À Dijon, c’est le 17 qu’a eu lieu la journée internationale des migrant·es sous le soleil et le froid. Le collectif Soutien asile 21 a lancé l’appel avec un groupe de jeunes exilé·es à faire de cette journée un moment de joies et de rencontres.
Un projet avec les jeunes exilé·es
Depuis plusieurs mois, à Dijon, des jeunes exilé·es s’organisent pour revendiquer haut et fort : régularisation pour toutes et tous ! Certain·es ont des titres de séjour et veulent aider leurs camarades, d’autres n’en ont pas, parce que la préfecture conteste systématiquement leurs documents. Petit à petit, un projet voit le jour : faire sortir les exilé·es de l’ombre en réalisant des vidéos de leur quotidien et de leurs galères de papiers. Avec le soutien et le travail de membres du collectif, on rencontre des jeunes, on filme, on monte des vidéos. Adama, le premier, raconte ses problèmes pour avoir des papiers, son séjour en France, son apprentissage du français, des anecdotes décalées, comme la première fois qu’il aborde une fille, il lui dit “regarde la lune, elle a la même couleur que moi”… Anaïs, la réalisatrice, pugnace jeune femme, continue les tournages avec les témoignages de Stéphane Ravacley, le boulanger qui avait fait une grève de la faim pour son apprenti menacé d’expulsion, puis avec Marc et son apprenti boucher de Fleurey-sur-Ouche à 15 minutes de Dijon. Avec beaucoup d’humanité pour montrer le quotidien et les difficultés pour obtenir des titres de séjour, Anaïs poursuit les tournages et commence à avoir une petite galerie de portraits de l’exil. Pour voir les vidéos, aller sur la chaine YouTube d’Anaïs Kromicheff 1 et cliquer sur les vidéos. Le but de ce projet ? Donner une humanité à l’exil vécu par ses jeunes et leurs soutiens, montrer que le terme “sans papier” est bien illogique au regard de la taille des dossiers pour justifier d’un emploi, d’études, des passeports, des actes de naissance, légalisés x fois par le pays d’origine, et pourtant bafoués par la police aux frontières qui s’en sert comme prétexte pour refuser les titres… La préfecture fait basculer dans l’illégalité tous ces jeunes et c’est inacceptable !
Citoyen·nes de Dijon, citoyen·nes de France !
Revenons au 17/12 à Dijon, nous avons investi une petite place du centre-ville, lieu de passage pour ce week-end de préparation de Noël. La place a été agrémentée de photos d’exilé·es, de citations, et des liens vers les vidéos du projet. Guimba, jeune exilé prend la parole : “Je suis Guimba, Malien. Je suis arrivé en France mineur, je me suis battu pour que le conseil départemental me loge, pour aller à l’école. J’ai maintenant cinq diplômes et je suis apprenti pour passer mon brevet professionnel en boulangerie-pâtisserie. Maintenant je fais du pain et des pâtisseries pour les Dijonnais et je suis Dijonnais. J’ai ma vie ici, j’ai trouvé à Dijon de la famille, des amis. Je refuse de revivre cette fois-ci une vie fade et décorée comme les précédentes. Je refuse de revivre les mêmes échecs, les mêmes douleurs, les mêmes scénarios dépressifs. Je ne resterai pas dans la salle d’attente de mon destin. Je sais que je ne gagnerai pas de coupe en restant sur le banc de touche. Nous sommes ici pour vous raconter notre passé et notre présent, ce qu’on a vécu hier et ce qu’on vit. […] Et maintenant, à tou·tes, passant·es, ami·es, aides occasionnelles ou de toujours, nous sommes ici pour dire que nous sommes des citoyen·nes dijonnais·es, nous devons avoir le droit de vivre sans nous cacher, de travailler, d’aimer, de prendre le tram sans nous poser la question de savoir si nous allons être arrêté·es. Nous voulons un titre de séjour pour faire tout ça et vivre à Dijon”.
La revendication est claire :
Régularisation pour toutes et tous !
Pas de loi Darmanin !
Entre les prises de parole, les gâteaux, boissons chaudes, pancartes, tracts, les passant·es s’arrêtent pour discuter. Sato, Guimba font danser les militant·es, passant·es sur Jérusalem et des danses africaines poursuivant ainsi ce moment festif !
Cette journée a permis de montrer que les exilé·es sont tout autant Dijonnais·es que les autres, qu’ils.elles veulent vivre librement et pour cela avoir des titres de séjour. Demandons plus encore : ils.elles doivent être naturalisé·es et devenir citoyen·nes !
Marine Bignon