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Chronique des sexismes

PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

 Commentaires sportifs et/ou sexistes

Journaliste britannique d’Eurosport, Bob Ballard a eu ce commentaire édifiant à l’issue de la victoire des Australiennes sur le 4 fois 100 m 4 nages des Jeux Olympiques. “Les femmes viennent de finir, vous savez comment sont les femmes… Elles traînent, elles se maquillent”. Pour une fois, la sanction n’a pas traîné : il a été exclu.

Pierre

Disparition

Claire Auzias, décédée le 6 août dernier, a été incinérée le 19 août, au cimetière du Père Lachaise.

Ses cendres seront dispersées dans une quinzaine de jours et un hommage lui sera rendu le 19 octobre à Paris à l’EDMP.

Je perds une amie chaleureuse, d’une lucidité extrême ; nous perdons une historienne rigoureuse et engagée, passionnée par tou·tes les exclu·es, depuis les dames ovalistes de Lyon, dans les années 1800, jusqu’aux Roms (en particulier ceux et celles de Fontenay) et autres “tricards” des dernières décennies. Elle était venue à la semaine d’Avignon pour intervenir sur les féminismes et le monde ouvrier.

C’était toujours un bonheur de la rencontrer et de l’écouter. Sa voix va nous manquer…

Sororellement triste.

Éliane

JO de Paris : des avancées pour l’égalité hommes-femmes ?

Le CIO affiche sa volonté en faveur de l’égalité hommes femmes. Mais de quelle “avancée” s’agit-il ?

La compétition sportive permet-elle de faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est-à-dire une égalité en tant que personne, en tant qu’être humain ?

Le ravalement du corps humain au rang de chose, la réification des corps à tous les niveaux par l’utilisation d’appareils de mesures et de contrôle strict des corps s’applique plus encore aux corps féminins. Ainsi, sépare-t-on poussins et benjamins, minimes et cadettes, juniors et seniors, valides et invalides, moins de 50 kg et moins de 53 kg (aux JO, la lutte féminine compte six catégories de poids), moins de 10 nmol de testostérone et plus de 10 nmol, etc. On assiste à une multiplication des tests de plus en plus intrusifs : tests génétiques, tests hormonaux, tests articulaires, musculaires, de dopage… Cette catégorisation des corps est censée offrir les conditions de l’affrontement dans l’égalité.

La polémique qui a éclaté à propos du physique androgyne de la boxeuse algérienne Imane Khelif, remettant en cause sa légitimité à concourir en catégorie féminine est illustrative de la classification des corps imposée par la compétition. La lutteuse indienne Vinesh Phogat a été disqualifiée avant la finale de la lutte (moins de 50 kg) pour un surpoids de 100 gr ; le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté son appel…

“L’égale possibilité, l’égal droit à la jouissance de son corps n’échouent-ils pas dès lors que l’on prétend annuler le rapport de domination homme/femme en sportivisant, stadifiant, olympisant le corps féminin de même que tout corps ? Les souffrances quotidiennes, physiques et parfois morales, l’éloignement des proches, les blessures, les interdictions multiples, l’isolement social et culturel, la soumission perpétuelle aux incantations des entraîneurs, autant de réalités qui devraient permettre de relativiser les discours sur l’émancipation politique des championnes. Bien évidemment, il n’en est rien. Alors, s’agit-il d’émancipation politique des femmes ou d’esthétisation sportivo-olympique de la situation des femmes des pays représentés ?” (Ivan Bizet et Nicolas Oblin, La femme et l’olympisme ou le fantasme de l’émancipation politique par le sport).

La compétition sportive induit la recherche permanente du “dépassement de soi” afin de battre des records, et pour cela une lutte contre soi (son propre corps) et contre les autres (les concurrents, les adversaires…). Alors s’agit-il d’émancipation ou d’aliénation ?

À méditer.

Hélène