Suite à un deuil, Annabel Abbs ne dort plus. Éprouvant combien l’interruption du sommeil fait d’elle une autre personne, elle met à profit le temps pris au repos pour se pencher sur la psyché singulière propre à l’insomnie. Le récit introspectif se fait enquête, qui va chercher du côté des scientifiques les spécificités du cerveau nocturne ou fatigué, et dans l’œuvre même d’écrivaines et artistes noctambules les effets de l’insomnie sur la création. Insomnie ici vécue comme un espace, qui offre à celles qui ne dorment pas quelque chose comme une chambre à soi, où s’aguerrissent un rapport à la solitude, à la pensée, au silence, à l’obscurité, à la peur, au corps et au paysage. Au corps comme paysage.
Méfiez-vous des femmes insomniaques , Annabel Abbs, Arthaud, septembre 2024, 368 p., 21,5€.