Émancipation


tendance intersyndicale

Congrès de la FSU, quatrième jour (03/02) : thème 1, éducation

Le congrès de la FSU aborde maintenant les questions éducatives. C’est une question centrale, car la FSU est la première organisation – et de loin – dans l’Education : à grande organisation, grandes responsabilités.

De nombreuses revendications pertinentes ont été intégrées. Toutefois, la direction de la FSU reste dans une logique consistant à revendiquer des améliorations (baisse des effectifs des classes, créations de postes, etc.) dans le cadre du système existant pour le démocratiser… sans remettre en cause ses fondements même, faut d’une perspective anticapitaliste. Et sans non plus remettre en cause totalement la politique éducative du pouvoir.

Emancipation a défendu la perspective de se battre pour une école sans hiérarchie des savoirs et sans tri social, dans le cadre d’un changement de société. Ce qui suppose au préalable de mettre en échec la politique de ce pouvoir, et en particulier de se battre pour l’abrogation / le retrait de ses contre-réformes.

Voici ci-dessous les interventions, motions et amendements d’Emancipation dans ce débat (la plupart des amendements et motions sont au bas des interventions, les autres sont ci-dessous).

Intervention Emancipation : abrogation des réformes Blanquer, cités éducatives

Au moins une fois dans sa vie, Blanquer a dit quelque chose de vrai. C’était le 11 janvier dernier sur BFMTV : « On ne fait pas grève contre un virus », a-t-il déclaré. Nous aimerions, au nom d’Emancipation, que le congrès de la FSU donne raison au Ministre en affirmant dès son préambule que nous avons subi bien pire depuis 5 ans que la crise sanitaire : ce sont et les réformes Blanquer.

Dès notre préambule, nous devons en revendiquer l’abrogation, et l’abrogation dans leur ensemble. C’est le sens de l’amendement 3 que nous défendons [1]. Quelle réforme lancée ou mise en œuvre depuis 5 ans par le Ministère a apporté quoi que ce soit de positif aux personnels ? Le Grenelle de l’Education ? La réforme des concours ? Les réformes du bac et des lycées ? La loi Blanquer ? Choisissez votre préférée.

La synthèse réalisée par les rapporteuses et rapporteurs sur le thème 1 n’est de notre point de vue pas mauvaise mais on aimerait quand même rajouter le mot « abrogation » un peu partout. Non seulement il ne nous fera pas perdre de voix aux élections professionnelles mais il fournira aussi un point d’appui aux militantes et militants qui animent les luttes sur le terrain. Le projet d’une maison commune avec la CGT et Solidaires passe également d’abord par l’unification de nos revendications.

Abrogation, suppression, cela vaut aussi pour les cités éducatives. Le SD 94 en a montré les dangers ; le §65 du thème 1 en fait de même parfaitement le constat [2]. Il faut en tirer les conséquences en allant plus loin que la demande d’arrêt de leur développement [3]. C’est le sens de l’amendement 23 proposé par Emancipation [4].

Nous pouvons à ce propos comprendre la lassitude des déléguéžežs de voter en série les amendements que nous déposons. Mais ce qui nous contrarie, nous, c’est ce que nous avons entendu à plusieurs reprises de la part de la tribune dans certaines commissions, à savoir qu’on n’était pas là pour discuter du fond. Déposer amendements et motions, c’est la seule possibilité qui nous est offerte dans le cadre du congrès pour faire entendre nos positions. Et, puisque Raymond Jousmet n’aura que 2 minutes pour parler du SNU et défendre la motion 3 qui prend déjà bien 5 mn à lire, j’arrête là mon intervention pour que vous puissiez commencer à la parcourir.


[1] C’est pourquoi Emancipation proposait, à la place de « La crise sanitaire a révélé et amplifié les inégalités sociales et territoriales d’éducation et de formation », d’écrire remplacer par « Cinq années de Blanquer au Ministère ont amplifié les inégalités à un niveau bien supérieur à la crise sanitaire, qu’il a d’ailleurs utilisée pour ce faire. Le préambule à l’ambition d’un service public pour le progrès social, c’est d’abord de revendiquer l’abrogation des réformes Blanquer.

[2] Amendement Emancipation : « Les cités éducatives et les Territoires éducatifs ruraux s’inscrivent dans l’idéologie néolibérale des « territoires apprenants » qui décrète que l’on peut apprendre et se former partout ailleurs qu’à l’école, ce qui participe à diluer l’importance d’un service public d’éducation de qualité. Une « gouvernance » s’imposerait aux conseils d’école et d’administration des collèges, minorant la place des personnels, et promouvant l’entrisme d’associations non partenaires de l’Ecole avec à sa tête le trinôme principal de collège – délégué du préfet – chef de service de la collectivité ».

[3] La tribune proposait comme formule d’ « équilibre » : la FSU demande « l’arrêt du développement des cités éducatives et une réelle évaluation du dispositif » (sic).

[4] Retiré au profit de l’amendement déposé par le SD 94, « la FSU demande l’abandon des cités éducatives ». Pourtant également soutenu par le SD 75, cet amendement a obtenu légèrement plus de voix contre que pour (190P, 192C, 93A, 93NPPV) !

Intervention Emancipation : Grenelle de l’éducation, expérimentation dans les écoles de Marseille

Mon intervention porte sur 2 amendements et la motion expérimentation.

Le 1er amendement, fin du paragraphe 19, a été adopté dans le 94, mais refusé au national. Il concerne le Grenelle de l’éducation. Pour rappel, ce sont des personnalités choisies par le ministère, encadrées par des cadres du ministère et que leurs propositions reproduisent exactement les conceptions libérales du ministre. Pour cela la FSU doit demander le retrait des engagements du Grenelle de l’éducation et refuser toute discussion sur ces bases.

