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Ukraine : la solidarité en actes

Depuis le début de la guerre la solidarité avec le peuple ukrainien ne se dément pas. Les appels à manifester sont nombreux, les initiatives concrètes, qu’elles soient syndicales ou associatives, se multiplient. Comme par exemple celle des ouvriers métallurgistes allemands de Brême et belges de Gand, qui ont organisé des convois d’aide avec leur syndicat, ou encore le convoi prévu au départ de Dijon à la suite de la 4ème rencontre Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Émancipation tendance intersyndicale en a soutenu plusieurs, nous publions ci-dessous le compte rendu de l’une d’elles, qui témoigne de la difficulté de mise en œuvre.

Trois membres de l’association Medina en mission en Ukraine

En route vers l’Ukraine

Réfugiée à la frontière roumaine

Après que le conseil d’administration de l’association ait mandaté Franck, Manuela et Willy pour une mission prospective en Ukraine, les voilà embarqué·es le dimanche 6 mars sur un vol pour Iasi (Est de la Roumanie) grâce au travail préparatoire de Lili, Patrice et Philippe.

L’arrivée, plus tardive que prévue, oblige l’équipe à chercher un hôtel sur place. À la quatrième tentative, ils déposent leurs bagages au Continental et rencontrent Daniel, professeur parfaitement francophone et aussi professionnel du tourisme qui les met en relation avec un premier contact, Micha en Ukraine.

Lundi 7 mars, cap au nord ! Entre bus et taxi le trio arrive à Siret sur la frontière ukrainienne.

Zone de Texte: Réfugiée à la frontière roumaineRemontant la foule des réfugié·es qui se bousculent à la frontière d’Ukraine, Yaroslava, jeune ukrainienne, est intriguée par ces français entrant dans son pays. Elle propose à l’équipe d’embarquer dans son véhicule pour Tchernivtsi en Ukraine à 50 km de la frontière.

Danick, son beau-frère, et elle offrent rapidement leur aide aux berrichons en cas de difficulté.

À 18h, à Tchernivtsi (capitale régionale de plus de 200 000 habitant·es) par un froid de canard, Micha et Oleg, son gendre, accueillent les berruyers pour un dîner bienvenu. De la très bonne tisane locale permet à l’équipe de passer une nuit réparatrice.

Le travail de la mission

Micha est député de la région et organise le mardi matin la visite d’une école de son village transformée en Centre de Transit accueillant cent réfugié·es chaque soir.

C’est l’occasion d’ébaucher un premier projet (fourniture d’équipement d’accueil et de cuisine).

Reconduit par Micha à Tchernivtsi, le trio français apprend que leur point de chute dans la ville n’est plus possible (l’hôtesse doit accueillir sa famille fuyant les combats).

Après un coup de fil à Yaroslava, celle-ci héberge sans hésiter la mission pour toute sa durée dans son appartement ; elle-même allant s’établir chez sa sœur. Les trois membres sont confondus d’émotion !

Grâce à cette générosité, le travail entre dans sa phase efficace et les trois jours suivants sont mis à profit pour de multiples rencontres (association d’accueil et d’enregistrement des réfugié·es, de tri et de répartition de médicaments et biens de première nécessité ; maternité, élu·es de la ville, hôpital militaire, hôpital régional)

C’est avec l’hôpital régional que se concrétise une convention de fourniture de deux blocs opératoires y compris tout le matériel afférent.

Le retour de mission

Le vendredi, alors que l’heure du bilan sonne, Franck, Manuela et Willy sont satisfaits de pouvoir présenter à leur conseil d’administration trois projets (matériel de restauration et d’accueil ; médicaments conditionnés et trousses de secours d’urgence ; liste de matériels divers répertoriée par la municipalité de Tchernivtsi) et surtout un quatrième projet déjà concrétisé avec l’hôpital régional.

La municipalité met à la disposition de l’équipe un volontaire et son véhicule pour un retour à la frontière. C’est avec beaucoup d’émotion que les clés de l’appartement sont rendues à Yaroslava !

Une bonne nuit au Continental après une journée éprouvante de retour à Iasi (squat dans le véhicule de bénévoles italien·nes jusqu’à Suceava, omnibus de trois heures pour Iasi, randonnée pédestre de la gare à l’hôtel) et l’assurance d’un partenariat avec Daniel pour une aide au convoyage permettent à l’équipe d’embarquer sereinement le dimanche matin sur le vol de retour.

Une véritable chaîne de solidarité

Franck, Manuela, Willy expriment avec force leur reconnaissance à cette chaîne humaine dont ils doivent honorer les noms dans l’ordre des rencontres :

Daniel à Iasi, Yaroslava et Danick sur la frontière, Micha et Oleg l’interprète ukraino-anglais à Hertza, Anastasia, fille de Micha et excellente cuisinière, ce jeune responsable du centre de transit de Hertza, Sergy élu de Tchernivtsi et facilitateur de tous les instants, Élena interprète de l’association d’accueil des réfugié·es à Tchernivtsi, Nicolaï volontaire chauffeur, l’association caritative italienne et tous les réfugié·es à Tchernivtsi qui ont si chaleureusement remercié l’équipe d’être simplement venue.

Et bientôt à suivre, bien sûr, la mise en œuvre des projets !

De retour de mission, notre ami Willy nous en fait le compte rendu.

Dès leur retour nous nous sommes activement mis en demeure de pouvoir disposer des éléments essentiels correspondants à la demande de l’hôpital régional de Tchernivtsi : deux blocs opératoires avec matériels afférents.

Nous disposons d’ores et déjà de ce matériel : à savoir de deux tables d’opération, du matériel affèrent, et d’un équipement d’anesthésie.

Seuls deux éléments à ce jour nous font défaut, soit deux bistouris électro coagulateur.

Nos missions en Ukraine disposent de très peu de fonds et nous sommes actuellement dans l’incapacité de pouvoir financer la location d’un véhicule correspondant à un volume de charge de 9 m3.

Nous voudrions pouvoir disposer d’un tel véhicule sachant que le trajet Bourges via le poste frontière de Siret, Tchernivtsi, aller/retour représente une distance de 4500 km sur une durée de mission de 5 à 6 jours.

Trajet d’accès en Roumanie : Sucerva, Herta, Cernàuti, Siret.

Le véhicule doit être fiable. Nous prenons en charge les frais de carburant.

Outre notre matériel, lequel est délicat mais prend peu place, nous pourrions coupler notre mission avec d’autres associations si de tels partenaires disposent d’un véhicule et envisagent de faire parvenir leur propre lot de produits en Ukraine.

Remarque

La guerre en Ukraine sera certainement longue et meurtrière.

Le Kremlin, stratégiquement, a décidé de s’emparer des ports sur les mers Noire et d’Azof, têtes de ponts via le Moyen-Orient où le port de Tartous et la base militaire de Hmeimin sont désormais durablement inscrits sur le territoire syrien.

Enfin la continuité territoriale entre Marioupol et Izioum leur doit être assurée. Ces annexions territoriales nécessiteront de nombreux combats, du temps, avec les conséquences dramatiques que nous savons.

D’autres missions seront donc appelées à se rendre en Ukraine.

Association Medina

PS : L’ensemble du matériel médical a été depuis livré, par nos propres moyens, via l’hôpital régional, augmenté d’une livraison d’équipements ménagers (frigo) lors d’une mission de livraison en date de la mi-avril. Nous nous attelons à un nouveau convoi pour répondre à l’urgence du centre de transit organisé par le député Micha débordé par l’afflux de réfugié·es. Des équipements ménagers font cruellement défaut.