Huguette Cordelier est décédée le 29 décembre à l’âge de 80 ans. Elle fut notre compagne de route au côté de Pierre. Fin des années 70 elle avait choisi de militer au SGEN et à l’École Émancipée, tendance de la FEN, qui n’était pas encore intersyndicale.

Dès sa sortie de l’École normale d’institutrices du Bourget, en 1964, en poste à Bagnolet, elle se syndique au SNI et dans la tendance École Émancipée.
Elle est ensuite nommée en 1966 à l’école Vitruve, une des trois écoles du “groupe expérimental du XXe”, qui pratiquait une pédagogie nouvelle et y travailla jusqu’en juin 1972. Puis elle devint rééducatrice psychopédagogique, “maîtresse G”, jusqu’à sa retraite en 2002.
C’est là qu’elle rencontre Pierre. En 1976 et 1977 iels adoptèrent Remy et Marie, d’origine coréenne, et qui devinrent au fil du temps des enfants “École Émancipée”.
“Lassée de faire vivre le syndicat sur le terrain sans avoir de pouvoir ni en interne, ni en externe”, elle quitte le SNI pour adhérer au SGEN-CFDT en 1980. Elle est élue à la commission administrative paritaire de 1986 à 1995, et participe à la commission exécutive de ce syndicat à partir de 1994. Pierre, quant à lui reste syndiqué au SNI puis au SNUIPP jusqu’en 1996.
Dans ces années 80, elle est très active dans le Collectif anti-hiérarchie et dans le mouvement contre “les maîtres-directeurs”. Et dans les années 90, elle s’investit dans le militantisme de soutien aux “sans logis” avec l’association DAL et participe à l’occupation de l’église Saint-Bernard par les “sans-papiers” en 1996.
Après le mouvement social de 1995 “il était impossible pour de nombreux oppositionnels internes à la CFDT d’y rester”. Huguette refuse le syndicalisme d’accompagnement et constate “l’impossibilité de l’opposition interne à changer cette orientation. La création de SUD-PTT avait créé un précédent et la Fédération syndicale unitaire (FSU) représentait pour nous un contre-modèle. On pensait que s’ouvrait une période de recomposition syndicale et que la création de SUD-Éducation nous permettrait de mieux y participer” dit-elle dans sa biographie du Maitron.
Syndiquée à Paris, elle est co-fondatrice de la Fédération Sud éducation en 1996, inscrite comme secrétaire fédérale au moment du dépôt de statut puis élue à ce poste au congrès constitutif (en 1998 à Lyon) jusqu’en 2001. Pendant cette période elle est la représentante de Sud-éducation au Conseil national du “groupe des Dix” (qui a précédé l’Union syndicale Solidaires). Elle est membre du bureau national de Solidaires de 1998 à 2000. À partir de 2002, elle se syndique à Sud éducation Créteil.
Elle s’investit dans la création de RESF et participe en particulier à la création de RESF dans la Seine-et-Marne. Elle s’implique avec Pierre dans le groupe de travail qui, au cours de l’année 2007-2008 débouche sur la publication du livre La chasse aux enfants (La Découverte, 2008).
Elle a participé à nos nombreuses semaines estivales y apportant une vision éclairée hors FEN et FSU et ce jusqu’en 2010. Et je cite là Jean-Pierre Thielland :
“Nous nous retrouvions chaque année en juillet dans le collectif « Librairie », pour débattre bien sûr mais aussi pour vivre ensemble pendant ces quelques jours que durait la semaine. C’est dans ce partage d’un collectif autogéré que j’ai vraiment pu apprécier les qualités humaines d’Huguette. Particulièrement cette curiosité bienveillante de l’autre qu’elle savait mettre en confiance pour entrer en relation et en dialogue. Je garde en mémoire son rire bien sûr, et me souviens de cette capacité à ne pas se prendre au sérieux tout en restant fidèle à ses engagements. Huguette était une militante qui savait mettre ses actes en cohérence avec ses paroles”.
J’ajouterais que pour ne pas se prendre au sérieux, à sa nomination en tant que secrétaire fédérale de SUD éducation elle a arboré un nez rouge de clown qu’elle a ensuite transmis à Noëlle qui lui a succédé.
Avec Pierre, elle a aussi fait partie de l’équipe d’animation de l’EDMP et du local de l’impasse Crozatier au côté de Lily et Volo. Participant à l’organisation des débats et aux repas qui leur succèdent.
Nous n’oublierons pas tout ce que le syndicalisme révolutionnaire et de lutte de classe lui doit. Nous n’oublierons pas non plus ses engagements au côté des sans, sans-logis, sans-papiers.
Une page se tourne mais nous continuerons ses combats.
Annick