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Féminisme et révolution

Simultanément en Iran et ici, sans que la situation générale et les risques soient comparables, les femmes disent publiquement “Non à l’obéissance !”.

Pour le premier pays, non aux diktats religieux quant aux tenues féminines autorisées, et, au-delà, de la soumission qu’elles impliquent dans la vie quotidienne. Pour le second, non à l’obéissance aux hommes en général et à ce que leur permet leur statut social. Ce non grandissant menace ce statut-même, comme le montre maint exemple dans le monde culturel et politique, puisque de lui, surtout en cas de notoriété, découle un surcroît de prestige et donc d’une possible domination.

On voudrait porter assistance de toutes les façons aux Iraniennes et aux Iraniens qui les soutiennent, exposant leur vie dans les rassemblements et défilés face à une répression féroce. De la même façon nous sommes solidaires de corps et d’esprit avec nos compatriotes en lutte contre l’inégalité de genre et les mauvais traitements qu’elle autorise.

J’ai développé ailleurs1 comment le ressort principal de cette situation était dans le rapport – et le fossé – entre vie privée et vie publique. Les restes de relégation des femmes aux soins domestiques sont contradictoires avec leur formidable ascension socio-professionnelle. Cette relégation qui sert le confort des hommes, leur confiance en eux, leur réussite ; et parfois, par voie de conséquence, leur emprise et leurs abus vis à vis de l’autre genre.

On nous parle de “degrés” dans ces abus. C’est en effet à la justice, pour finir, de les apprécier et, si besoin est, de les sanctionner. Il reste qu’ils sont les fruits du même mécanisme d’oppression reposant sur ce leurre de supériorité, admis et entretenu par l’ensemble de la société.

Que des révélations en cascade tendant à le détruire soient récupérées, instrumentalisées à des fins partisanes est regrettable ; mais l’égalité est à ce prix.

Que certains jugent excessives l’obstination et l’audace des féministes ne peut nous surprendre puisque tout effort des femmes pour sortir du “rien”, du néant auxquels le sexisme les assigne, est toujours “de trop”.

Marie-Claire Calmus

  1. Privé-Public,Éditinter éditions, 2021. ↩︎