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Iran et Arabie saoudite

Ces deux pays sont considérés par Amnesty Inter- national comme ceux où l’on dénombre le plus d’exécutions (juste derrière la Chine pour laquelle on ne dispose que d’estimations). En 2024, les exécutions y ont considérablement augmenté. La proportion de femmes exécutées a suivi cette sinistre progression : 31 exécutions en Iran 9 en Arabie Saoudite. Dans ces deux pays, les femmes qui ont déjà des droits très restreints subissent de plein fouet une justice patriarcale implacable : les violences familiales ne sont pas considérées comme des circonstances atténuantes par le système judiciaire iranien. Nombre des femmes ayant subi la peine capitale pour meurtre avaient été victimes d’abus sexuels ou de violences domestiques et avaient agi par désespoir. En Arabie saoudite, les autorités n’ont pas hésité à exécuter des ressortissantes d’origine étrangère : quatre femmes nigérianes (accusées de trafic de stupéfiants et non de meurtre), une femme éthiopienne et une femme kényane. On peut douter à juste titre de l’équité des procès réservés à ces femmes exilées, déjà exclues de la plupart des droits élémentaires.

Argentine

Le 1er février, une énorme manifestation pour la défense de la diversité et contre le président argentin a eu lieu à Buenos Aires. Des milliers d’Argentin·es se sont aussi rassemblées dans plusieurs grandes villes du pays et ont défilé pour dénoncer les positions rétrogrades du président ultralibéral Javier Milei sur le féminisme, l’homosexualité et les questions de genre. La semaine précédente, au forum de Davos, Milei avait tenu des propos scandaleux sur le wokisme, affirmant que c’était là le principal ennemi de la civilisation le qualifiant de “cancer qu’il faut éliminer”. Il s’est attaqué au “féminisme radical” à “l’idéologie de genre” et au terme de “féminicide”. Quelques jours plus tard, le ministre de la Justice a évoqué le projet de suppression du terme dans le code pénal, et cela au nom de… l’égalité. À vomir. Conforté par l’arrivée au pouvoir de ceux qu’il appelle ses amis (Trump, Musk, Orban, Meloni, Bukele, Netanyahou), Milei a encore franchi un cap dans ses attaques contre les femmes et les minorités de genres. L ‘ampleur de la mobilisation de ce 1er février, contre le pouvoir exécutif était réellement massive, comme les manifestations qui avaient eu lieu pour la défense de l’université en avril 2024.

Belgique

La première photo officielle du gouvernement fédéral belge avait vraiment de quoi en choquer plus d’un·e : 11 hommes et 4 femmes, toutes placées derrière. La nomination du nouveau Premier ministre, Bart De Wever, chef des conservateurs flamands a fait suite à un accord de coalition entre cinq partis : l’Alliance néoflamande, les chrétiens-démocrates, les socialistes flamands, le Mouvement réformateur et les Engagés, une coalition qui penche bien à droite. Comme par “hasard”, car c’est le terme que le Premier ministre a employé quand il a été interrogé à ce sujet, il y a très peu de femmes ministres dans son gouvernement et aucune femme au kern (conseil restreint composé du premier ministre et de cinq vice-premiers ministres). Pourtant la parité est quasiment atteinte au parlement et le précédent gouvernement comptait 10 femmes ministres et 10 hommes ministres. Les différents partis de la coalition ne manquent pas de femmes… alors, hasard, vraiment ou manque de volonté politique ? Il est à craindre face à ce “gouvernement d’hommes” que l’on assiste à des attaques envers les droits des femmes par le biais socio-économique ; les mesures prévues les impacteront davantage, notamment la réforme des pensions et le projet de remettre au travail les malades de longue durée (60 % sont des femmes). La députée Meyrem Almaci (centre gauche) résume la situation ainsi : “un gouvernement d’hommes, pour les hommes”.

Afghanistan

Depuis leur arrivée au pouvoir en août 2021, les talibans n’ont cessé de s’en prendre aux droits des femmes et de les restreindre. Elles avaient déjà perdu le droit à l’éducation, le droit au travail, le droit de se déplacer seule, dans l’espace public, le droit de se vêtir à leur convenance. Courant 2024, le droit de parler, lire à haute voix ou de chanter en public leur a été retiré. En décembre dernier, on apprenait que les autorités interdisaient aux jeunes filles de poursuivre des études d’infirmière ou de sage-femmes. Dans ce pays où il est interdit au personnel médical masculin de s’occuper d’une patiente sans la présence d’un membre de sa famille de sexe masculin, cette interdiction porte très gravement atteinte au droit à la santé des femmes. Le taux de mortalité maternelle est déjà un des plus élevés au monde. Cette mesure comme toutes les précédentes, est hautement discriminatoire. Enfin pour le nouvel an, le régime a décidé d’interdire les fenêtres donnant sur des espaces où l’on peut voir des femmes. Les Afghanes ne pourront pas non plus se trouver dans des pièces comportant des fenêtres visibles de l’extérieur. On en rirait volontiers si ça n’était pas une nouvelle preuve de leur volonté d’enfermement et de contrôle total sur elles. Cette politique de discrimination et de ségrégation systématique est une violation des droits humains, un apartheid de genre que l’on se doit de dénoncer et de combattre. 

États Unis

La campagne électorale profondément antiféministe de Donald Trump n’avait échappé à personne. Si certain·es avaient encore quelques doutes, les premières mesures du 47ème président sont “éclairantes” : juste après avoir gracié environ 1500 accusés pour l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole américain, il a signé un décret graciant 23 personnes poursuivies pour avoir participé à des manifestations contre l’avortement en ajoutant : “C’est un grand honneur de signer ceci”. Cette signature a eu lieu le 23 janvier, veille de la manifestation de la Marche pour la vie à Washington où le vice-président James David Vance s’est rendu en personne et a déclaré que le second mandat de M. Trump serait le “retour du président américain le plus pro-famille et le plus pro-vie de notre vie”. Le 5 février, nouveau décret : celui-ci touche une nouvelle fois une communauté particulièrement ciblée par le président depuis son investiture : il interdit aux femmes transgenres les sports féminins ; concrètement, les financements fédéraux n’iront pas aux établissements qui permettraient à des élèves transgenres d’être membre d’équipes sportives féminines. Il avait auparavant signé un autre décret visant à exclure les personnes transgenres de l’armée (environ 15 000 personnes sur 2 millions de militaires). Cette avalanche de décrets est un signal fort envers l’Amérique conservatrice. Les masculinistes se déchainent.

Afrique

En Afrique, durant l’année 2023, 21 700 femmes ont été victimes de féminicides, le chiffre le plus important au monde. Dans la seule Afrique du Sud, on dénombre 30 féminicides par mois et 230 viols, c’est cinq fois plus que la moyenne mondiale. Autres données dramatiques : plus d’une femme sur cinq vivant en Afrique subsaharienne a été victime d’une agression sexuelle ou d’un viol avant l’âge de 18 ans, soit plus de 79 millions de personnes selon un rapport de l’UNICEF d’octobre 2024. La pauvreté, les conflits armés, les crises économiques et climatiques augmentent la vulnérabilité des femmes et leur exposition aux violences. Ces données chiffrées mettent aussi en lumière l’étendue des violences liées au poids du patriarcat contre lequel les féministes africaines se battent avec courage et détermination.