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Une femme du peuple

Une femme du peuple

La mère de Didier Eribon est entrée un jour à l’EHPAD de Fismes pour ne plus en ressortir. Dans cet ouvrage pudique et sensible, l’auteur de Retour à Reims s’attache à rendre compte des violences – des plus emblématiques aux plus microscopiques – auxquelles on est amené à faire face l’âge avançant. A fortiori quand on est née femme et qu’on a vécu ouvrière. Sont ainsi explorés les allers-retours qui mènent à l’entrée en institution, le cruel et cynique manque de moyens alloués à celles-ci et à leurs personnels, la position d’extrême dénuement dans laquelle sont placé·es ceux  et celles qui auront à vivre cette situation : la majorité d’entre nous, une majorité atomisée. Eribon combat cette atomisation en posant son regard sur la question et des mots sur son regard. En s’aidant aussi, de celles et ceux qui, en littérature comme en sciences sociales, ont tenté avant lui de redonner une voix à celles et ceux qui n’en ont plus qu’un filet.

Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple , Didier Eribon, Flammarion, 9,5€, mars 2025,

Arlington Park

Arlington Park

Dans ce roman, initialement traduit en 2006, la condition des femmes ne semble rien avoir à envier à celle des personnes que l’âge aura amené à la dépendance. Juliet est une femme d’Arlington Park. Elle est enseignante. Benedict son mari aussi mais lui est admirable, tandis qu’elle se contente de parer au quotidien. C’est un roman qui bruisse de la douleur qui habite le cœur des femmes et de la violence qu’ornent les haies ordonnées et les menuiseries toujours fraîchement repeintes des zones pavillonnaires. À Arlington Park c’est l’environnement qui semble prendre vie et les personnes devenir atmosphériques. Où la cruauté rassérène quand elle réveille de la plus terrible des torpeurs.

“Tous les hommes sont des assassins, pensa Juliet. Tous. Ils assassinent des femmes. Ils prennent une femme et, petit à petit, ils l’assassinent.”

Arlington Park , Rachel Cusk, Folio, 9.5€, avril 2025.

Poèmes d’espoir

Poèmes d’espoir

Ce recueil, au sous-titre puissant 33 poèmes de Gaza, de la Palestine, de l’espoir, de la paix et de la vie sous les bombes, a été écrit entre octobre 2023 et novembre 2024, dans des conditions terribles pour l’auteur et sa famille, décimée par l’abominable guerre génocidaire.

Son précédent livre, Chroniques sous les bombes à Gaza , Ziad Medoukh, directeur du département de français de l’université gazaouie Al-Aqsa, militant de la paix et de la non-violence, l’avait écrit en 2021, au cours de la quatrième offensive israélienne contre la bande de Gaza.

Ainsi s’est construite son œuvre, treize livres depuis 2009, alternance de récits et poèmes, pour dénoncer l’horreur vécue par les Palestinien·nes, saluer leur résistance, leur amour de la vie et de leur terre. Les lire c’est ressentir l’injustice et la violence mais aussi la force de s’émerveiller, le courage, l’humanité de celui qui œuvre avec constance pour l’éducation, et pour faire aimer la langue française.

Un extrait de l’avant dernier poème : Gaza aime la vie, les Palestiniens adorent la vie

Les Palestiniens de Gaza laissés à leur sort par un monde officiel complice montrent une volonté remarquable, une patience extraordinaire et une détermination sans faille.

Oui les Palestiniens aiment beaucoup la vie

Ils aiment la vie à Gaza, cette mère de lutte

Et Gaza la ville vivante ne meurt jamais

Elle restera toujours debout

Cette ville courageuse qui aime tant la vie

Elle mérite la liberté, la paix et la vie

Gaza résiste, persiste et vit !

Le poème suivant, qui clôt le recueil, s’intitule : Quand l’espoir devient luxe à Gaza .

C’est un texte bouleversant, le titre est explicite, le désespoir ne peut plus être maintenu à distance, ou pour si peu de temps encore, et pourtant demeure une conviction : celui qui résiste ne peut pas perdre…

Nous devons tout faire pour stopper enfin ce génocide, avec “les solidaires”, ainsi que Ziad tient à nommer les soutiens de la Palestine et des Palestinien·nes.

L’édition rapide de ce livre a été rendue possible grâce à la mobilisation des militant·es suisses du Collectif Action Palestine Neufchâtel.

Poèmes d’espoir à Gaza la dévastée , Ziad Medoukh, Édition de Rochefort, 15€, 2024.