En finir avec l’austérité et la caporalisation
Après un an et demi de crise sanitaire, la rentrée s’est encore déroulée sous le signe des suppressions de postes et des sous effectifs de personnels dans les écoles, collèges et lycées.
Dans plusieurs établissements de région parisienne mais aussi du Var, la rentrée a commencé par des mobilisations des personnels face à des conditions insupportables : des heures en moins dans les dotations horaires globales, des postes d’infirmier·es, d’AED, d’AESH non pourvus ont poussé les collègues à faire grève, à refuser de prendre leurs classes à la rentrée. Le lycée Paul Éluard à Saint-Denis, par manque de personnel, a même fermé sa cantine, qui permet à certain·es élèves d’avoir un seul vrai repas dans la journée. Comment faire fonctionner un lycée sans cantine, sans infirmier·e ? Comment accueillir les élèves en situation de handicap avec des AESH en nombre insuffisant et en charge de plusieurs élèves “grâce” aux PIAL ? Comment faire baisser les effectifs par classe avec des dotations horaires en constante diminution ?
Plus globalement en France, 1 800 postes du secondaire ont été supprimés cette année et 7 000 depuis le début du mandat de Macron. Dans de nombreuses académies, les contractuel·les proches de la CDIsation n’ont pas été renouvelé·es et de nouveaux ont été recruté·es. En dépit de ces conditions de travail dégradées, la grève du 23 septembre a été un échec. La grève de 24h sur des revendications fourre-tout ne mobilise pas les personnels car elle ne permet pas de construire un rapport de force à la hauteur des attaques, au contraire des actions de grève reconductible sur des revendications précises portées par les assemblées générales locales, les plus actives et coordonnées entre elles.
Pourtant Blanquer-Macron poursuivent leur politique de destruction de l’éducation. Ils insufflent la la caporalisation dans l’Éducation nationale.
La loi Rhilac, adoptée en commission le 22 septembre, crée la fonction de directeur·trice d’école ayant autorité sur les enseignant·e et vise à abolir de fait le caractère collégial et démocratique du conseil des maître·sses.
Du côté du secondaire, un décret paru en juillet modifie les bacs généraux et technologiques pour les passer à 40 % de contrôle continu. Il entraîne l’obligation pour tout lycée de faire son propre projet local d’évaluation. Ce projet a pour but de “créer une équité” entre les candidat·es avec du contrôle continu (sic). Les projets d’évaluations sont de vrais pièges pour chaque enseignant·e puisqu’il entérinerait la manière dont chacun·e évalue ses élèves, au mépris de l’adaptation à la classe et de la liberté pédagogique. Il permettrait des recours et dans ce cas, il est évident que les personnels de direction se défausseraient. Les conseils d’enseignement, partout en France, en ce moment, sont réunis et sommés de prévoir de façon contraignante leurs modalités d’évaluation. Les inspecteur·trices, les chef.fes d’établissement font du zèle et exigent des compte-rendus détaillés. Ils/elles entendent imposer que l’enseignant·e devienne l’artisan de son aliénation.
Quel rapport avec la création de hiérarchies intermédiaires ? Les projets donnés par les équipes doivent être validés en conseil pédagogique. On se doute que les équipes les moins dociles seront mises au pas. Le conseil pédagogique, non élu, est une chambre d’enregistrement des volontés du/de la chef·fe d’établissement qui ne se privera donc par d’imposer ses vues sur l’évaluation.
Quant au projet de recrutement local des enseignant·es, comme l’expérimenation voulue par Macron à Marseille, il éclaterait le caractère national de la Fonction publique d’État et le système éducatif ressemblerait à celui des anglo-saxons.
Face à ces différents reculs, il faut cesser immédiatement d’en “négocier” les conditions, exiger clairement le retrait de la loi Rilhac, de l’expérimentation de Marseille, du projet local d’évaluation, en refusant les hiérarchies intermédiaires et en exigeant le retour à un bac national avec des épreuves terminales.
Marine Bignon (21)