Dans ce livre aussi les enfants meurent, mais de misère. Il y a plus de révolutions que de guerres, mais l’exil quand même. L’auteur choisit d’aborder la vie des Marx du point de vue de Jenny. Exercice audacieux puisque l’histoire a beaucoup plus à dire des états d’âmes des grands hommes que des femmes qui corrigent leurs manuscrits. – Le présent aussi ! – Cet ouvrage habile profite d’un voyage à la table des Marx pour porter un regard affuté sur la condition des militantes.

Jenny Marx, vivre et lutter avec Karl , Camille Le Boulanger Textuel, février 2025, 24€.

C’est un livre terrible, et d’autant plus que l’horreur qu’il dépeint nous est proche. On est en Irlande. Larry est syndicaliste. Syndicaliste enseignant. Une manifestation se prépare, il subit des pressions, choisit de les ignorer. On ne le reverra plus. Commence pour Eilish, sa femme, leurs quatre enfants et tout un pays un chemin semé d’arbitraire et d’effroi, de doutes face à des choix qui n’en sont pas. C’est un roman sur le fascisme et ce qu’il advient quand il ne rampe plus. Sur la militarisation d’une société. C’est un roman sur la guerre et sur l’exil. Où il n’y a presque pas d’espoir, mais il faut bien vivre.

Le Chant du Prophète , Paul Lynch, Albin Michel, janvier 2025, 304 p, 22,90 €.

Dans ce livre-là nulle trace de femmes, et pour cause, c’est un western. Un western breton. La journaliste Marie Bénilde retrace le parcours de Vincent Bolloré, une success story piteuse et carnassière qui le place aujourd’hui à la tête d’un empire dans la publicité, les médias et l’édition lui permettant de se livrer allègrement à la guerre culturelle en cours. Elle rappelle aussi que les médias français ne l’ont pas attendu pour nous abreuver de pensée réactionnaire, et souligne le caractère intrinsèquement nocif de l’information comme industrie d’influence.

Le Péril Bolloré , Marie Bénilde, La Dispute, mars 2025, 150 p., 13€.

Dans ce roman la guerre est intime et domestique. On est à Budapest. Vera se réinstalle chez son père avec ses deux filles. Et nous installe dans un flux de conscience où sa culpabilité dialogue avec la colère. C’est un échange que toute femme qui a eu autour du cou les mains d’un homme qui prétendait l’aimer connaît. Auquel s’ajoutent les injonctions contradictoires d’un entourage cacophonique. C’est un roman de reconstruction, tissé des toutes petites choses qui font la vie des femmes, ces toutes petites choses à quoi on reconnaît les grands livres.

Respirer à fond , Rita Halasz, Christian Bourgois, mars 2025, 208 p., 19 €.