Édito

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Non, clairement, ça ne va pas passer

Le mois de mars symbolise souvent le renouveau des espérances, mobilisations, luttes… un printemps des luttes que chacun·e appelle de ses vœux. Sauf qu’un tel renouveau n’est jamais vraiment nouveau, il se construit, patiemment mais avec détermination. Les collectifs de lutte aujourd’hui engagés contre la répression, contre l’extrême droite, contre les violences patriarcales… et de manière générale contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression s’attellent à cette tâche, parfois isolés les uns des autres, parfois avec la volonté de coordonner les luttes, les faire converger. Si les attaques pleuvent de toute part, le foisonnement des réponses a rarement été aussi développé.

Pourtant, les directions syndicales continuent à tourner le dos aux collectifs auto-organisés, comme l’a tristement montré le dernier congrès de la FSU, vidé de toute combativité et de toute intention de soutenir les collectifs qui prennent pourtant de plus en plus de place dans le paysage des luttes. Des collectifs contre le SNU en passant par la coordination féministe, aucune organisation ne trouve d’intérêt aux yeux d’un appareil (mais on pourrait écrire des appareils) englué dans le dialogue social et tenu par les enjeux électoraux de la période, qui prennent décidément trop de place. Faire du mois de mars un mois de lutte revient pour elles et eux à proposer plusieurs dates de mobilisation, qui peinent à s’articuler et qui resteront des journées d’action isolées, sans lendemain.

La convergence et la volonté de mener un combat sur le long terme est bien plus présente du côté de l’auto-organisation, comme l’a très bien démontré la coordination féministe qui a réuni les 22 et 23 janvier derniers 300 personnes, 100 collectifs de toute la France, dans la double perspective de construire sur le long terme la grève féministe et lutter contre l’extrême droite, en se coordonnant avec les collectifs de luttes déjà engagés. Anticapitalisme, antiracisme, antipatriarcat… toutes les formes de résistances et luttes contre l’exploitation et l’oppression passeront par le mouvement féministe, qui a fait ce week-end-là une belle démonstration de ce qu’est une véritable auto-organisation. Bien sûr, il reste du travail, bien sûr toutes les revendications ne sont pas alignées, mais il ressort de ce week-end une main tendue pour la construction d’un mouvement féministe massif.

Précarité, travail gratuit, ou non reconnu, violences, contraintes sur nos corps, racisme sous toutes ses formes, les femmes et les minorités de genre payent cher le tribut de leur genre, mais apportent aux luttes leurs méthodes, leur détermination, leur colère. À Émancipation, nous portons les revendications de celles qui se lèvent pour se battre, nous défendons l’auto-organisation de ces luttes et contribuons, à notre échelle, à faire vivre ces cadres. En ce mois de mars, nos “petites mains” constructives mais rageuses se sont mises au service d’une revue écrite par des autrices uniquement, et dans la perspective d’un regard féministe sur les luttes en cours, les analyses qu’on peut faire des situations, en France et à l’international, les livres qu’on a chroniqués pour vous.

Et on se retrouve le 8 mars, dans la rue, sur les lieux de travail, dans nos collectifs, associations… pour faire entendre la voix de celles et ceux qui n’ont pas fini de s’organiser et crier leur colère !

Commission femmes de l’Émancipation tendance intersyndicale

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