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Cri de colère

La gestion de la pandémie de Covid-19 dans l’Éducation nationale pèse lourdement sur les lycéen·nes. Elle vient s’ajouter aux réformes Blanquer du lycée, du Bac et de Parcoursup, et en souligne les effets destructeurs. Nous publions ici le témoignage d’une parente d’élèves de Charente-Maritime.

Je suis parente d’élèves et je souhaite témoigner des difficultés qu’engendre cette période troublée de COVID-19.

Voilà presque un an que nos jeunes naviguent entre pas de cours et cours en alternance donc en distanciel. Dans notre cas, je ne parlerais pas de cours car il s’agit seulement de travail donné via PRONOTE.

Des jeunes livré·es à eux/elles-mêmes

Pas de visio conférence et donc pas de rendez-vous régulier avec le/la professeur·e – passeur de savoirs. C’est aux enfants, pardon aux jeunes gens d’être responsables de leur progression.

À 17 ans, 18 ans pardon de le dire, les parents peuvent donner des impulsions mais en aucun cas ils/elles ne peuvent jouer le rôle de précepteur·trice puisque justement c’est d’eux/elles que les jeunes cherchent à se séparer. Alors je m’interroge : ces jeunes – dont certain·es ont une maturité certaine – mais dont d’autres au contraire, les plus nombreux/ nombreuses, sont en train d’en découdre d’avec le cadre quel qu’il soit, sont en pleine exploration des possibles et des interdits, ont un manque absolu de confiance en eux/elles puisqu’ils/elles ne savent plus très bien s’ils/elles sont enfants ou adultes; ces jeunes qui ont tant besoin d’étayage extérieur à leur famille, sont-ils/elles vraiment en capacité d’apprendre seul·es?

Nous avons laissé passer une réforme du lycée mortifère qui tend à engendrer un stress extrême chez les jeunes, qui rogne les savoirs communs au profit d’orientation soit-disant professionnelle. Qui engendre un système d’évaluations répétées, continues et n’a que faire des acquisitions fermes et sur le long terme.

Une réforme mortifère

Aujourd’hui, ce fameux distanciel mis en place à l’occasion de cette tragique épidémie, a confirmé la volonté ministérielle d’installer un BACCALAURÉAT en contrôle continu. Alors quand enfin les jeunes peuvent se rendre au lycée, ce n’est pas pour recevoir des cours mais pour être ÉVALUÉ·ES ! Mais oui, c’est cela qui compte… l’évaluation : être bon ou ne l’être pas à l’instant T telle est la vraie question. Est-ce que je corresponds à ce qu’on attend de moi ? Pour être clair, c’est l’enjeu d’aujourd’hui. Du court terme et rien que du court terme. Des jeunes intelligent·es et réfléchi·es, on n’en veut pas. Ce qu’on veut c’est des jeunes prêt·es à répondre aux demandes du marché.

Sommes-nous sérieux/sérieuses ? Allons-nous continuer à accepter cette forme de contrôle ?

Allons-nous accepter de voir nos jeunes déjà dégoûté·es de la vie, des envies, des projets ? Des jeunes aux aspirations courtes ?

Je viens de me connecter au salon de l’artisanat. Mais de qui se moque-t-on ? Des fiches brèves. Quatre secteurs présentés “qui recrutent” quatre métiers par secteur. Mais stop ! Arrêtons ces raccourcis. Mais quelle bêtise ! Mais quelle horreur que ce monde qui ne se projette plus et prive ses jeunes de désirs ! Ceci est un cri d’alerte d’une maman épuisée et révoltée par ce qu’elle voit, impuissante, se profiler. Épuisée de voir ses enfants si beaux/belles, si rêveur·euses et inventif·ves, perdre peu à peu le goût des choses et surtout l’envie.

En tant que parente d’élèves je remercie les enseignant·es qui se sont mobilisé·es pour alerter sur les méfaits de la réforme Blanquer – la pire que nous ayons vue ! Je les remercie encore d’essayer de jouer le jeu, malgré le peu de manœuvre qu’ils/elles ont, de ce distanciel. Mais je voudrais que ce corps enseignant si mobilisé et que les parents et fédérations de parents prennent conscience de la désespérance engendrée par la situation et se mobilisent ENSEMBLE pour arrêter ce massacre.

Ce n’est pas parce qu’ils/elles ont l’information à portée de CLIC que les jeunes grandissent plus vite.

Corinne BV