Tout a commencé avec l’ineffable Macron qui a décidé, en violant délibérément le droit international, de reconnaître l’annexion du Sahara occidental par le Maroc. L’Algérie n’a pas apprécié. Alors la France a lâché ses chevaux : Retailleau, Darmanin, le RN, tout y est passé : les immigré·es venant voler notre protection sociale, la menace islamique, l’Algérie ingrate alors qu’on lui a apporté la civilisation, l’Algérie exportant ses délinquants… Le journaliste Jean-Michel Aphatie ayant eu le tort de rappeler le génocide perpétré par la France pendant les premières années de la conquête (un million et demi de mort·es entre 1830 et 1871, le tiers de la population) a été licencié. Ces gesticulations n’arrivent pas à masquer une réalité : le néocolonialisme français recule partout. Et ça énerve nos nostalgiques.
Comme un peu partout, ces élections ont “sorti les sortants”. Le SPD est tombé à un bas niveau jamais atteint. Les deux grands partis qui ont alterné au pouvoir depuis la fin de la guerre n’ont pas eu d’autre choix que de s’allier. L’accord s’est fait sur la lutte contre l’immigration et le réarmement de l’Allemagne. L’extrême droite (AFD) est à plus de 20 % et surtout, elle est en tête presque partout dans l’ancienne RDA. Malgré une scission xénophobe, Die Linke a fortement progressé. Il leur reste à briser la complicité éhontée avec Israël. Ce n’est pas gagné.
Une milice liée au Rwanda s’est emparée de l’Est du Congo. Il y a des milliers de victimes, de femmes violées et d’enfants enlevés et enrôlés de force. Aucune raison à cette boucherie autre que l’appât du gain : le Congo a le malheur de détenir toutes les ressources possibles : diamant, cobalt, pétrole, cuivre, or et surtout coltan. La milice n’aura aucun mal à se financer et à payer son protecteur en envoyant des enfants dans les mines et en mettant les minerais sur un marché très demandeur.
Pour lutter contre le changement climatique, il faudrait fermer des mines. Avec le réarmement généralisé et l’Intelligence Artificielle, ça va être l’inverse. Trump veut s’emparer des terres rares ukrainiennes et exploiter les ressources du Groenland. Les grandes compagnies essaient de s’implanter là où il y a du lithium. Et l’industrie du pétrole est en excellente santé avec des profits toujours plus gros.
Le projet sioniste a toujours été “un maximum de territoires et un minimum d’Arabes”. Le but a toujours été que les Palestinien·nes subissent ce qui est arrivé aux Amérindien·nes ou aux Aborigènes. Restait un problème de taille : ils représentent 50 % de la population entre Méditerranée et Jourdain. Pour Netanyahou et les fous messianiques qui l’accompagnent, l’appui inconditionnel de la version la plus dure de l’impérialisme états-unien offre l’opportunité d’en finir. Iels ont ouvertement violé l’accord de cessez-le-feu. Iels ont d’abord coupé l’eau et l’électricité à Gaza, puis bloqué les convois d’aide humanitaire. Et ils ont repris les bombardements. Il y a eu plus de 400 mort·es en une nuit. La famine est revenue, les hôpitaux sont devenus des mouroirs, les parents ont erré dans les rues avec les corps de leurs enfants assassinés. En Cisjordanie, les camps de Jénine et Tulkarem sont détruits, 50 000 personnes ont été chassées. L’Europe est “préoccupée”. Les pays arabes élaborent un “projet de reconstruction” de Gaza balayé par Netanyahou et Trump. Ils ne prennent bien sûr pas de mesure de rétorsion. Un nettoyage ethnique de grande ampleur comparable à la Nakba est en début d’application.
Ceux qui ont provoqué les guerres de Yougoslavie et qui ont commis crimes de guerre et génocide ont échappé, pour la plupart, à toute punition. Le président Vucic vient, idéologiquement, du camp des Karadzic et autres Mladic, condamnés à de longues peines de prison à la Haye. Ce n’est pas sur ces crimes que Vucic est contesté par des manifestations monstres : 300 000 manifestant·es à Belgrade. C’est sur la corruption et l’autoritarisme. Cette protestation ne réclame pas l’adhésion à l’Union Européenne. Celle-ci ne fait plus rêver et les exemples hongrois ou slovaque montrent qu’elle ne garantit pas la démocratie.
Les nouveaux dirigeants syriens voudraient apparaître raisonnables. Le pays est dévasté et l’aide internationale est indispensable. Mais, à la base du nouveau régime, il y a le Front al-Nosra renforcé par un certain nombre de volontaires européens. La répression contre la population alaouite accusée d’avoir soutenu l’ancien régime a fait plus de 1000 mort·es. Le nouveau régime promet une enquête impartiale. On peut légitimement avoir des doutes.
Trump, ce n’est pas seulement une incroyable brutalité. C’est une offensive idéologique encore plus violente que ce que les États-Unis ont connu pendant le Maccarthysme. C’est l’interdiction de l’avortement dans de nombreux États. C’est la destruction de la Fonction publique. C’est la chasse à la science, au pluralisme, à la culture, à la justice, à la presse, aux migrant·es, aux trans… C’est la complaisance avec les néo-nazis avec Steve Bannon et Elon Musk qui s’affichent.
Économiquement, le pouvoir a basculé dans les mains de quelques oligarques. Un peu comme en Russie.
Quand le capitalisme est en crise profonde, quoi de mieux qu’une bonne guerre. En pleine destruction des acquis sociaux, les pays européens vont réarmer. Comme en 1914, les opposant·es à cette Union Sacrée sont bien rares. Comme en 1914, la social-démocratie est à l’avant-garde de ce réarmement.
Les bombardements israéliens au Liban, en Iran ou en Syrie ont, pour l’instant, neutralisé toute résistance dans ces pays. Au Liban, l’armée israélienne viole l’accord de cessez-le-feu en ne se retirant pas et en interdisant le retour des déplacé·es.
Le Yémen résiste toujours : dès qu’Israël a coupé l’électricité à Gaza, les Houthis ont entrepris de bloquer le trafic maritime sur la Mer Rouge. Immédiatement Trump a envoyé son aviation bombarder le Yémen et sa capitale Sanaa.