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Chronique des sexismes

 
PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

Déconstruire le genre ? Les nouveaux pères

Les deux-tiers des tâches domestiques sont toujours assurées par les mères, même si les pères sont plus investis dans l’éducation de leurs jeunes enfants aujourd’hui. Une enquête sociologique (citée dans Libération du 12 août 2025), a étudié l’impact de l’engagement des pères à la maison et auprès de leur jeune enfant, fille ou garçon, en fonction de quatre domaines : les tâches domestiques, le soin, l’éducation, les jeux.

Ainsi, les pères plus impliqués dans les tâches domestiques et parentales (à égalité avec la mère ou même davantage qu’elles) renforcent chez leur fils une tendance à se livrer à des activités non conformes à leur genre. Par exemple ils joueront plus facilement à la dinette ou à la poupée. Mais un père qui joue avec son enfant, reproduit les jeux dits masculins auxquels il jouait lui-même enfant, (petite voiture ou foot). Il renforce alors chez son fils une attitude qui correspond au modèle de masculinité traditionnelle. Sur les filles aucun effet, elles s’adonnent déjà à des activités moins conformes à leur genre en raison d’une plus grande tolérance sociale si elles jouent à la voiture, ce qui est moins toléré si un garçon joue à la poupée. Donc un père qui s’implique dans les tâches ménagères aide à déconstruire le modèle de masculinité traditionnelle chez son fils, mais pas le genre. Si on laisse les pères jouer avec leurs enfants ils renforcent les stéréotypes chez leur fils.

La promesse de nouvelle paternité n’est donc pas si révolutionnaire. Les femmes semblent en partie avoir achevé leur prise de conscience, c’est donc à présent du côté des hommes de terminer la déconstruction du genre par l’exemple donné à leurs enfants, notamment par le jeu. Cela assurera une société de facto plus égalitaire pour les générations futures. Mais les pères sont-ils vraiment prêts ? Inverser les pancartes “filles” “garçons” dans les rayons jouet aux alentours de Noël, ou les retirer ou bien mélanger tous les jeux, pourrait être un premier pas pour susciter le questionnement et le débat chez les parents, et les pères en particulier.

Véro

Ne jamais lâcher face à l’injustice

En septembre dernier, le tribunal de Busan en Corée du sud, a prononcé l’acquittement de Choi Mal-ja, soixante ans après sa condamnation pour avoir mordu l’homme qui l’avait agressée sexuellement.

En 1964, alors qu’elle était âgée de 18 ans, cette jeune Coréenne avait été victime d’une tentative de viol ; elle avait échappé à son agresseur en lui mordant la langue, lui arrachant 1,5 cm de peau. Ce geste l’avait protégée du violeur mais pas de la justice et de la société patriarcale. En effet, le jugement rendu en 1965, l’avait condamnée à une peine de 10 mois de prison avec sursis pour “coups et blessures aggravées”, soit une condamnation plus lourde que celle de son agresseur, simplement reconnu coupable d’“intrusion et intimidation”.

Toute sa vie, Choi Mal-ja a porté l’injustice de cette condamnation, sans jamais l’accepter. En 2020, portée par le mouvement Me Too, aidée par sa famille et des organisations de défense des femmes, elle dépose une requête pour la faire annuler. Cette femme aujourd’hui âgée de 80 ans, s’est battue pour qu’à l’avenir les actes de défense des femmes soient considérés comme légitimes, une victoire à saluer.

Joëlle

Les milieux de la musique dite classique et lyrique ne sont pas de ceux qui ont le plus déconstruit le sexisme ordinaire.

Jusqu’à il y a peu, des orchestres symphoniques ne recrutaient que des hommes. Même s’il augmente assez vite, le nombre de femmes cheffes d’orchestre reste ridiculement bas par rapport à celui des hommes.

Au-delà des clichés qui n’ont pas beaucoup évolué sur les rôles de femmes dans les opéras, certains livrets contiennent des énormités. Dans La Flute Enchantée, opéra d’inspiration très maçonnique de Mozart, on trouve une dévalorisation systématique de la parole des femmes.

Mais la mise en scène est un des domaines où les pratiques sexistes restent nombreuses, y compris à l’heure actuelle. Ainsi récemment dans Marie Stuart de Donizetti, les robes de Marie Stuart (et aussi d’Élisabeth qui l’a faite condamner à mort) jusque-là opaques, laissent voir les dessous des deux reines au moment de la montée de Marie vers le bourreau. Pourquoi à ce moment dramatique ? Pourquoi seulement les deux rôles féminins et pas les masculins comme dans certains ballets où la nudité n’est pas sexuée ?

Olivier