Il est un fléau qui se déploie en cachette, sans jamais être désigné comme tel, position politique aussi épouvantable que répandue, jamais dénoncée, la théocratie, le gouvernement au nom de Dieu.
Nécessairement, ses tenants et tenantes ne peuvent être qu’absolutistes puisque Dieu en personne guide leurs convictions et leurs actions. Les opposants et opposantes qui refusent la vérité divine peuvent alors être légitimement soumis et soumises aux pires exactions.
Qui sont-ils ? Qui sont-elles ?
À une période de montée de la laïcité après la défaite nazie, a succédé une vague contraire. Les gouvernements qui cherchent leur légitimité dans la religion se sont multipliés chacun se renforçant l’un l’autre, Arabie Saoudite, Pakistan, Israël… D’autres s’y sont adjoint comme l’Iran. Pensons aux révolution coloniales, toutes laïques, dont les révoltes étaient pourtant déjà dénoncées comme “terroristes”. Ensuite, sur leurs relatifs échecs, des “fondamentalistes” de tout bord se sont organisés çà et là en partis politiques, en officines, voire en milices armées. Enfin, Dieu est de plus en plus invoqué par les gouvernements comme aux USA pour justifier décisions, agressions et crimes. Qui pourrait oser s’opposer à Dieu ?
Pourquoi la théocratie n’est-elle pas dénoncée ?
Chaque bord protège ses propres théocraties. Ensuite, Dieu peut toujours servir (Staline rouvrait les églises lors que la guerre contre les Nazis, Giscard recevait le Pape et je ne parle pas de Macron qui, en avril 2018, allait devant la Conférence des évêques de France dire devoir “réparer le lien entre l’Église et l’État”…). En conséquence, il est des situations qu’il vaut mieux occulter et pour cela, il suffit de ne pas les désigner. Les conseillers et conseillères en communication savent faire, c’est leur métier.
Chaque Dieu a ses “théocrates”, chacun convaincu de sa vérité. Il est dit qu’il y a aussi des alliances entre religions différentes au nom de la Bible, comme celle entre des sionistes et des évangélistes américains et américaines, nous dit-on, et ces singulières coalitions politiques se font évidemment au nom de Dieu.
D’autant que les régimes laïques – ce qui ne veut pas dire qu’ils soient ragoutants – sont combattus avec la dernière énergie. Que reprochait-on à Saddam Hussein, sa dictature, l’utilisation de son pétrole, sa récupération d’une province de l’Irak ou ses positions laïques qui lui permettaient d’avoir un chrétien comme premier ministre ?
La solution ? La laïcité, la vraie !
Tant que le mal ne sera pas désigné, il ne pourra que prospérer. La séparation entre le politique et le privé dans laquelle peuvent se déployer les religions, leurs convictions et leurs pratiques est pourtant défini depuis longtemps. Elle a un nom, la laïcité. Mais pour certains, ce terme ne renvoient pas à des règles politiques mais au contraire, il sert à stigmatiser la religion musulmane, pourtant si diverse et si hétéroclite.
Mais la Reine d’Angleterre est chef de l’église anglicane, les Présidents américains jurent sur la Bible. Ces archaïsmes – aussi fictifs soient-ils – rendent plus difficile la condamnation de la théocratie ailleurs. Surtout cela donne l’image de relations dissymétriques entre les diverses religions. Enfin, la théocratie peut en proposer un récit qui donne une cohérence discursive aux mépris, souffrances, oppressions, agressions et injustices subies en raison de la colonisation.
Le combat contre la théocratie commence par sa désignation.
Bernard Traimond