La plupart des médias jouent un très sale rôle pour donner la pire image de Gaza. Non, les Gazaoui·es ne sont pas des barbus fanatiques. Ce ne sont pas non plus les victimes d’une dictature islamiste qu’on pourrait assimiler à Daesh et qui les utiliserait comme boucliers humains. Gaza est une société très pluraliste où on entend toutes les opinions. Une partie importante de cette société est “dégagiste” vis-à-vis des partis qui sont très critiqués pour défendre leurs propres intérêts.
Le Hamas a obtenu 39 % des voix à Gaza lors des élections démocratiques de 2006. Il avait bénéficié d’un vote protestataire contre les accords d’Oslo et la corruption. Il n’en représente pas plus aujourd’hui. Mais à la minute où la guerre a commencé le 7 octobre, il y a eu unité face à l’occupation et une conscience générale que ce qui est à l’œuvre, c’est la destruction totale de toute une population et un nouveau nettoyage ethnique prémédité.
Gaza, jusqu’au 7 octobre, c’était une société très éduquée avec 1 % d’illétré·es et 100 000 étudiant·es dans six universités. Il y avait 21 000 diplômé·es chaque année, presque tou·tes au chômage. C’était un fourmil-lement d’associations petites et grandes qui empêchaient la société de s’écrouler.
Comme les médias n’ont pas su rapporter la vérité sur l’hôpital Al Shifa, je raconte ce que j’y ai vu en 2016.
Il y avait une seule psychologue dans cet hôpital. Elle a pris sa page Facebook pour demander à des psychologues diplômé·es de travailler gratuitement. Elle a eu 100 réponses. Elle a fait passer un examen, écrit et oral. Elle a pris les meilleur.es, 23 femmes et trois hommes. Pourquoi ces gens travaillent-ils gratuitement ? La réponse est claire : “on ne peut pas laisser notre société s’écrouler”. “Un jour, le blocus cessera, il y aura du travail, on a de l’expérience, on aura un travail”.
C’est ça Gaza, c’est ça que l’armée génocidaire veut détruire à jamais.