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Ville sous surveillance

Ville sous surveillance

Thomas Jusquiame retrace la longue histoire du contrôle de l’espace public. On remonte bien sûr à Haussmann qui le premier aura dessiné la ville à des fins contre-insurrectionnelles. Aujourd’hui c’est le concept de prévention situationnelle qui opère un maillage, aussi fin qu’invisible à l’œil citadin pressé, de mobilier urbain destiné à défendre le cours normal des choses. Cette doctrine urbanistique qui vise à faire des contours des villes un outil de prévention de la délinquance s’appuie sur la vidéosurveillance, devenue sous Sarkozy “vidéoprotection”. L’auteur, journaliste et ancien informaticien, se fait embaucher par une entreprise de vidéosurveillance algorithmique, secteur qui sous couvert d’analyse des flux vend des solutions de prédiction des comportements déviants. Parmi lesquels, se réunir, s’agréger, lutter.

Circulez, la ville sous surveillance , Thomas Jusquiame, Marchialy, avril 2024, 256 p., 20€.

L’amour et la révolution

L’amour et la révolution

Johanna Silva a été compagne de route de François Ruffin. Compagne de route et compagne tout court. Elle ausculte dans ce livre les dynamiques qui nous amènent en tant que femmes à endosser des rôles de gestion aussi chronophages que dévalorisés, et à s’y cantonner. Elle dissèque aussi comme l’amour est parfois le nom donné à un espoir d’adoucir les angles de la hiérarchie. Elle met enfin au jour une évidence jamais formulée qui traverse tous les milieux ou presque, ça n’est qu’au prix d’être d’un homme le corollaire que nombre d’entre nous accèdent à l’atmosphère grisante de l’œil du cyclone. On revit avec elle une rencontre qui la sort du désenchantement de l’entrée de l’âge adulte, Nuit debout et son ébullition, les législatives de 2017 et l’année qui suit. Avec un horizon, c’est dans la lutte que les petites mains se cousent leurs propres galons.

L’amour et la révolution , Johanna Silva, Textuel, mars 2024, 288 p., 21,5€.

Femmes insomniaques

Femmes insomniaques

Suite à un deuil, Annabel Abbs ne dort plus. Éprouvant combien l’interruption du sommeil fait d’elle une autre personne, elle met à profit le temps pris au repos pour se pencher sur la psyché singulière propre à l’insomnie. Le récit introspectif se fait enquête, qui va chercher du côté des scientifiques les spécificités du cerveau nocturne ou fatigué, et dans l’œuvre même d’écrivaines et artistes noctambules les effets de l’insomnie sur la création. Insomnie ici vécue comme un espace, qui offre à celles qui ne dorment pas quelque chose comme une chambre à soi, où s’aguerrissent un rapport à la solitude, à la pensée, au silence, à l’obscurité, à la peur, au corps et au paysage. Au corps comme paysage.

Méfiez-vous des femmes insomniaques , Annabel Abbs, Arthaud, septembre 2024, 368 p., 21,5€.

Pour Britney

Pour Britney

Louise Chennevière a aimé Britney, comme des millions de petites filles l’ont aimée. Louise Chennevière a été Britney, parce qu’on n’échappe pas à ce que naître femme veut dire. Louise Chennevière s’est moquée de Britney comme on se moque de celui qui est mis au ban du groupe, parce qu’il faut bien des marges pour enclore. Le moqué étant nous toutes et le groupe le monde entier. Pour faire parler Britney, image entre toutes les images, Louise Chennevière convoque Nelly Arcan, et avec elle comme on meurt de n’être que femme. Louise Chennevière fait tout ça et elle le fait dans une langue qui décale syntaxe et virgules comme elle aimerait voir nos regards se décentrer. Il n’est pas impossible que vous pleuriez, de désespoir et de beauté.

Pour Britney , Louise Chennevière, P.O.L., septembre 2024, 144p., 15€.