Chronique :
La militante et théoricienne anarchiste chinoise Hé-Yin Zhen (1884-1920 ?) est considérée comme précurseuse de la naissance du féminisme en Chine. Ses écrits sont une sévère critique des traditions patriarcales chinoises renvoyant les femmes à leur intérieur : “les hommes appellent leurs épouses Neiren ou neizi : la personne de l’appartement intérieur ou dedans” 1. Ils représentent une des premières attaques contre les principes réactionnaires du confucianisme.
Mais pas que : la grande force des textes de cette militante est de “mettre dos à dos” le nationalisme modernisateur de l’époque à un féminisme paternaliste : “Le projet de libération des femmes s’est répandu dans les discours actuels pour servir les intérêts propres de certains hommes” 2.
Sa critique radicale du système capitaliste nationaliste est d’une modernité absolue. La grande force de ses textes tient de son universalisme et de son empathie. “Il n’existe pas une seule femme qui n’ait été maltraitée par un homme” 3.
Dans ces écrits, après une analyse historique de l’oppression des femmes chinoises, elle propose dans la partie La revanche des femmes des solutions démontrant que cette libération n’est “rien moins que la restauration de la justice pour tous” 4.
Son analyse historique, philosophique, psychologique et politique radicale résonne en nous et nous invite, nous les femmes avec l’aide des hommes à prendre en main notre destin en toute sororité. Bonne lecture, mesdames et messieurs.
Isabelle Quinton
- La revanche des femmes, He-Yin Zhen, Éditions de l’Asymétrie, 2018, 13 e.
- À commander à l’EDMP (8 impasse Crozatier, Paris 12, edmp@numericable.fr).
