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Annulation des épreuves du bac

Depuis le 3 mai, malgré le stress des examens et le décrochage scolaire, les lycéen·nes sont mobilisé·es pour l’annulation des épreuves du bac.

Nous ne sommes pas prêt·es à passer des épreuves car avec le programme surchargé de la nouvelle réforme et les cours en distanciel (qui durent depuis deux ans) nous n’avons pas étudié tout le programme, et avons du mal à travailler dans ces conditions.

Toutes les filières (générale, professionnelle, technologique, également les BTS) revendiquent de ne pas passer les épreuves telles qu’elles doivent se dérouler. Surtout que tous les lycées n’ont pas fonctionné de la même façon, certain·es élèves ont donc eu cours en semi distanciel, d’autres en total présentiel etc. ce qui accentue davantage les inégalités car des élèves ont eu plus de cours en présentiel que d’autres.

Ensuite, tou·tes les élèves n’ont pas les mêmes conditions matérielles pour étudier, c’est-à-dire que selon notre milieu social on va être plus ou moins favorisé·e dans notre apprentissage. En effet les élèves des lycées professionnels qui sont souvent exclu·es et isolé·es du centre-ville, n’ont pas forcément d’ordinateur, de bureau personnel, d’imprimante, de connexion, etc. ou alors il y a un ordinateur pour toute la famille. De plus ces lycéen·nes vont davantage devoir s’occuper de petit·es frères et sœurs ; après tout le monde n’a pas ses parents pour l’aider chez soi à étudier et tou·tes ne peuvent pas se permettre, pour compenser les failles de l’enseignement à distance et le décrochage, de se payer des cours particuliers. Ces conditions d’études ont forcément un impact sur notre manière d’étudier et donc nos notes tout au long de l’année.

Un nouveau bac injuste et inégalitaire

Tout cela ne fait que montrer, de manière plus claire, l’absurdité de la réforme Blanquer, pour laquelle le contrôle continu vaut désormais 40 % de la note finale du bac. Ce nouveau bac est injuste et inégalitaire.

Les syndicats lycéens et de professeur·es alertaient dès le mois d’octobre sur les risques de ne pas prendre de mesures (allègement des programmes, aménagements des épreuves, etc.) pour faire face à cette situation exceptionnelle, or encore une fois le ministère de l’éducation n’a pas écouté et nous nous retrouvons dans une situation avec des élèves et professeur·es qui ne sont pas prêt·es. Face à cela les élèves réclament majoritairement le remplacement des épreuves par le contrôle continu, d’autres proposent une validation du bac sous certaines conditions. En tous cas tou·tes sont d’accord sur le fait que de passer les épreuves est chose très complexe.

Pour un souci d’égalité il est donc important que les épreuves surtout celles du grand oral pour les terminales générales et technologiques, de français pour les premières technologiques et générales et que les CCF pour les lycéen·nes pro n’aient pas lieu.

Revendications

L’épreuve de français pour les premières, comme celle de philo pour les terminales, doit aussi être annulée !

En français, nous serons évalué·es sur 14 textes, que nous sommes censé·es avoir vus, étudiés en cours. Pour l’épreuve écrite nous devons savoir faire un commentaire de texte et une dissertation et pour l’épreuve orale ???

Or, avec les cours en distanciel, face auxquels tout le monde n’est pas à égalité, nous n’avons pas vu tous les textes et toutes les notions essentielles (méthodologie de dissertation, commentaire et entraînement oral) pour passer l’épreuve.

En philosophie, c’est une année chaotique nous n’avons pas pu étudier le programme correctement et plusieurs notions ont été bâclées, notamment celles pendant le premier confinement. Rappelons-le, même si l’année dernière les terminales avaient le français en distanciel, les méthodes qu’on aurait dû voir sont tout aussi essentielles en philosophie. Nous n’avons pas pu nous entraîner sur ces épreuves de rédaction, de dissertation.

Le grand oral doit être simplement annulé !

C’est une épreuve (qui compte pour 10 % de la note finale du bac) pour laquelle nous sommes évalué·es sur des notions de première et terminale. Or nous commençons à nous y préparer depuis seulement au mieux un mois et demi au pire trois semaines. Les professeur·es font de leur mieux, prennent sur leur temps d’heures de cours mais ça n’est pas suffisant. Il n’y a pas d’heures banalisées nationalement pour nous y entraîner ; pareil pour les bacs blancs oraux, cela reste très local. Dans un lycée trois classes de spécialités auront passé un oral blanc tandis que tous les autres élèves n’ont par exemple rien passé. On ne peut pas nous évaluer, à l’oral, sur des notions de première de nos spécialités que nous n’avons pas vues lors du premier confinement de mars 2020, ni sur des notions que nous n’avons pas pu bien travailler durant cette année scolaire car même si de fait avec les demi-groupes nous étudions mieux en cours, avec un·e professeur·e qui peut faire plus de cas par cas, la semaine où l’on se retrouve en total distanciel à la maison est quant à elle chaotique pour certain·es élèves (car il n’y a pas de réel suivi durant cette semaine de distanciel et c’est au gouvernement de donner les moyens numériques à tou·tes de suivre les cours). Un oral ne se prépare pas à distance, de plus cela fait trois années que les terminales (génération 2003) n’ont pas eu d’épreuve orale, la dernière datant du brevet ! Et nous devrions être évalué·es à l’oral sans réelle préparation !

Ensuite les professeur·es ont reçu les modalités de l’épreuve du grand oral il y a seulement un à deux mois et donc jusque-là nous ne connaissions pas les attentes de ces épreuves (contenu qui sélectionne selon notre éloquence, inégalités en fonction de l’origine sociale, accent, niveau de français etc.).

Le ministre de l’éducation, sous la pression des blocus et de la mobilisation, a fait quelques concessions. Concessions qui sont mieux que rien, mais qui n’en demeurent pas moins insuffisantes et ou insignifiantes. Désormais pour l’épreuve de philosophie ce qui comptera pour notre bac sera la meilleure note entre celle obtenue à l’épreuve ou celle du contrôle continu dans cette discipline. Si même Blanquer estime que l’épreuve de philosophie sans aménagement n’est pas tenable au vu de toutes les notions du programme qui n’ont pas été vues, etc., pourquoi ne tient-il pas le même raisonnement pour le grand oral !

Nous avons besoin d’une mobilisation forte des élèves et personnels de l’éducation, ensemble. Les directions syndicales ont leur rôle à jouer, en soutenant les collectifs auto-organisés, en mettant en place des caisses de grève et en construisant la mobilisation… mieux vaut tard que jamais !

Carla et Gwénolé, UNL 06 et 77