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Nuit Blanche

Nuit Blanche

C’est le soir d’Halloween, Gaspard est occupé à compter le butin dont regorgent ses poches. Quand il relève la tête, sa maman a disparu. C’est là que l’album s’ouvre, sur un petit fantôme égaré au milieu de sorcières et de super-héros qui eux n’ont pas perdu leur parent. Il aimerait leur demander de l’aide mais aucun son ne sort de sa bouche, alors il court. Il est inquiet, il garde son drap blanc, les adultes aussi ont peur des fantômes. Le nom des rues qu’il croise ne lui évoque rien, il s’éloigne du centre-ville, espérant reconnaître son quartier. Il aperçoit une silhouette dans un champ, s’approche, espérant trouver de l’aide, se retrouve face à un épouvantail. Le soleil se couche, Gaspard enlève son costume de fantôme et dîne de bonbons. Petit à Petit, il s’habitue à la nuit. Au matin, des rayons rose orangé viennent le réveiller, puis il entend la voix de sa maman qui le cherche. Alors enfin il pourra lui demander ce que signifie la phrase qu’il s’est répétée comme un mantra.

Nuit Blanche , Florian Pigé, Hongfei, octobre 2025, 21 euros.

Le Bus jaune

Le Bus jaune

C’est l’histoire d’un bus au jaune éclatant. Chaque matin empli d’enfants qu’il mène à l’école. Et qui le remplissent de joie. Un jour le bus change d’itinéraire. Il accueille maintenant les pensionnaires d’une maison de retraite, qu’il accompagne à la bibliothèque. On finit par garer le bus aux confins de la ville. Il est à l’arrêt et plus personne ne vient égayer ses travées. Jusqu’à cette nuit où des sans-abris viennent s’y réchauffer. Et puis un jour on remorque le bus jaune hors de la ville, aux abords d’une ferme où il se trouve bien abandonné. Jusqu’à ce que des chèvres l’investissent. Le fermier finit par venir chercher les chèvres. La vallée s’apprête à être submergée. Le bus jaune se retrouve à nouveau seul, inemployé. Mais alors les poissons arrivent. Et le remplissent de joie.

Le Bus jaune , Loren Long, Hongfei, octobre 2025, 16.9 euros.

Les Sœurs

Les Sœurs

Le livre s’ouvre sur une fête de Nouvel An dans laquelle on est immédiatement embarqués. On ne quittera plus les sœurs Mikkola. Jonas n’a pas cette chance, qui les a connues enfants et reste fasciné par celles qui sont sorties de sa vie aussi brusquement qu’elles y étaient entrées. Il faut dire qu’elles sont hautes en couleur. Ina, aînée aussi anxieuse que responsable, Evelyn, cadette au charisme incandescent et Anastasia, benjamine et artiste un peu paumée. Paumé on l’est autant que Jonas face à elles et leurs disparitions, et on se laisse balader avec plaisir entre Stockholm, Tunis, New York et Berlin, dans une épopée familiale mélancolique et survoltée.

Les Sœurs , Jonas Hassen Khemiri, Actes Sud, septembre 2025, 26,80 euros.

Hamlet le long du mur

Hamlet le long du mur

C’est l’été à Haïfa et Sonia n’est pas revenue depuis des années, elle qui est comédienne à Londres. Elle s’installe chez sa sœur Haneen, qui enseigne dans une université israélienne. Le désœuvrement de Sonia se confronte aux mille questions que posent son identité, à la force d’une culture, et à la violence de l’occupant. Sonia fait la rencontre de Maryam, qui met en scène un Hamlet à Ramallah. D’abord réticente, elle se laisse happer par ce projet, dans lequel toutes les difficultés liées à la condition des Palestiniens se conjuguent au sein d’un collectif bigarré. Voilà un immense roman du doute, de la lutte et de la solidarité.

“Pendant ce temps-là, en s’adressant à moi dans le miroir, elle continuait à m’expliquer sa théorie, présentée comme une vérité, à savoir que quand on lit un roman sur l’occupation et qu’on se sent compris, quand on voit un film et qu’on se sent reconnu, la colère, cette plaie ouverte, reçoit comme un pansement provisoire et il devient plus facile d’endurer son sort ; alors le temps s’écoule comme d’un robinet ouvert : au centre culturel le film s’achève, on applaudit, le générique de fin déroule la liste des principaux donateurs avec leurs logos, tels les blasons des grandes familles européennes de jadis ; et s’il y a des moments, dans ces concerts, ces lectures de poésie, ces pièces, où l’on se sent connecté aux autres, à ceux qui sont derrière l’écran, des moments où l’on ressent une efflorescence du cœur à la vue de la résistance de sa communauté telle que l’art l’embaume, en fin de compte, la conséquence en est que soi-même, c’est du moins vrai dans les classes moyennes, on sera moins acharné au combat parce qu’on aura trouvé un soulagement momentané à son désespoir”.

Hamlet le long du mur , Gallimard, septembre 2025, 24 euros.