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Argentine

On l’appelle le Trump argentin. Il ressemble au clone de Bolsonaro. En pire. Javier Milei a été élu triomphalement à la tête de l’Argentine. Il est majoritaire partout sauf dans la capitale.

On a déjà vu avec l’arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne comment l’hyperinflation peut amener un pays entier à se tourner vers les pires solutions. Les péronistes portent une responsabilité majeure dans cette situation. Des années de pouvoir, la corruption, le maintien d’un système économique qui fait qu’en Argentine, principal producteur de viande bovine, la population n’a plus les moyens d’en consommer, tout ceci a logiquement contribué à la défaite d’un ministre qui avait été l’artisan de ce naufrage économique.

Milei prône la dollarisation de l’économie, les privatisations de ce qui reste de secteur public et le libéralisme sans obstacle. Carlos Menem s’était lancé dans cette solution à la fin du siècle dernier en appliquant à la lettre les consignes du FMI. Résultat, une grande partie de la population avait sombré dans le chômage et la pauvreté. Les inégalités avaient explosé. La résistance était venue du mouvement des “piqueteros”, multipliant barrages routiers, manifestations et autogestion d’entreprises abandonnées par leurs patrons.

Le programme de Milei est à la fois “sociétal” (interdiction de l’avortement, réhabilitation de la dictature militaire) et économique : destruction totale du rôle de l’État dans l’éducation, la protection sociale… Bref une loi de la jungle au profit des nantis.

Il y a urgence à organiser la riposte et les contre-pouvoirs. La gauche argentine a tout intérêt à proposer une alternative anticapitaliste avant que le pays ne sombre dans une nouvelle forme de fascisme.

Équateur

Luisa Gonzalez, héritière de l’ancien président Correa, était arrivée en tête au premier tour des élections présidentielles. La bourgeoisie s’est unifiée pour lui barrer la route et c’est un milliardaire inconnu, Daniel Noboa, qui l’a emporté. Les narcotrafiquants qui gangrènent le pays ont pesé de tout leur poids.

Espagne

On peut avoir des avis divergents sur l’indépendantisme catalan. On peut remarquer que les mêmes qui ont approuvé l’éclatement de l’URSS ou de la Yougoslavie trouvent impensable que la Catalogne ou l’Écosse deviennent indépendantes. Ou que ceux et celles qui s’insurgent contre le référendum sur l’indépendance de la Catalogne n’ont pas hésité à trafiquer le référendum aux Comores pour garder Mayotte.

En tout cas, frapper de longues années de prison et d’inéligibilité des dirigeants pour avoir organisé un référendum, c’est totalement inadmissible.

Pedro Sanchez vient de faire un deal avec la droite indépendantiste catalane : “vous soutenez mon maintien au pouvoir et je vous amnistie”. C’est raisonnable et voir des centaines de milliers de néo-franquistes manifester rappelle de façon sinistre ce que le fascisme a fait en Catalogne et au Pays Basque.

Israël

“Les Israélien·nes ont peur de ne plus avoir peur” m’avait dit un jour un Palestinien qui avait participé aux négociations d’Oslo. Cette peur entretenue fait que les Israélien·nes se vivent en victimes et pas en bourreaux.

Avant la construction du mur et le blocus de Gaza, les Israélien·nes “voyaient” des Palestinien·nes. C’est fini, ils et elles sont devenu·es dans l’opinion israélienne des monstres assoiffés de sang. Les fake news sur les femmes violées ou les bébés éventrés le 7 octobre se sont répandues sans problème.

L’extrême droite est certes divisée en Israël, mais elle a durablement conquis dans la société israélienne l’hégémonie chez les religieux, l’armée, les Juif/ves venu·es du monde arabe (séfarades et mizrahim), les Russes…

En Israël, on ne dissimule pas ses intentions. On “urine du haut du plongeoir”. Les pires propos meurtriers contre les Palestinien·nes sont devenus des arguments de vente au moment des élections. L’Arabe est déshumanisé·e. Le/la tuer, le/la faire souffrir est devenu normal. Les barrières morales se sont écroulées et l’opinion se fout de ce que le monde extérieur pense d’elle.

Tout ceci est le résultat de décennies d’impunité et de complicité. Puisque, malgré les nettoyages ethniques, l’occupation, la colonisation, l’emprisonnement massif, la torture et aujourd’hui un génocide qui a tué plus de 13 000 personnes dont 5000 enfants, les dominant·es continuent de soutenir inconditionnellement la “seule démocratie du Proche-Orient”, pourquoi se gêner ?

Michel Warschawski a toujours expliqué qu’on n’a jamais vu des privilégié·es renoncer d’eux et d’elles-mêmes à leurs privilèges. Tant que l’État d’Israël ne paiera rien pour les horreurs qu’il inflige à la Palestine, il n’y aura pas de rupture du front intérieur en Israël et les différents courants de l’extrême droite suprémaciste alterneront au pouvoir.

Gaza

La plupart des médias jouent un très sale rôle pour donner la pire image de Gaza. Non, les Gazaoui·es ne sont pas des barbus fanatiques. Ce ne sont pas non plus les victimes d’une dictature islamiste qu’on pourrait assimiler à Daesh et qui les utiliserait comme boucliers humains. Gaza est une société très pluraliste où on entend toutes les opinions. Une partie importante de cette société est “dégagiste” vis-à-vis des partis qui sont très critiqués pour défendre leurs propres intérêts.

Le Hamas a obtenu 39 % des voix à Gaza lors des élections démocratiques de 2006. Il avait bénéficié d’un vote protestataire contre les accords d’Oslo et la corruption. Il n’en représente pas plus aujourd’hui. Mais à la minute où la guerre a commencé le 7 octobre, il y a eu unité face à l’occupation et une conscience générale que ce qui est à l’œuvre, c’est la destruction totale de toute une population et un nouveau nettoyage ethnique prémédité.

Gaza, jusqu’au 7 octobre, c’était une société très éduquée avec 1 % d’illétré·es et 100 000 étudiant·es dans six universités. Il y avait 21 000 diplômé·es chaque année, presque tou·tes au chômage. C’était un fourmil-lement d’associations petites et grandes qui empêchaient la société de s’écrouler.

Comme les médias n’ont pas su rapporter la vérité sur l’hôpital Al Shifa, je raconte ce que j’y ai vu en 2016.

Il y avait une seule psychologue dans cet hôpital. Elle a pris sa page Facebook pour demander à des psychologues diplômé·es de travailler gratuitement. Elle a eu 100 réponses. Elle a fait passer un examen, écrit et oral. Elle a pris les meilleur.es, 23 femmes et trois hommes. Pourquoi ces gens travaillent-ils gratuitement ? La réponse est claire : “on ne peut pas laisser notre société s’écrouler”. “Un jour, le blocus cessera, il y aura du travail, on a de l’expérience, on aura un travail”.

C’est ça Gaza, c’est ça que l’armée génocidaire veut détruire à jamais.