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Une histoire silencieuse

Une histoire silencieuse

Ce livre est une exploration. Pas son compte-rendu, le processus même, par définition lacunaire. Thérèse Lefebvre, née Thérèse Larin est la grand-mère de l’autrice. Grand-mère pourtant elle ne l’a pas été. Elle est morte jeune, et on n’en a plus parlé. Alexandra-Lefebvre entreprend un travail qui va à l’envers de cette silenciation. Elle cherche, elle interroge, elle décrit. Par toutes petites touches. Et un visage apparaît, c’est celui de toutes les femmes mortes d’avoir été au foyer. Et c’est sublime.

Une histoire silencieuse , Alexandra Boilard-Lefebvre, La Peuplade, janvier 2025, 256 p., 20€.

Ta Promesse

Ta Promesse

Claire est écrivaine et elle est en attente de son procès. Aussi, quand elle commence à nous raconter une histoire, une histoire d’amour, son histoire, on se méfie. Et puis c’est comme ça avec les histoires, on a beau se méfier, on est embarqué. L’histoire de Claire commence très bien, comme beaucoup d’histoires d’amour, et finit très mal, comme un trop grand nombre d’entre elles. On est happé par son récit, intrigué par les témoignages d’amis et de connaissances qui viennent en contrepoint, on repose le livre sonné. Une description implacable de ce que le gaslighting creuse chez celles qui en sont victimes, et de la confusion dans laquelle la misogynie enveloppe leurs proches. Un salutaire outil de désidération.

Ta Promesse , Camille Laurens, Gallimard, janvier 2025, 368 p., 22,50€.

Harlem

Harlem

Lilly est une petite fille de Harlem. Son père est noir, sa mère est blanche. On est à la fin des années 1960 et la ségrégation est partout. Dans les rues du quartier comme dans les esprits. À Harlem les maisons sont exiguës, alors c’est dehors que les enfants se retrouvent et s’ébattent, émerveillés comme le sont tous les enfants les jours de neige. Un jour, à la sortie du collège, sur le trottoir d’en face, se tient une blonde de l’âge de Lilly. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Dans ce roman pour jeunes lecteur·trices, on voyage en bus à étage et les lettres s’échangent via des intermédiaires. Librement inspiré de la vie d’une femme que l’autrice a rencontré dans un train, c’est un très beau livre où la joie n’empêche pas la mélancolie, la pauvreté s’accompagne de solidarités et la lutte collective finira par mettre la violence à bas.

Harlem , Anne Cortey, L’École des Loisirs, septembre 2024, 168 p., 12,50€.

Mon travail d’écrivain

Mon travail d’écrivain

Du 11 au 21 octobre 1986, Claude Simon, tout juste prix Nobel, prend part au forum d’Issyk-Kul au Kirghizistan. Dix-huit artistes et intellectuels de renom y sont rassemblés pour envisager les “objectifs de l’humanité dans le troisième millénaire à l’échelle mondiale”. Est-ce l’emphase de son objet qui  fera l’inanité de l’entreprise ? Claude Simon en repart sans signer la déclaration finale du forum. Il en tirera un livre L’Invitation, publié en 1988. Le 14 novembre 1986, Federico Mayor, futur directeur général de l’UNESCO, lui adresse une version française du texte quelque peu amendé. Simon y répond par une paraphe accompagnée d’une mise au point de cinq pages. C’est ce court texte jubilatoire qui est ici donné à lire, après lequel le fac-similé de la déclaration du forum n’en apparaît que plus piteuse. Une leçon d’irrévérence.

Mon travail d’écrivain n’autorise à mes yeux aucune concession , Claude Simon, Les éditions du Chemin de Fer, janvier 2025, 32 p., 9,50€.