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Santé au travail et luttes de classes

Santé au travail et luttes de classes

Le contrôle de la santé et de la sécurité des conditions de travail est un enjeu depuis le XIXe siècle. Des règles avaient progressé, inséparables du développement de l’implantation de délégué·es du personnel. La loi de 2016 y porte un coup très grave. Le livre nous offre un tableau des principaux risques : souffrances psychiques, troubles musculosquelettiques (TMS), progression du travail de nuit, cancers, perturbateurs endocriniens, pollutions… Montrant les mensonges et les dissimulations de rapports officiels, l’auteur se soucie des “beaux outils à réparer” : inspection du travail, médecine du travail, comités hygiène sécurité et conditions de travail (CHSCT) et, bien sûr Sécurité sociale. Après les accidents industriels d’AZF et de Lubrizol, il présente les possibilités et les nécessités d’un combat commun entre organisations syndicales et associations de riverains.

Santé au travail et luttes de classes , Philippe Saunier, éditions Syllepse, mars 2023, 220 p., 12 €.

Guadeloupe Mai 67

Guadeloupe Mai 67

En mai 1967 en Guadeloupe, un mouvement de grève est réprimé dans le sang par les forces de l’ordre françaises. Elles ouvrent le feu sur la foule en ciblant des militant·es du mouvement anticolonialiste et syndicaliste. Le préfet de Guadeloupe alors en poste est Pierre Bolotte, ancien haut fonctionnaire en Algérie, futur préfet de Seine-Saint-Denis où il créera la BAC. Ce livre revient sur le déroulement des journées de mai et plus largement sur le contexte des années 1950 et 1960 aux Antilles et en Guyane ; sur les mouvements sociaux, indépendantistes et révolutionnaires et la répression sans précédent dont ils ont fait l’objet. Aux massacres d’État et crimes républicains qui égrènent ces décennies se substituent progressivement des politiques migratoires, sociales et économiques discriminatoires, qui constituent le terreau des luttes présentes.

Guadeloupe Mai 67, Massacrer et laisser mourir , Elsa Dorlin, Jean-Pierre Sainton, Mathieu Rigouste, éditions Libertalia, avril 2023, 160 p., 10 €.

Oranges amères

Oranges amères

Le destin des migrant·es africain·es qui perdent la vie en tentant de gagner l’Europe à bord d’embarcations qui chavirent est tragique. Mais le sort qui attend celles et ceux qui parviennent sur les côtes est terrible comme le montre ce livre, issu d’une longue enquête menée à Rosarno en Calabre et sur l’île de Lampedusa. Dans l’attente d’une hypothétique régularisation, dans l’espoir que leur statut de réfugié·e soit reconnu, ils/elles n’ont d’autres choix que de cueillir des oranges, exploité·es, mal payé·es et mal logé·es dans des camps de fortune. Bloqué·es là, pendant des années, sans droits et sans papiers, à la merci d’employeurs sans scrupules et des réseaux mafieux, alors que les autorités ferment les yeux. L’Union européenne libérale ne peut l’ignorer : elle a créé, à ses frontières, les conditions d’un véritable esclavage contemporain.

Oranges amères, un nouveau visage de l’esclavage en Europe, Gilles Reckinger, éditions Raisons d’agir, avril 2023, 176 p., 12 €.

L’écoféminisme

L’écoféminisme

Écoféminisme : le mot, assez récent en France, suscite désormais grand intérêt mais est aussi objet de critiques tant du côté de certains écologistes qui ne voient pas pourquoi les femmes seraient plus portées à s’occuper d’une écologie qui est l’affaire de tout·es que de certaines féministes qui s’inquiètent de l’amalgame femmes-nature, et du risque d’essentialisme qu’il comporte. Partout dans le monde où se rencontrent luttes écologiques et luttes des femmes, on peut parler d’écoféminisme. Ces mouvements sont très divers mais ils répondent à la double oppression qui frappe les femmes et la nature. Faire d’une association positive des femmes à la nature un objet de revendication et de lutte politique est au cœur de toutes les formes d’écoféminisme.

L’écoféminisme , Catherine Larrère, éditions La Découverte, avril 2023, 128 p., 11 €.