Les rencontres nationales de la coordination féministe ont été un succès. Nous étions ce week-end près d’une centaine de collectifs, associations, assemblées féministes réuni·es à Rennes, et près de 300 personnes en présentiel et en visio : des femmes, des hommes trans, des personnes non-binaires, de tous âges et de toute la France, de la ville et de la campagne.
Nous souhaitons participer à l’émergence d’une société féministe, égalitaire et solidaire de tou·tes. Parce que nous vivons dans une société qui est tout à la fois patriarcale, capitaliste, raciste, antisémite, islamophobe, LGBTQIAP+phobe, putophobe, validiste, psychophobe… nos luttes doivent être celles de tou·tes les dominé·es. Nous sommes conscient·es de la nécessité de défendre et de faire avancer les droits des “minorités”. Migrant·es, sans papiers, trans, lesbiennes et bi·es, travailleur·euses du sexe, handicapé·es, victimes du racisme et de l’antisémitisme, chômeur·ses et précaires subissent d’autant plus le patriarcat, les violences économiques et administratives. De même, après deux années d’attaques répétées contre le droit d’étudier, nous souhaitons visibiliser les étudiant·es, souvent oublié·es des luttes, à un moment où il est question de privatiser l’enseignement supérieur.
Nous partageons tout·es le refus des politiques anti-sociales et la nécessité de lutter contre les mouvements, idées et politiques des extrêmes droites toujours plus présentes dans les médias et la vie politique. La destruction méthodique des droits et des acquis sociaux est indissociable de l’accentuation des violences et des discours de haine. C’est pourquoi nos luttes sont profondément antifascistes.
Nous sommes aujourd’hui particulièrement exploité·es au travail : en occupant des emplois difficiles, dévalorisés, précarisés et moins bien payés. À titre d’exemple nous occupons encore les trois quarts des salaires les plus bas.
Cette situation de précarité économique aggrave les violences déjà subies car nous manquons de l’autonomie nécessaire pour nous protéger des situations de violences, que ces dernières aient lieu dans le foyer ou au travail. La lutte contre les féminicides, centrale aujourd’hui, est aussi une lutte pour l’indépendance économique des femmes et des minorités de genre.
Parce que nous refusons un système productiviste destructeur, nous luttons également pour une société qui prenne soin des humain·es et de l’ensemble du vivant. L’écologie fait partie intégrante de nos luttes.
Nous nous opposons à la diffusion des idées complotistes, intrinsèquement antisémites, et qui ont, dans le contexte de la pandémie, accentué très fortement l’asiaphobie et l’antisémitisme. La diffusion de ces idées engendre une augmentation des violences contre les personnes et elles empêchent la construction de mouvements sociaux émancipateurs.
Nous refusons la récupération et le dévoiement des luttes et des mouvements féministes par l’État et le gouvernement, en particulier à des fins racistes et islamophobes.
Nous voulons au contraire construire un mouvement autonome et auto-organisé. Pour cela, nous avons discuté et élaboré des stratégies autour de la grève féministe et de la lutte féministe contre les extrêmes droites. Nous avons également tenu des moments de réflexion autour de la révolution et du féminisme, de la lutte contre les mouvements anti-trans, des luttes trans et féministes, de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, du féminisme décolonial et antiraciste, du syndicalisme et du féminisme, des luttes féministes et écologiques, de l’organisation d’actions de désobéissance civile, des luttes des travailleur·ses du sexe, et des luttes antivalidistes.
Nous appelons à la grève féministe pour le 8 mars 2022 autour de deux axes politiques centraux : le soutien aux travailleuses premières de corvée, afin de rendre visibles les invisibles, qu’elles soient salariées ou non, ainsi que la lutte contre toutes les violences de l’extrême droite, du racisme, du patriarcat et du capitalisme.
Dans ce cadre, nous espérons pouvoir construire ensemble ce 8 mars 2022 avec l’ensemble des organisations syndicales, en déposant des préavis de grève, en appelant d’ores et déjà à la grève féministe pour le 8 mars, en déposant des heures d’information syndicales, en mettant en place des caisses de grève, etc.
Nous appelons toutes les organisations syndicales à prendre la mesure du moment que nous sommes en train de vivre et du renouveau et de la force des mouvements féministes de ces dernières années !
Mais nous savons que pour qu’une grève féministe de masse ait lieu en France afin de construire un rapport de force permettant d’obtenir de véritables victoires, nous devons travailler sur le long terme.
C’est pourquoi nous travaillons dès à présent à la construction du 8 mars 2023 et d’une grève féministe de masse : pour cela nous sommes convaincu·es qu’il nous faut partout développer des cadres d’auto-organisation, travailler à définir des revendications communes, avoir du matériel à proposer, une caisse de grève de la coordination.
Nous organiserons de nouvelles rencontres féministes cet été pour faire le point sur l’organisation du 8 mars 2023, nos actions passées et à venir, et pour continuer de construire la coordination.
Cela doit nous permettre de proposer des alternatives concrètes au système et de ne plus le subir, chercher des victoires, relever la tête, et construire un autre monde.
Par ailleurs, en cette période de montée des extrêmes droites, la coordination appelle à soutenir les initiatives de la campagne Antiracisme et Solidarité pour la mobilisation du 2 avril et les organisations membres formeront des cortèges féministes dans les manifestations contre les frontières.
Nous débordons tou·tes d’enthousiasme, ému·es de l’ampleur de ces rencontres. Nous nous engageons à œuvrer dans les mois et l’année à venir pour développer les mouvements féministes, renforcer les alliances et solidarités entre les organisations et militant·e·s féministes aux luttes diverses.
Nous appelons tous les collectifs et organisations féministes qui adhèrent à nos convictions à rejoindre la coordination féministe.
Uni·es et fort·es, nous saurons avancer vers une société débarrassée du patriarcat et de toutes les formes d’oppression et d’exploitation.
Rennes, le 23 janvier 2022