Le 2ème amendement, fin du paragraphe 20, porte sur 1 aspect de l’expérimentation marseillaise. Vu l’importance historique qu’elle revêt puisque qu’elle est destinée à mettre en musique la loi Rilhac, et les propositions du Grenelle ensuite, la FSU, avec le SNUipp, doit aller au-delà des déclarations et tout mettre en œuvre pour qu’aucune équipe éducative n’accepte l’expérimentation.

Quant à la motion, elle concerne l’expérimentation marseillaise et lui donne une perspective plus qu’ inquiétante non abordée dans ce congrès. D’où la motion. Elle fait référence aux objectifs du gouvernement concernant le bâti scolaire et l’opportunité qui se présente à lui à Marseille.

Le gouvernement a, en ligne de mire, les préconisations du Grenelle. À savoir l’entrepreneurisation et la gestion managériale au profit de l’économie, et leur transposition dans le quotidien des enseignants, et cela passe par le bâti scolaire. La motion fait état de la toute nouvelle cellule ministérielle du bâti scolaire et des déclarations explicites de son chef qui dit que le bâti doit venir « en appui des réformes du gouvernement », et que le premier enjeu, c’est le numérique. Il s’agit aussi d’ouvrir l’école aux nouveaux partenaires de l’éducation nationale, pour entre autres permettre une mutualisation des locaux ce qui avait été largement rejeté par la profession en 2013 avec les rythmes scolaires.

Quant au numérique, le problème, c’est qu’il ne s’agit pas de le mettre au service de l’acquisition des savoirs. Non. C’est le cabinet McKinsey, recruté par Blanquer pour 1/2 million d’euros et auditionné par le Sénat qui le dit. Le ministre veut « adapter le métier d’enseignant aux tendances probables du marché international de l’enseignement numérique ».

On le voit la responsabilité de la FSU est grande qui doit tout faire pour informer largement et empêcher le gouvernement de mettre en œuvre ses projets de « startup nation ».

Intervention Emancipation : présentation de la motion Emancipation sur le thème 1, Service national universel (SNU)

Le projet que nous portons dans notre motion « Porter une alternative anticapitaliste pour le système éducatif » s’appuie sur la conviction que le capitalisme n’est pas réformable, c’est-à-dire qu’il n’est pas compatible avec un réel progrès social, et qu’il s’agit en conséquence de penser le renversement total du capitalisme pour y substituer une toute autre société. Et dans cette perspective il ne s’agira pas pour nous de maintenir le système éducatif existant en proposant des aménagements, mais de penser et convaincre qu’une autre société est possible, une autre école est possible.

Cette autre école, elle peut se construire autour de quelques principes qu’il n’est pas possible de détailler ici faute de temps. Je me bornerai à en évoquer quelques uns :

C’est  dans le cadre d’un système éducatif laïque et unifié par la nationalisation des écoles privées qu’il sera possible de garantir à toutes et tous les jeunes, dans une scolarité sans rupture ni orientation jusqu’à 18 ans. Une culture scolaire polytechnique réellement émancipatrice, transmise par une pédagogie fondée sur la coopération et l’apprentissage de la démocratie.

C’est à l’aune de cette boussole que nous pouvons mesurer l’ampleur des régressions éducatives portées par les réformes Blanquer, et aussi l’urgence des revendications immédiates qu’il nous faut défendre.

Et parmi les régressions j’attire votre attention sur une seule : le Service National Universel (SNU), ce qui me conduit à défendre aussi notre amendement sur le paragraphe 115. Nous sommes globalement d’accord sur la caractérisation qui en est faite dans le texte des rapporteurs et rapportrices. Mais  nous proposons un amendement qui porte sur deux points :
– D’une part une formulation offensive et dynamique, plutôt qu’une formulation négative et passive : remplacer « ne pas se porter volontaire » par boycotter.
– D’autre part proposer, et nous disons bien proposer, aux sections départementales de rejoindre les collectifs NON au SNU, qu’il s’agit pour nous d’abroger et non d’améliorer ou amender.

Intervention Emancipation : recrutement et concours

J’interviens en défense de l’amendement 52 et de la motion sur le recrutement.

Nous voyons, avec un triste éclat sous Macron-Blanquer comment les supposées valeurs de la laïcité – la FSU rappelle dans ses textes que la laïcité est un principe – comment donc ces supposées valeurs sont instrumentalisées contre les agentes et les agents.

La FSU doit exiger qu’aucun concours ne comporte une épreuve visant à vérifier l’adhésion idéologique du ou de la future agente avec le pouvoir en place.

Ceci m’amène à présenter notre motion sur le recrutement. J’en profite pour rappeler nos interventions, nos amendements, nos motions sont des contributions au nécessaire débat qui témoigne de la richesse d’une fédération où se pratique le droit de tendance, un atout précieux. Je vous invite à lire ces contributions pour vous faire un avis.

Je ne vais pas revenir sur l’état des lieux, cela a été dit et c’est alarmant. Voici donc notre contribution au débat pour que la FSU mette en chantier ce qu’il convient de faire :
– Des pré-recrutements à l’issue du bac ouvrant droit au statut de de fonctionnaire pour favoriser l’accès à la profession aux jeunes issu-es des classes populaires.
– La reconnaissance salariale  pleine et entière du niveau bac +5.
– Une entrée progressive et accompagnée dans le métier afin de permettre de conjuguer le mieux possible les acquis théoriques et la pratique en dehors de toute pression.


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