme dans les campagnes. L’antifascisme et la dynamique électorale du NFP ont constellé le territoire de collectifs divers qu’il faut contribuer à faire vivre et à unir partout où c’est possible, avec l’objectif des résister à la politique gouvernementale, d’imposer des victoires revendicatives et de contrer le RN dans la pratique, aussi bien dans les entreprise que dans la rue et dans les urnes.
C’est seulement sur ces bases, que le premier octobre peut-être une étape d’un plan de remobilisation que Benoît appelle de se vœux, sans lui donner de contenu précis.
Encore faut-il le construire… Souhaitons que ce soit le rôle de ce CDFN ?
Intervention Emancipation sur la cellule contre les violences sexistes et sexuelles
Nous avons été au groupe de travail sur les VSS (deux camarades qui se relaient). Nous rejoignons les positions exprimées du SNUIPP et du SNUTER.
Nous aurions aimé que la phrase : « toute personne peut saisir la cellule… » ait été intégré aux statuts. Bien sûr, nous nous inscrivons dans l’esprit de synthèse cher à la fédération et nous entendons que ce ne soit pas possible, mais nous aimerions que cette phrase soit intégrée au Règlement intérieur.
Nous regrettons que le blocage puisse provenir d’un seul syndicat : c’est une vision particulière du consensus.
Il est questionnant de ne pas laisser la liberté aux victimes de saisir la cellule qu’elles préfèrent : il est évident qu’il est difficile de saisir une cellule d’un syndicat lorsque l’on met éventuellement en cause les responsables de sections de ce même syndicat. Cela mènerait certaines victimes à se taire et à ne pouvoir dénoncer les agissements.
Intervention Emancipation : présentation de la motion Emancipation sur l’action
Macron et sa politique ont été largement rejetés tant lors des manifestations que dans les urnes. Et que fait-il ? Il choisit un gouvernement de droite réactionnaire, dont un ministre délégué qui se fait le chantre de l’école privé, alors que les conditions de la rentrée sont particulièrement difficiles et mettent les personnels en souffrance dans l’école publique.
C’est une offensive majeure contre la Fonction Publique qui s’annonce. Foin de dialogue social alors que la bourgeoisie exige ses dividendes qui s’accompagnent de son lot d’inégalités, de concurrence, de destructions de vies, de violence et de guerres… Cette politique implique un autoritarisme et une violence d’État accrus comme en Outre-mer.
Le syndicalisme doit se lier à celles et ceux qui sont en première ligne : les précaires, les jeunes, les femmes, les minorités de genre, les populations discriminées…
La journée du 1er octobre peut constituer cette première étape si elle s’inscrit dans un plan d’action et n’est pas une Nième journée d’action isolée.
L’enjeu est de construire un front commun pour obtenir satisfaction :
– abrogation des contre-réformes, en premier celle des retraites ;
– rattrapage des salaires ;
– recrutement à hauteur des besoins ;
– réemploi et titularisation des précaires.
Ce front commun, pour réussir, doit se construire dans le cadre d’Assemblées Générales souveraines.
Ce n’est qu’à ces conditions que la grève du 1er octobre sera un succès.