La “stabilité politique” n’est pas la réponse à la montée de l’extrême droite
Le mois de janvier 2025 a vu se développer à marche “forcée” les idées les plus réactionnaires en France comme dans le reste du monde. À l’international, l’investiture de Trump a fait grand bruit, en particulier parce qu’elle s’accompagne de déclarations sur l’obligation pour plus d’un million de Gazaoui·es de passer en Égypte et sur la fourniture renforcée de missiles US et qu’elle a développé et durci une attaque de grande ampleur contre l’immigration. Un certain nombre de décrets acte déjà cette attaque : fermeture de l’application mobile CBP One, à travers laquelle se faisait l’ensemble des demandes d’asile, interruption du programme étasunien d’accueil des réfugiés (USRAP) pour au moins 90 jours, intensification d’ampleur de la répression de l’immigration clandestine, marquée notamment par la proclamation de l’état d’urgence sur l’ensemble de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Trump s’attaque aussi aux étranger·es déjà présent·es sur le territoire avec l’abolition du droit du sol.
Dans le même temps, le nouveau Président des États-Unis lance le projet “Stargate”, pour lequel 500 milliards sont prévus pour porter la prochaine génération d’IA… L’objectif ? Concurrencer la Chine et créer des emplois sur le territoire américain, autrement dit, réaffirmer et renforcer l’impérialisme des États-Unis sur fond, nécessaire, d’un fort nationalisme.
Symbole de cette investiture et de ce début de mandat de Trump, l’attitude de Musk, et en particulier le salut nazi qu’il a effectué, mais aussi l’absence de véritable réaction à ce geste, comme aux axes politiques développés par Trump. Ainsi par exemple en France, les journaux ont rivalisé d’euphémisme pour qualifier le geste de Musk – un “geste maladroit” – affichant par là une dangereuse complaisance, présente également au niveau politique, vis-à-vis des États-Unis. Et en effet, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans de dangereux échos d’une part aux manifestations pro-nazis de Musk, a attesté de son soutien à une association d’extrême droite radicale, et d’autre part aux attaques de Trump contre l’immigration, a acté fin janvier, dans une nouvelle circulaire aux préfets, un durcissement des conditions de régularisation des sans-papiers. Remplaçant le texte de Valls de 2012 qui exigeait des travailleurs et travailleuses sans-papier de justifier de trois ans de présence en France et de deux ans de travail, soit cinq ans de présence et deux ans et demi de travail pour pouvoir demander une régularisation exceptionnelle auprès de la préfecture, la nouvelle circulaire exige une durée de présence d’au moins sept ans… une “fleur” faite aussi au patronat, qui pourra maintenir les travailleurs et travailleuses dans l’illégalité plus longtemps, sans s’inquiéter qu’elles et ils réclament des droits.
Sur le plan du budget et des attaques contre les travailleurs et travailleuses, Macron et son “nouveau” gouvernement continuent dans la droite ligne de ce qu’ils ont commencé, dans un contexte de crise politique. Certes, le récent refus du PS de voter la motion de censure du gouvernement Bayrou au nom d’une sacro-sainte stabilité politique et au prétexte d’une peur entretenue de la montée de l’extrême droite – que tout, dans la politique actuelle, ne cesse de favoriser – facilite la perspective d’un budget brutal. Mais censure ou pas, aucune illusion sur une issue parlementaire n’est de mise : seule l’action directe partant des entreprises, établissements quartiers populaires… peut changer la situation.
Cependant qu’au lieu de renforcer et impulser les luttes actuelles, les directions syndicales ont décidé de participer à la mascarade du “conclave”, en se rendant à des discussions qui visent pourtant à empêcher à tout prix l’abrogation de la réforme des retraites et qui revendiquent des “victoires” qui ne sont que des reculs tactiques du pouvoir (choc des savoirs, congés de maladie…). Alors même que le macronisme est de plus en plus minoritaire, la participation au “dialogue social” le renforce, ne serait-ce qu’en lui faisant gagner du temps et en en faisant perdre aux responsables syndicaux, pour impulser la nécessaire riposte.
Nous défendons évidemment une autre voie, celle de la lutte dès la base, qui nécessite un travail de terrain et de fond avec tou·tes celleux qui subissent l’exploitation et les oppressions et qui répond à la précieuse nécessité de créer du lien face au pouvoir réactionnaire et écocide en place.