Il est entendu que nous n’accordons pas une grande importance aux élections professionnelles, d’autant plus qu’avec la liquidation des CAP les instances paritaires ont perdu la plupart de leur intérêt et ne servent pas à grand-chose pour les personnels (en revanche, elles servent pour les décharges syndicales ; et ça c’est important pour d’aucun·es dans les différents appareils syndicaux…). C’est par la lutte de classe sur les lieux de travail qu’il y aura des conquêtes sociales, et pas dans les élections.
Néanmoins quelques remarques, pour avoir une vision plus complète (par ailleurs, les comparaisons ont leurs limites, car le CTMEN du ministère de l’Éducation est remplacé par la CSA – la nouvelle instance créée par la dernière réforme – et Jeunesse et sport est intégrée à l’Éducation nationale ce qui n’était pas le cas en 2018).
Éducation nationale
La participation est en baisse de 4 %.
Il est à noter :
- un recul marqué de l’UNSA qui perd 10 000 voix ;
- la FSU perd quand même 6 000 voix, avec une petite baisse en pourcentage ; en tout cas le communiqué sorti par la FSU est quelque peu proclamatoire (et d’ailleurs ne mentionne aucun chiffre précis concernant l’évolution des résultats…) ;
- SUD, FO et CGT (surtout CGT) gagnent un peu de voix ; SUD gagne presque 1 000 voix et 0,6 %, ce qui lui permet d’être à nouveau représentatif en ayant un siège dans l’instance nationale. SUD prend un siège à l’UNSA ce qui n’est pas plus mal.
Maintenant les résultats au niveau Fonction publique. Ceux des fonctions publiques territoriale et hospitalière ne sont pas encore arrivés, ce sera intéressant. Mais déjà si on regarde la Fonction publique d’État prise globalement c’est très parlant et assez inquiétant.
Fonction publique d’État
On constate :
- un gros recul de la participation (presque 6 %, ce qui est considérable d’une élection sur l’autre) ; il est encore plus important qu’à l’Éducation (ce qui fait que par exemple, même en perdant 6 000 voix la FSU renforce sa représentativité en pourcentage des exprimé·es…).
- la tendance de fond est celle de la perte de représentativité électorale (heureusement qu’il n’y a pas que les élections, mais c’est quand même un très mauvais signe…), qui s’accélère en 2022. Il n’y a qu’à regarder les pourcentages par rapport aux inscrit·es. En 2022, 5 % des personnels de la Fonction publique d’État ont voté pour la CGT, principale confédération du pays…
- cette année, comme en 2018, ce sont la CGT et Solidaires qui subissent un recul marqué (par rapport aux inscrit·es : la représentativité de Solidaires a été divisée par deux depuis 2008…). Il est d’autant plus marqué si l’on se souvient qu’au contraire ils progressent dans le ministère de l’Éducation, qui est le plus important…
- ceux qui limitent le mieux la casse, ce sont FO et l’UNSA, ce qui ne fait pas vraiment rêver…
- une dernière remarque : on peut continuer de répéter que ce déclin coïncide chronologiquement avec la mise en oeuvre des accords de Bercy sur la représentativité syndicale dans la Fonction publique, et on aura raison. Et que le vote électronique, certes néfaste (mais lui aussi inscrit en toutes lettres dans les dits accords), n’explique certainement pas tout le recul électoral du syndicalisme. Il se trouve qu’à l’époque, à part FO (qui n’a pas signé, mais pour de mauvaises raisons par ailleurs), toutes les directions syndicales nous vantaient les avancées pour le syndicalisme… on voit le résultat…
Par ailleurs, ça interroge sur d’autres questions. On a pu voir ces dernières années des dirigeants syndicaux s’interroger sur le manque de représentativité des mouvements de type Gilets jaunes, mouvements auto-organisés divers et variés, etc. L’argument devient peu convaincant, car leur propre représentativité est de toute évidence elle-même de plus en plus limitée…
Quentin Dauphiné, le 9 décembre 2022