Le parti travailliste, depuis qu’il a écarté Corbyn, est étranger à ce mouvement social qui n’apporte rien à son agenda.
Le parti conservateur a pris pour succéder à Boris Johnson une espèce de clone de Margaret Thatcher, Liz Truss. Elle croit en la lutte des classes et est prête à la mener pour le compte du patronat.
C’est le moment qu’a choisi la reine pour mourir. Les lecteurs et lectrices de la revue me pardonneront de ne pas verser dans la Queen mania. Cette reine dont les obsèques ont coûté 9 millions de livres, n’a pas été qu’une potiche possédant 2800 diamants dont le plus précieux (le Koh-i-Nor) vaut 400 millions d’euros. Elle avait le pouvoir de “gracier” des condamné·es. Elle a donc sur la conscience la pendaison de plusieurs indépendantistes chypriotes (dont un jeune de 17 ans) en 1958 et la mort de Bobby Sands et de ses camarades en mai 1981.
Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Une sous-estimation du pouvoir des médias, ils étaient tous dans le camp du non. Ils ont distillé à grande échelle des fake news sur les dangers de cette constitution. Il y a eu sans doute une erreur de faire voter sur tous les thèmes à la fois. Probablement la plupart de ces thèmes étaient majoritaires séparément.
Enfin, Boric, depuis qu’il est au pouvoir a changé très peu de choses. Du coup, cette nouvelle constitution n’a pas été perçue comme une rupture. Par exemple, alors que le texte reconnaissait les droits du peuple autochtone (les Mapuches), la répression contre eux et elles n’a jamais cessé.
En attendant, l’université et la santé restent réservées aux plus riches et l’avortement reste interdit, sauf cas très rares.
Les révélations sur les crimes contre l’humanité, commis lors de la guerre de 1948 ou plus récemment, se multiplient. Cela n’a aucun effet. Des soldats ou des colons n’hésitent plus à se vanter d’avoir commis des meurtres.
Profondément, la majorité de la population pense que, de la même façon que les Européen·nes parti·es en Amérique du Nord ou en Australie ont définitivement vaincu les peuples autochtones, Israël ne risque rien.
Du coup, les attaques se multiplient sur tous les fronts. Les grandes villes palestiniennes subissent des incursions meurtrières quotidiennes. Le directeur du “Théâtre de la Liberté” de Jénine a été arrêté, la “détention administrative” de Salah Hamouri a été prolongée de trois mois, les soldats aident ouvertement les colons à agresser les paysan·nes ou les enfants.
En Palestine, l’Autorité Palestinienne ne se cache même plus : elle réprime les manifestations, emprisonne les opposant·es, empêche les journalistes de témoigner.
Et la France, un pays qui (comment en douter) défend les droits humains, invite en grande pompe l’état-major israélien avec le commandant en chef Aviv Kochavi (qui vit dans une colonie). Elle organise en secret une grande réunion sur l’antisémitisme (comprendre l’antisionisme) avec plusieurs ministres israéliens et l’ambassadrice d’Israël.
Masha Amini était une jeune iranienne de 22 ans. Arrêtée pour “port de vêtements inappropriés”, elle n’a pas survécu aux coups qu’elle a reçus. La police des mœurs nie, bien sûr, toute responsabilité.
Fait nouveau, cet assassinat a entraîné une vague de manifestations durement réprimées.