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Ni Poutine, ni Macron, ni Le Pen

La situation internationale et nationale se réfracte à l’intérieur des syndicats et suscite nombre de débats. C’est ainsi que les derniers développements en Ukraine se sont répercutés à l’intérieur du congrès académique du SNES de Lyon. De même, la situation politique française, puisque le congrès s’est tenu à la veille du deuxième tour des présidentielles. Les militants et militantes d’Émancipation contribuent à nourrir cette discussion et proposent une orientation et des mots d’ordre. C’est ce qu’a fait, par exemple, la tendance Émancipation lors de ce congrès. Ci-dessous, la motion défendue par Émancipation à ce congrès.

Le congrès académique du SNES de Lyon se tient à un moment particulier, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, et alors que la situation internationale est profondément marquée par la guerre engagée par l’armée russe contre l’Ukraine et par le combat mené par le peuple ukrainien pour mettre en échec cette agression.

Soutenir la résistance du peuple ukrainien

C’est un fait majeur : après avoir entretenu une guerre larvée depuis 2014 dans l’est de l’Ukraine, Poutine, en février, tentait une offensive éclair pour en finir avec le gouvernement de Kiev, en finir avec l’indépendance de l’Ukraine. De manière imprévue pour Poutine, cette offensive s’est heurtée à la résistance du peuple ukrainien. C’est un fait considérable, qui conduit Poutine à modifier ses plans militaires sans renoncer pour autant à vouloir détruire l’Ukraine indépendante.

Mais cette résistance du peuple ukrainien a également surpris les autres puissances impérialistes, l’Union européenne, et le gouvernement de Macron en particulier (lequel avait invité Poutine à Versailles dès 2017). Toutes ces puissances préféraient “oublier ” l’annexion de la Crimée et la guerre dans l’est de l’Ukraine. La résistance du peuple ukrainien les a contraintes à répondre en partie aux demandes d’armement formulées par les Ukrainiens.

Cette résistance a également bousculé le mouvement ouvrier dans de nombreux pays. Elle met en échec le vieux schéma selon lequel le régime russe ne saurait être l’agresseur, ne ferait que se défendre… Elle oblige à désigner clairement l’agresseur : l’armée russe de Poutine, et elle conduit à apporter un clair soutien au combat du peuple ukrainien.

C’est ainsi qu’en France – et c’est un fait positif – un appel intersyndical de huit confédérations et fédérations apporte son soutien au peuple ukrainien, demande le retrait immédiat des troupes russes et organise un convoi de solidarité.

Précisons : c’est le droit absolu du peuple ukrainien de s’adresser à qui il veut pour obtenir les moyens nécessaires à sa défense. Mais la solidarité organisée par le mouvement ouvrier doit se faire de manière totalement indépendante des différents gouvernements.

C’est ainsi que le Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine – qui organise des manifestations le 23 avril, à Paris et à Lyon notamment, affirme son indépendance à l’égard de tout gouvernement. En France, cela est particulièrement nécessaire, Macron cherchant à instrumentaliser la guerre menée en Ukraine à des fins de politique intérieure.

Le SNES doit apporter son soutien aux manifestations du 23 avril et à l’activité du Réseau Européen 1.

Ni Macron, ni Le Pen

Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, nous nous retrouvons dans une situation analogue à celle de 2017, avec les deux mêmes candidats. À l’époque nombre d’organisations, dont notre syndicat, avaient appelé à faire barrage à l’extrême droite, c’est-à-dire à voter Macron. Et nombre de collègues avaient suivi cette consigne. On connait la suite : ce fut une avalanche de lois et mesures anti ouvrières.

Certains diront : on ne savait pas. Mais aujourd’hui, plus personne ne pourra le dire. Avec des variations le programme de Macron est un programme réactionnaire, anti ouvrier, de même celui de Le Pen.

Le syndicat doit indiquer clairement que les travailleurs, les enseignants ne peuvent voter pour une ou un candidat de la bourgeoisie, ils ne peuvent que les combattre.

Préparer ce combat nécessite un syndicalisme de classe, totalement indépendant de l’État, favorisant l’auto-organisation des luttes.

Cela implique l’indépendance du syndicat vis-à-vis de l’État, des structures qui lui sont liées. Ce qui signifie en particulier la rupture avec le dialogue social.

En lien avec les exigences du Medef, Macron annonce notamment, une offensive d’ampleur contre le droit à l’enseignement et à la formation de la jeunesse, contre le statut des personnels : il veut “une large concertation pour discuter de la meilleure manière d’atteindre des objectifs qu’on va fixer”.

Le congrès du SNES de Lyon considère qu’engager le combat contre cette offensive implique :

  • – informer largement les collègues, les parents, la jeunesse des dangers que présentent les mesures annoncées, à commencer par la “réforme des retraites”, “le nouveau pacte”, la “réforme du collège et des lycées professionnels” ;
  • – indiquer que ces projets réactionnaires ne sont ni négociables, ni amendables, qu’ils ne doivent pas voir le jour ;
  • – annoncer que le syndicat refusera toute concertation sur les mesures avancées par Macron ou tout autre chef d’État qui reprendrait les exigences du patronat ;
  • – appeler et œuvrer à la réalisation de l’unité la plus large sur cette orientation.

L’objectif est de permettre de préparer et d’organiser dès aujourd’hui la mobilisation, de redonner confiance pour combattre l’extrême droite et la droite libérale de Macron, de commencer à créer les conditions de la résistance afin d’imposer le retrait de ces agressions si elles voient le jour.

Émancipation 69, 13 mai 2022

  1. Le congrès a adopté la position suivante intégré au texte action présenté par la direction U&A : “S’il ne se reconnaît pas dans l’intégralité de l’appel, le SNES-FSU de LYON appelle à participer à la manifestation du samedi 23 avril sur ses propres bases de soutien au peuple ukrainien et pour la paix”. ↩︎