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Araignée

Araignée ou libellule, disait Prévert. Les papes précédents étaient faciles à classer : Jean-Paul II (j’en retiens un, comme disait Coluche) était en croisade contre ce qu’il croyait être le communisme. Et Benoît XVI était surnommé le “panzer cardinal” en souvenir de son passé dans les jeunesses hitlériennes. En France, la “déchristianisation” s’est accélérée ces dernières années et on réalise que ça n’empêche absolument pas la montée des pires idées réactionnaires, voire fascistes.

François a perpétué l’anti-féminisme de l’Église ou l’opposition à l’avortement (les médecins qui les pratiquent étant qualifiés de “sicaires” = tueurs à gages). À l’heure où, au nom de la religion, des États l’utilisent pour faire les pires horreurs (Israël, Arabie Saoudite, États-Unis, Iran …), à l’heure où le pire cléricalisme se développe à nouveau en France avec des hommes comme Retailleau, François a eu quelques gestes : ses visites à Lampedusa et Lesbos, ses coups de téléphone quotidiens au curé de Gaza… Mais il n’est jamais allé plus loin. Il n’a jamais utilisé son rôle pour faire changer les choses. Il n’est pas l’héritier des religieux collabos comme Pie XII ou le cardinal Gerlier, mais ce n’était pas un “pape de gauche”. Tout simplement parce que ce concept est un oxymore.

Gaza

La guerre à Gaza n’est plus une simple confrontation militaire menée à coups de bombes : elle est devenue un projet stratégique dont l’objectif profond est de vider Gaza de sa population, en imposant une nouvelle réalité démographique, sans déclaration officielle. Ce projet repose sur ce qu’on appelle les “outils doux du déplacement forcé”. Pas de déportation directe, pas d’ordre d’évacuation total, mais un étouffement lent, brutal, prolongé, qui pousse les gens à partir par eux-mêmes, en emportant les restes de leurs maisons et de leurs souvenirs, croyant – à tort – avoir fait ce choix librement.

À Gaza, la faim n’est plus un événement exceptionnel : elle est devenue une routine quotidienne, qui se répète sur des tables brisées, dans des tentes déchirées, au fond de cœurs remplis de peur et d’impuissance. Depuis le début de l’agression israélienne en octobre 2023, la bande de Gaza a basculé dans une phase sans précédent d’effondrement alimentaire, suite à l’arrêt complet des chaînes d’approvisionnement et à la fermeture des points d’entrée des biens essentiels, en tête desquels la farine. Les pains ont disparu des tables, et la vie des habitant·es est devenue une quête incessante d’un repas qui ne rassasie pas, mais qui maintient les survivant·es à flot.

Ce sont des extraits de ce que le représentant de l’UJFP à Gaza envoie quotidiennement. Face au silence complice de l’Occident, plusieurs solidaires dont des soignant.·es qui ont pu aller à Gaza en 2024, ont lancé le 31 mars une grève de la faim itinérante.

Gaza toujours

Peut-être que commencent à être entendus les propos tenus par Fatma Hassouna, photographe de 25 ans, partenaire du film Put Your Soul on Your Hand and Walk présenté à la sélection de l’Acid au Festival de Cannes, et tuée le 16 avril à Gaza en même temps que dix autres personnes : “Quoiqu’ils fassent ils ne pourront pas nous vaincre ”. Pourquoi lui demande sa partenaire de film : “Parce que nous n’avons rien à perdre” .

Internationale

En attendant (mais on commence à s’impatienter) que la nôtre devienne le genre humain, une autre internationale est entrée en fonction. Certes, elle a des contradictions, America First, au nom de ses intérêts marchands, taxe aussi ses amis. C’est parce que le capitalisme ultralibéral est en crise que le monde s’est truffé de soudards meurtriers. Le nouvel impérialisme maintient son pré carré : soutien total aux génocidaires israéliens et bombardements sur le Yémen pour “protéger” les routes commerciales indispensables. Mais cet impérialisme abandonne apparemment la politique “bloc contre bloc” et des alliances considérées jusque-là comme contre nature sont à prévoir.

Aux États-Unis, la résistance au néofascisme est encore à ses débuts : universités, recherche scientifique, fonctionnaires… commencent à manifester. Mais pour l’instant, on ne voit pas d’alternative. L’establishment se rallie à Trump et le parti démocrate est incapable de proposer une autre forme de capitalisme comme Roosevelt avait su le faire il y a près d’un siècle.

Tunisie

Kaïs Saïed avait été élu en 2019 avec la réputation d’être un grand spécialiste du droit constitutionnel. Il a très vite enterré tout ce qui restait de la révolution de 2011. Toutes les oppositions sont traquées et emprisonnées. Quarante personnalités d’opposition ont été condamnées le 19 avril pour “complot contre la sureté de l’État” à des peines allant de 13 à 66 ans de prison. Les avocat·es n’ont pas été autorisé·es à plaider. Tous les courants politiques sont touchés. Comme dit le proverbe, “le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument” .

Turquie

Quand on est un dictateur qui a gagné de justesse, et en bourrant un peu les urnes, les dernières élections et quand tout prouve qu’après 22 ans de pouvoir sans limite, on va perdre les suivantes, il n’y a plus qu’une seule alternative : emprisonner son principal opposant.

Erdogan a tout réprimé : les Kurdes, les manifestant·es, les journalistes, les mouvements féministes ou démocratiques… Les prisons turques sont pleines de détenu·es politiques, elles sont parfois devenues des mouroirs.

En arrêtant Ekrem Imamoglu, réélu maire d’Istanbul avec une confortable majorité en 2024, Erdogan va se heurter à une très forte opposition. Le Parti Républicain du Peuple, issu du “Kémalisme”, est majoritaire dans les grandes villes. La disparition de toute forme de démocratie et la crise économique va lui permettre de conquérir de nouveaux bastions. Erdogan s’appuie de plus en plus sur un mouvement nationaliste et néofasciste : les “Loups gris”. Mais l’appel, depuis la prison, d’Abdullah Öcalan à cesser la lutte armée au Kurdistan enlève à Erdogan sa stature de garant de l’unité du pays. Il y a des manifestations dans tout le pays.