Après le “pass sanitaire”, le “pass vaccinal”, pour suivre encore davantage la population à la trace, alors que le dernier variant est jugé beaucoup moins dangereux par les spécialistes ; et surtout que le vaccin montre quotidiennement son inefficacité face à de telles mutations.
Il s’agit donc de contrôle plutôt que de soins, et surtout, pour le Président, d’afficher son mépris envers la partie du pays la plus éloignée du système de santé (la plus pauvre), ou la plus réfractaire à ses discours et à ses actes liberticides. En des temps déjà lointains, Illich pointait la Némésis médicale. Que dirait-il aujourd’hui ? Si les religions ont pu jouer le rôle d’opium du peuple, la peur de la mort, la sienne, celle de ses parents, de ses grands-parents, de ses proches malades est un puissant moyen d’imposer des mesures totalitaires et de culpabiliser les non vacciné·es. Peu importe que les gouvernant·es s’affranchissent des recommandations qu’ils/elles édictent, ou que les vacciné·es transmettent le virus. Le pouvoir peut compter sur des relais politiques, y compris dans l’opposition, pour faire écho à sa parole. On agite le spectre de la pandémie, et le bilan présidentiel passe à la trappe.
Le mutisme syndical
Du côté syndical, l’immense majorité continue à plier l’échine, engluée dans le “dialogue social”. Aveugle et sourd vis-à-vis des mouvements sociaux qui le contournent et le débordent, comme celui des Gilets jaunes, le syndicalisme est très souvent absent des luttes et des manifestations contre une politique vaccinale qui prive d’emploi et de salaire des personnels des secteurs de la santé, du médicosocial notamment. Figé dans un corporatisme d’un autre âge (où il restait du grain à moudre !) il s’efforce d’arracher des miettes en cédant sur l’essentiel : Sécurité Sociale, services publics, statuts, libertés… Au Congrès de la FSU 13 (à distance), la liberté d’expression est très étroitement contingentée : 2 % pour Émancipation, qui anime pourtant régulièrement les réunions là où tant de syndicats sont absents. Moins il y a de débats, et plus Unité et Action se sent renforcée, en dépit de la baisse du nombre d’adhérent·es.
Quand le contrôle prime sur le service
Par ailleurs, les restrictions de liberté empiètent insidieusement sur le quotidien. À la Poste où la clientèle n’a même plus le droit de s’asseoir (et l’attente est parfois longue). À la gare où les agents de surveillance sont parfois plus nombreux que les employé·es chargé·es d’informer ou de délivrer les billets. Qu’importe, les gens qui comptent utilisent généralement des services à distance, ceux et celles qui font la queue… ne sont rien. Dans les lieux de culture (médiathèques, musées…) des grandes villes, il faut montrer plusieurs fois patte blanche : fouille des sacs, portiques, QR code… et doubler, voire multiplier les personnels chargés de la sécurité, au détriment du service aux usagers et de leur accompagnement. Le pire demeure la dégradation considérable des conditions d’accueil dans les établissements médicaux, médico-sociaux ou sociaux dont les salarié·es, très mobilisé·es, alertent en vain sur la perte de sens de leur métier : rassemblements, grèves, manifs… sont moins couverts par des médias aux mains de quelques grands patrons proches de la présidence que les propos de l’extrême droite. Pour les chaînes d’information continue, le principal sujet c’est la surenchère sur la meilleure manière de bouter les immigré·es hors de France, barbelés, miradors, prisons-pièges, expulsions, la chasse est ouverte, en Europe et dans l’Hexagone. De LREM à Reconquête, en passant par les Républicains, Debout la France, le RN ou les Patriotes, toute une gamme de solutions s’offre à l’électorat : il a l’embarras du choix. Les migrant·es, c’est moins que rien !
Quelle démocratie ?
Autre élément liberticide, la répression policière des manifestations qui n’est pas nouvelle mais a pris des proportions considérables contre les Gilets jaunes. Gendarmes et policiers peuvent tuer impunément. Ainsi le (ou les) responsable de la mort de Zineb Redouane n’est même pas sanctionné. Maladresse ou geste volontaire, le résultat est le meurtre impuni d’une dame âgée qui a eu le tort de se trouver à sa fenêtre au mauvais moment : les grenades devaient être lancées en l’air, pas chez les habitant·es !
Théoriquement, au bout de cinq ans de pouvoir sans partage (pas de proportionnelle, d’élection à mi-mandat) le monarque “républicain” remet son poste en jeu. Mais dans quel contexte ? Pas encore candidat, il est le seul légitime, l’unique à avoir les 500 signatures (des courtisan·es ont devancé le désir du maître) que les autres doivent aller quémander au risque d’humiliations, de rebuffades, comme si les différents courants politiques n’avaient aucun droit ! Une épée de Damoclès pèse au-dessus des têtes, le précieux sésame devient un privilège. Même cette liberté-là est remise en question.
Marie-Noëlle Hopital, le 11 février 2022