Cela ne ralentit en rien le rouleau compresseur colonial. Tous les jours, des jeunes Palestinien·nes sont assassiné·es. Des pogroms ont lieu. Les colons et l’armée attaquent les civil·es, détruisent les récoltes, les puits, les écoles, les réservoirs d’eau. Comme d’habitude, la “communauté internationale” feint de n’avoir rien vu. L’attaque contre le camp de Jénine qui rappelle les pires moments de la deuxième Intifada a montré aux Palestinien·nes qu’ils/elles étaient bien seul·es, leur pseudo “Autorité” passant son temps à arrêter les résistant·es.
Les contradictions dans la société israélienne sont nombreuses : religieux contre laïques, Ashkénazes contre Séfarades et Juifs orientaux, Russes contre tous les autres. Tout ceci n’explosait pas à cause de la peur entretenue, de la guerre sans fin et du consensus colonial.
Cette foi, cela explose et c’est sans doute une fracture définitive. Il y a une bourgeoisie au pouvoir qui produit peu et qui vit de la rente coloniale et du pillage sans limite de la Cisjordanie. Elle a fait voter les lois qui réduisent les pouvoirs de la Cour Suprême et assurent l’impunité de Nétanyahou. Elle assume ouvertement l’apartheid et veut annexer la Cisjordanie.
Face à elle, il y a la bourgeoisie européanisée, celle qui a fondé le pays et son armée. Elle a commis autant de crimes contre la Palestine que ses ennemis. Mais elle n’admet pas ce qui est à l’œuvre. Les suprémacistes s’en prennent aux “Juif·ves déloyaux”, aux femmes, aux gays… Ils provoquent un exode massif vers l’Europe ou les États-Unis et une fuite des capitaux, menaçant la prospérité de start-up technologique du pays. Ils rendent plus difficiles la défense et la promotion d’un pays à cause d’un apartheid de plus en plus évident. Ils mettent en danger les “accords d’Abraham” avec les féodaux du Golfe.
Les anticolonialistes israélien·nes et les Palestinien·nes ont-ils/elles leur place dans ces manifestations conduites, drapeaux au vent, par des généraux criminels ? Les avis sont partagés. On peut penser que ce conflit interne à une société coloniale ne les concerne pas. En même temps, il y a maintenant des petits cortèges anti-occupation et des drapeaux palestiniens dans ces manifestations où l’on arrive à parler d’apartheid.
Les manifestations ont partiellement réussi. Le président Macky Sall a renoncé à briguer un troisième mandat. Mais il n’a renoncé, ni à réprimer les manifestations, ni à emprisonner ses opposants. Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison.